En vue du sommet mondial de l'IA, le Cese définit un cadre d'acceptabilité
À un mois du sommet mondial de l'IA voulu par le président de la République, le Conseil économique et social environnemental (Cese) vient de publier un avis pour définir "le cadre d'acceptabilité" de l'IA. Il est complété d'une analyse des effets de l'IA sur le travail.
Dans son discours de politique générale, le Premier ministre, François Bayrou, a estimé que l'IA représentait un "changement d'être pour notre humanité". Il a annoncé une troisième phase pour la stratégie nationale sur l'IA qui concernera "l'action publique, les infrastructures, l'industrie, la formation et la recherche". Cette stratégie sera dévoilée lors du sommet mondial pour l'action sur l'IA qui se déroulera les 10 et 11 février 2025 à Paris. Ce sommet, troisième du genre, après ceux organisés en Corée du sud (2024) et au Royaume-Uni (2023), est axé sur "l'IA inclusive, éthique et sobre" comme l'a rappelé la ministre du Numérique, Clara Chappaz, à l'issue du dernier conseil des ministres. L'ambition du gouvernement est de faire émerger des "communs de l'IA" et d'orienter ses usages vers "une voie plus soutenable". Ces débats devraient déboucher sur des engagements communs. Déclarations qui promettent d'être âprement discutées au vu de la récente salve de critiques, principalement en provenance des États-Unis, sur l'excès de régulation de la tech dont est accusée l'Union européenne. Ce sommet fait l'objet d'une intense préparation pour nourrir les débats avec plus de 700 organisations mobilisées.
Le Cese publie une contribution sur l'IA au service de l'intérêt général
Après avoir planché sur les impacts environnementaux de l'IA (avis daté de septembre 2024), le Cese vient ainsi de publier un avis sur "l'IA au service de l'intérêt général" adopté le 14 janvier. Le Cese insiste sur la nécessité d'une IA utile, transparente et au service de citoyens éclairés. Parmi les 32 recommandations élaborées avec l'appui de citoyens tirés au sort, plusieurs intéressent les collectivités. Concernant l'IA dans les services publics, il estime que "tout déploiement doit améliorer la qualité des services et les conditions de travail des agents publics, tout en garantissant transparence, redevabilité et explicabilité des systèmes d'IA". Le Cese s'inquiète également des inégalités territoriales, notamment dans le domaine de l'accès aux soins mobilisant des systèmes d'IA avancés. Sur l'impact environnemental, il appelle à mettre en œuvre le référentiel d'IA frugale élaboré par Ecolab et à conditionner l'implantation de centres de données à la réalisation d'études d’impact environnemental et social. On notera aussi la promotion d'une "intégration systématique" des enjeux de l'accessibilité dans les systèmes d'IA, l'IA pouvant contribuer à accroître les inégalités d'accès comme à les réduire.
Un effet "qualitatif" sur le travail à évaluer
En parallèle, le Cese a publié une synthèse des controverses sur les effets de l'IA sur l'emploi. Le Cese souligne la difficulté à évaluer précisément les effets de l'IA sur l'emploi : si certains emplois vont disparaitre (le FMI avance le chiffre de 33%), d'autres vont apparaitre et les deux tiers des emplois, toujours selon le FMI, vont être amenés à évoluer sensiblement. Mais au-delà de la valeur négative ou positive du solde, le Cese s'interroge sur le caractère "qualitatif" de l'évolution, la pression à la productivité pouvant aussi conduire à une dégradation de la santé physique et mentale des travailleurs. Pour ne pas "subir l'IA", le Cese invite à former massivement les travailleurs et incite au dialogue social au sein de chaque organisation pour discuter, entre autres, du "partage de la valeur et des gains" que peut générer l'IA. Le Cese pointe enfin les risques d'inégalités entre les grandes et les petites organisations, le passage à l'IA représentant des investissements conséquents.
Débats dans les territoires
Alors même que la progression des usages de l'IA dans la population est foudroyante - 70% des 18-24 ans utilisent l'IA rappelle le Cese - la vulgarisation des enjeux liés à l'IA s'impose. À l'occasion du sommet, le Cese ouvrira ses portes pour accueillir des citoyens. Le débat public est également au cœur des "cafés IA" initiés par le Conseil national du numérique au printemps 2024. Organisés dans toute la France, les cafés IA prennent place dans des lieux de vie et d'apprentissage (tiers-lieux, écoles, médiathèques, entreprises, associations, mairies) pour rendre l'IA plus accessible et compréhensible par tous. Clara Chappaz était du reste jeudi 16 janvier à Massy (91) pour participer à un café IA organisé dans un tiers-lieu soutenu par l'agglomération de Paris-Saclay.
› Plusieurs événements dans l'événementLe gouvernement a promis un sommet très "inclusif", incluant start-up, chercheurs ainsi que les représentants des leaders mondiaux de l'IA (Open AI, Anthropic, Meta, Google Deep Mind…) en plus des nombreux chefs d'États. Le déroulé du sommet sera le suivant : 6 et 7 février : des journées scientifiques autour de "l'A pour la science et la science pour l'IA " organisées à l'Institut polytechnique de Paris avec l'appui de l'Inria. 8 et 9 février : un week-end culturel ouvert au grand public sera organisé dans plusieurs lieux à Paris. 10 février : le Grand Palais accueillera plus de 1.000 participants (représentants d’entreprises, associations, chercheurs…) autour de tables-rondes et de conférences. 11 février : séquence officielle du Sommet avec une séance plénière qui réunira les chefs d’État et de gouvernements ainsi que certains représentants de la société civile. En parallèle se tiendront plusieurs événements à Paris, dont un événement dédié aux acteurs économiques à la Station F, l'un des lieux phares de la French Tech. Y seront présentés des cas d'usage emblématiques de l'IA, dont ceux financés par l'État dans le cadre des appels à manifestation d'intérêt de la direction générale des entreprises. |