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Emploi : la crise amplifie les inégalités territoriales

Le cabinet de conseil en immobilier d’entreprise Arthur Loyd constate qu’"une première ligne de fracture territoriale se dessine déjà". Les grandes métropoles subissent moins de destructions d’emploi que les départements moins denses.

Au premier semestre 2020, plus de 638.000 emplois ont été détruits dans le secteur privé à cause de la crise, selon les estimations du cabinet de conseil en immobilier d’entreprise Arthur Loyd. Derrière cette baisse record de 3,4%, des disparités se font déjà jour en fonction des territoires, selon ce cabinet spécialisé qui vient de publier son baromètre 2020 sur l’attractivité des territoires. De quoi faire apparaître "une première ligne de fracture territoriale".

Des tendances déjà divergentes avant la crise

Ainsi, les destructions nettes d’emploi ont atteint 3% en Ile-de-France et dans les aires urbaines de plus de 500.000 habitants, contre 4% dans les départements avec une aire urbaine comprise entre 100.000 et 500.000 habitants (Doubs, Dordogne, Calvados…) ou les départements ruraux (Allier, Vosges, Haute Corse). La crise vient ainsi amplifier des tendances déjà divergentes. Entre 2008 et 2019, 80% de la hausse de l’emploi se concentrait déjà dans 10% du territoire, dont le Grand Paris et 20 grandes métropoles régionales qui regroupent les aires urbaines de plus de 500.000 habitants. On trouve dans le top 5 Lyon, Toulouse et Bordeaux, ainsi que Nantes, classée comme "grande métropole".

Suivent ensuite Aix-Marseille, Rennes, Lille, Montpellier, Strasbourg, Nice et Toulon. Dans la seconde moitié du classement figurent quelques métropoles "intermédiaires" et agglomérations de taille moyenne regroupant plus de 100.000 habitants comme Bayonne (13e) Clermont-Ferrand (16e) et Orléans (19e). Seules quelques villes moyennes, comptant moins de 100.000 habitants tirent leur épingle du jeu : Annecy (15e), Saint-Denis (17e), Saint-Nazaire (18e) et Pointe-à-Pitre (20e).

Une croissance de la population inférieure aux emplois

"Lorsque le redémarrage de l’économie française se profilera, tout laisse a? penser que ces 20 aires urbaines feront partie des territoires les plus pourvoyeurs d’emplois", peut-on lire dans l’étude. Suite à la crise de 2008, l’écart s’est amplifié entre les grandes aires urbaines et le reste du pays. Les créations d’emploi avaient augmenté de 13% dans les grandes et très grandes métropoles régionales contre seulement 5% dans les métropoles intermédiaires et agglomérations de taille moyenne. Quant aux départements ruraux ou ne comptant pas de grande aire urbaine, l’emploi n’y a augmenté que de 2%.

Dans les grandes métropoles notamment en Ile-de-France, les créations d’emplois ont augmenté plus fortement que la population. Dans les métropoles intermédiaires, la progression s’est faite à des rythmes équivalents. En revanche, ni l’emploi ni la population n’a progressé dans les aires urbaines de moins de 100.000 habitants. Seule exception : leurs couronnes périurbaines. Situées dans des zones rurales, la population continue d’y croître mais l’emploi "ne s’est jamais relevé de la grande crise de 2009".

Dans le contexte de la crise, qui accélère la digitalisation, les territoires se démarqueront s’ils disposent "d’un vivier de compétences qui de?coule de la présence d’une offre qualitative de formations et d’enseignement supérieur", pronostique le cabinet. En cause : le déploiement de nouvelles technologies liées à l’intelligence artificielle ou à la robotique, qui nécessitent une main d’œuvre qualifiée recherchée par les entreprises. Un autre bon point pour les grandes métropoles.