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Énergie, biodiversité, mobilités : la coopération franco-italienne grimpe d'un cran

Au pied des Alpes, les deux régions limitrophes Auvergne-Rhône-Alpes et Piémont accélèrent leurs partages d'expériences en matière d'environnement et de mobilité. Une convention de coopération renforcée vient d'être signée, le 24 septembre, par leurs présidents respectifs Laurent Wauquiez et Alberto Cirio.

Associées dans divers accords bilatéraux ou multilatéraux pour la protection de l’environnement, la France et l’Italie se forgent un destin commun en coopérant sur des projets d'ampleur et de plus en plus opérationnels. L'entente est parfois discrète et relève du partage d'expériences sur des enjeux ciblés comme la rénovation énergétique des bâtiments publics (voir cette conférence organisée à Lyon en juin dernier). Un enjeu au coeur de l'actualité à l'heure où, côté français, une enveloppe d'un milliard d’euros a été annoncée cet été par le Premier ministre pour rénover plus particulièrement les bâtiments éducatifs. Un groupe de travail ministériel présentera d'ailleurs à la fin de l'année ses conclusions en vue d'aider les collectivités à massifier les travaux dans ce domaine où les freins sont nombreux. 

Les collectivités franco-italiennes coopèrent aussi sur des projets de protection de la biodiversité alpine. Dans les deux cas - la nature comme le bâti - la dynamique Interreg joue plein pot. Près d'une trentaine de bénéficiaires sont ainsi dans la boucle du projet Biodiv-ALP financé à 85% (sur près de 9 millions d'euros) par le programme Interreg Alcotra (Alpes Latines COopération TRAnsfrontalière), et dont Localtis vous a dévoilé la teneur le 6 juin dernier. Cinq régions dont l'Auvergne-Rhône-Alpes et le Piémont participent à Biodiv-ALP durant quatre ans (2019-2023). L'arc alpin fourmille également d'initiatives associant des communes à l'instar des projets speciAlps et UrbaBio. Si les deux régions limitrophes travaillent donc déjà ensemble, elles s'engagent, à travers la convention sus-citée, à poursuivre ces efforts visant à "faire des Alpes un modèle de montagne verte et écologique". 

Double présidence française : une opportunité pour la biodiversité alpine

Il faudra pour cela s'appuyer sur un autre dispositif, le cadre de travail commun échafaudé depuis quatre ans grâce la stratégie macrorégionale de l'UE pour la région alpine (Suera). Cette stratégie part du constat que les défis rencontrés "transcendent les frontières politico-administratives". Elle met, entre autres, l'accent sur l'importance des corridors et continuités écologiques dans cette région abritant 30.000 espèces animales et 13.000 espèces végétales. En février prochain, la France prendra la présidence de la Suera. Une opportunité unique, souligne la région Auvergne-Rhône-Alpes, "pour engager des actions fortes et concrètes". D'autant que la France préside en parallèle depuis avril dernier la Convention alpine : des synergies entre les deux dispositifs sont donc attendues. Avec l'eau et la qualité de l'air, la biodiversité figure au rang des priorités de la présidence française de la convention alpine, avec en vue un événement sur la biodiversité de montagne annoncé en marge du congrès UICN en juin 2020 à Marseille. Pour alimenter la présidence française de la Suera, des propositions d'actions sont remontées du terrain sous la houlette de l'ONG Cipra France, qui vient de les remettre au CGET aux régions. Il est suggéré de renforcer la visibilité de cette stratégie macro-régionale auprès du grand public et de "créer une journée de la transition énergétique et écologique alpine pour valoriser les initiatives participatives". L'association plus étroite des collectivités à la mise en œuvre de la Suera serait aussi souhaitable.

La coopération voit le bout du tunnel

Tunnels routiers du Mont-Blanc, liaison ferroviaire Lyon-Turin qui prend corps, le match franco-italien se joue pour finir sur le terrain des infrastructures de transports. Dans cette convention de coopération, les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Piémont s’entendent ainsi pour "défendre au niveau local, national et européen, ce chantier du Lyon-Turin et le mener à son terme". Et elles nourrissent des ambitions communes en faveur de la mobilité hydrogène. Côté français, le grand projet Zero Emission Valley (ZEV), aux côtés de partenaires publics et privés et avec un cofinancement européen, prévoit le déploiement d’un millier de véhicules roulant à l’hydrogène dans la région et la mise en place de 20 stations de distribution a minima. Une première station a été mise en service début septembre à Clermont-Ferrand, une seconde est attendue à Chambéry et un premier train d’aide à l’achat de véhicules vient d'être acté pour le département de la Savoie. "De son côté, le Piémont dispose du deuxième site de R&D le plus important d’Italie (...) et amorce des projets de production d’hydrogène vert issue de biomasse", pointe la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les deux ont convenu de "prolonger ZEV en Piémont et d'oeuvrer ensemble pour comparer les meilleures solutions de production, de stockage et de conversion de l’hydrogène vert".