Emploi des jeunes - Embauche des moins de 25 ans : quand la personnalité prime sur les diplômes
Entre la théorie et la pratique il y a une marge… entre ce qu'on dit et ce qu'on fait également. Il n'en reste pas moins qu'une étude d'OpinionWay pour la Fondation des apprentis d'Auteuil*, rendue publique le 17 mars, se révèle assez surprenante à plus d'un titre. Interrogés sur la confiance qu'ils accordent aux moins de 25 ans dans le cadre d'une éventuelle embauche, 89% des chefs d'entreprise assurent qu'"accorder leur confiance aux jeunes" fait partie des valeurs de leur entreprise (93% pour les sociétés employant entre 50 à 250 salariés). 53% d'entre eux (60% si l'activité est dans le commerce) affirment décider de leur recrutement en fonction de la personnalité et de les qualités des jeunes candidats avant de s'attarder sur leurs expériences professionnelles (33%) ou même sur leurs diplômes (12% jugent ce critère déterminant). Toujours surprenant, le type de contrat proposé lors d'une embauche d'un jeune de moins de 25 ans ces douze derniers mois a été dans 53% des cas un contrat à durée indéterminée, à 34% un CDD et pour 30% des contrats signés un contrat de professionnalisation ou contrat d'apprentissage.
Le jeune, un employé presque comme un autre
Au fil des réponses, on constate également que le jeune n'est ni plus facile ni plus difficile à "manager" qu'un autre employé (52%), qu'au quotidien il ne crée ni plus ni moins de difficultés (57%) et qu'il s'intègre au sein de l'entreprise à 49% des réponses comme un autre. Bref, pour le chef d'entreprise, l'employé de moins de 25 ans ne pose pas plus de problème qu'un salarié plus âgé et une entreprise sur trois dit avoir embauché un jeune de moins de 25 ans ces douze derniers mois.
L'étude nous apprend que le secteur qui a le plus embauché au cours de l'année précédente est celui du commerce (41% de réponses positives), devant les services (38%) et le BTP et l'industrie (37% chacun). La taille de l'entreprise a été primordiale au cours de l'année 2013 : 83% des entreprises qui ont embauché ont plus de 250 salariés, 34% seulement pour les moins de 10 salariés.
Plus d'un employeur sur deux (57%) estime prendre les mêmes risques en embauchant un jeune qu'un salarié plus âgé mais moins d'un sur deux pense qu'un jeune peut endosser les responsabilités d'un membre de comité d'entreprise, voire de représentant du personnel et à peine plus d'un sur deux (51%) pense qu'il peut résoudre un problème RH dans l'entreprise. Cependant, pour tout ce qui est encadrement d'équipe, représenter l'entreprise lors d'un événement et gérer des projets à impacts financiers : le jeune a la confiance assurée de l'employeur, d'après le sondage.
L'étude traduit donc une marque de confiance qui ne se reflète toutefois pas dans la réalité... Malgré une amélioration en 2013, le taux de chômage des jeunes reste à 22,8% en France, selon les derniers chiffres de l'Insee. Pire, selon une étude de l'Insee du 4 décembre 2013, 25% des jeunes entre 16-25 ans sans diplôme étaient toujours au chômage six ans après la sortie de leurs études. La Fondation des apprentis d'Auteuil rappelle sur son site, qu'aujourd'hui en France, un jeune actif sur quatre est au chômage et plus d'un million d'entre eux sont confrontés à une situation de grande pauvreté.
Sandrine Toussaint
*L'Observatoire des jeunes et des familles d'Apprentis d'Auteuil qui accueillent, éduquent et forment plus de 20.000 filles et garçons en difficulté a demandé à l'institut d'études OpinionWay d'interroger les chefs d'entreprise sur la confiance qu'ils accordent aux moins de 25 ans. 505 dirigeants de TPE, PME et grandes entreprises ont répondu au cours d'interviews téléphoniques du 20 février au 4 mars dernier.