Contrats urbains de cohésion sociale - En attendant les projets solidaires de territoire...

Selon la dernière circulaire de la DIV, les préfets doivent signer d'ici la fin de ce trimestre les contrats urbains de cohésion sociale (Cucs). "Un grand nombre d'entre-eux devraient être paraphés ce mois-ci", précise Etienne Varaut, vice-président de l'Inter-réseau DSU et membre du Conseil national des villes.

"On constate une très grande hétérogénéité entre territoires : la  qualité des Cucs est très variable selon le niveau d'investissement des collectivités locales et leur capacité d'ingénierie", estime Etienne Varaut, vice-président de l'Inter-réseau DSU (Inter-réseau Développement social urbain) et chef de projet de la ville de Bobigny. Les préfets signent actuellement avec les collectivités les Cucs (contrats urbains de cohésion sociale), héritiers des contrats de ville, créés en mai dernier. Quel sera le niveau d'investissement des conseils généraux et conseils régionaux ? Comment les caisses d'allocations familiales se placeront-elles comme partenaires ? Au-delà des vicissitudes de la politique de la ville dues au changement des outils et de la géographie, les professionnels de l'Inter-réseau DSU défendent la montée en charge des collectivités. Pour réussir la recette du Cucs, trois ingrédients sont nécessaires : une connaissance fine du territoire, une capacité d'ingénierie et une culture partenariale.

 

L'intercommunalité s'impose

Si l'Etat a montré le chemin en faisant la promotion d'une méthodologie partagée, aujourd'hui, c'est aux collectivités de prendre la relève. A l'instar de la circulaire du 1er février qui appelle l'intercommunalité à la rescousse, Etienne Varaut constate une baisse d'investissement des EPCI en la matière. "Nous avions milité pour que les Cucs soient signés par l'Etat et toutes les collectivités, EPCI compris, or ce n'est pas le cas et c'est regrettable. L'axe d'avenir demeure intercommunal." Autre constat négatif en partie lié à cette carence d'intercommunalité, la qualité des Cucs de l'Ile-de-France devrait poser problème.
"De façon générale, estime Etienne Varaut, avec deux mois de préparation, certains contrats vont obligatoirement être bouclés dans la précipitation et l'on aura encore sur le terrain une très grande inégalité entre ceux qui ont une stratégie, une culture de l'évaluation, de l'ingénierie... et les autres."  Pour le vice-président de l'Inter-réseau DSU, l'Etat ne se positionnant pas comme maître d'oeuvre, "il est à craindre que certains Cucs ne soient qu'une déclinaison des programmes prioritaires de l'Etat : ateliers santé, prévention de la délinquance... Pour autant, le fait de mettre en place des programmes précis et opérationnels a aussi de bons côtés". 

 

Inscrire les Cucs dans la durée

L'intention d'étendre les zones bénéficiaires de la politique de la ville est positive car les actions ne peuvent se limiter aux "quartiers où ça brûle", mais le manque de hiérarchisation entre ces territoires va provoquer des déceptions car l'enveloppe est constante. "Nous avions 400 contrats de ville, nous attendons près de 1.800 Cucs. La DIV avait proposé un zonage mais, regrette Etienne Varaut, les indicateurs n'ont pas été définis dans la concertation. On espère donc que l'observatoire des ZUS pourra élargir son spectre d'intervention aux Cucs." Pour l'Inter-réseau DSU, il est désormais nécessaire d'inscrire les Cucs dans le temps en définissant un projet solidaire de territoire pluriannuel. "L'objectif sera d'agencer tous les contrats et les différents partenariats et de formuler une stratégie de cohésion sociale globale à la collectivité. Pour cela, nous allons faire de nouvelles recommandations à nos équipes." Certains sites, comme Carpentras ou Angers, se sont déjà lancés dans cette aventure.

 

Clémence Villedieu


 

 

Angers : de la politique de la ville à une politique de droit commun

"Avec le contrat urbain, nous allons avoir les mêmes territoires que ceux du contrat de ville, soit cinq quartiers et aussi, globalement, les mêmes orientations (éducation emploi, prévention...) mais nous changeons totalement de façon de travailler", explique Bénédicte Le Guay, chef de projet Cucs de la ville  d'Angers. Et ce changement est de taille ! La ville qui finance près de 170 actions, les a toutes mises à plat. "Celles qui ont déjà une certaine pérennité vont être intégrées dans la politique de droit commun de la ville. Les financements vont à terme être assurés par les services opérationnels et l'enveloppe de l'Etat sera prise en charge par la municipalité", commente la chef de projet Cucs. Pour une opération donnée, un pourcentage sera pris en charge, la première année, dans le Cucs, et le reste par un service. La deuxième année, la proportion s'inversera, les service prenant en compte la plus grande partie du financement puis, la troisième année, l'action sera totalement intégrée. Ce sont près de 100 actions qui vont glisser vers les services ! "La politique de la ville doit être un laboratoire et financer l'innovation, or, aujourd'hui, nous constatons que notre marge de manoeuvre sur les programmes est très réduite, soit 5 à 10%", argumente Bénédicte Le Guay.

C.V.