Logement social - Efficacité énergétique : "Du mal à trouver les raisons qui motiveraient les régions réticentes"
L'Union sociale pour l'habitat (USH) a été en première ligne pour demander la possibilité d'utiliser les fonds Feder pour financer l'efficacité énergétique dans le logement social. Une possibilité à présent accordée par l'Union européenne. Mais pour le moment, seule l'Alsace s'est engagée dans cette voie. Beaucoup reste à faire pour convaincre les régions de cet apport capital pour le logement social, comme s'y attache Thierry Repentin, sénateur et président de l'Union sociale pour l'habitat (USH).
Localtis : En quoi les mesures européennes concernant l'efficacité énergétique dans le logement social sont-elles importantes ?
Thierry Repentin : Ces mesures tombent à pic ! Dans le cadre du Grenelle de l'environnement, nous avons signé la semaine dernière une convention avec le gouvernement. Elle porte sur l'amélioration de la performance énergétique de 800.000 logements sociaux, en introduisant par le biais de deux mesures d'aide l'équivalent d'une subvention de 20% sur le montant total des travaux engagés dans les appartements. L'ouverture du Fonds européen de développement régional (Feder) à ce même type de travaux signifie qu'une subvention supplémentaire va s'ajouter à celles de l'Etat. C'est donc une très bonne nouvelle pour le logement social, mais aussi pour l'économie locale. En effet, ces mesures permettront de soutenir les entreprises du bâtiment qui connaissent du fait de la crise des moments difficiles. C'est donc une stratégie gagnant-gagnant. Si l'Europe autorise désormais le financement par le Feder de l'efficacité énergétique dans le logement social, les régions sont libres de saisir ou non cette opportunité.
Quelle est la tendance ?
L'Alsace a déjà publié un appel à projets pour pouvoir lancer les travaux dès le vote de la loi en avril prochain. Rhône-Alpes, Poitou-Charentes, l'Aquitaine et le Nord-Pas-de-Calais ont également saisi l'opportunité de la Commission. D'autres régions réfléchissent sur le sujet. D'autres encore découvrent à peine cette nouvelle possibilité. J'ai adressé une lettre aux 22 présidents de région pour les informer de cette disposition et des avantages qu'elle présentait. Chacune d'entre elles fixera le cahier des charges qui définira le type de travaux qui pourront être financés. Elles pourront se limiter à la réhabilitation thermique, par exemple, ou imposer des normes plus draconiennes que celles en vigueur.
Comment convaincre les régions réticentes ?
J'ai du mal à trouver les raisons qui motiveraient les régions réticentes. Elles sont garantes de la cohésion territoriale or, en une vingtaine d'années, entre 1985 et 2007, le budget "logement" des ménages est passé de 14 à 25%. C'est donc bien le pouvoir d'achat des plus modestes et l'équilibre social dans les territoires qui est en jeu. Avec cet outil européen, les régions disposent d'un levier important pour aider les foyers comme les petites entreprises. De plus, cette aide du Feder ne sera pas demandée aux collectivités. Et elle peut permettre de dynamiser la consommation des fonds qui dans certaines régions est un peu en retard. En effet les organismes ont d'ores et déjà des projets de réhabilitation prêts à être engagés ! Enfin, sur le terrain politique, alors que les élections européennes approchent, c'est une bonne façon de montrer ce que l'Europe peut faire pour le quotidien des citoyens.
Propos recueillis par Caroline Garcia / Welcomeurope