Effectifs scolaires : la chute continue
Les dernières statistiques du ministère de l'Éducation nationale confirment une baisse importante des effectifs scolaires dans le premier degré pour des raisons démographiques. Quasiment tous les territoires sont touchés par ce phénomène.
Sur les trente académies que compte la France, vingt-sept dans le premier degré et seize dans le second degré connaissent des pertes d'effectifs, selon les deux dernières notes d'information de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l'Éducation nationale (Depp).
À la rentrée 2022, note la Depp, 6,423 millions d’élèves étaient scolarisés dans les écoles publiques et privées sous contrat du premier degré, soit une baisse de 58.700 élèves (-0,9%) par rapport à la rentrée 2021. Cette baisse est légèrement plus marquée en maternelle (-1%) qu'en élémentaire (-0,9%).
Le secondaire comptait pour sa part 5,654 millions d’élèves en septembre dernier, un effectif quasiment stable par rapport à la rentrée 2021, avec une augmentation au collège (+3.900 élèves) et dans les lycées généraux et technologiques (+200 élèves), et une baisse plus marquée dans les lycées professionnels (-5.100 élèves, soit -0,8%).
Des générations moins nombreuses
Les explications de ces tendances tiennent avant tout à la démographie, tant dans le primaire que dans le secondaire. "La génération des enfants nés en 2019, qui ont trois ans en 2022 et dont la plupart entrent à l’école à la rentrée 2022, compte environ 70.000 naissances de moins que la génération 2011, qui en sort majoritairement pour rejoindre le collège à cette rentrée", précise la Depp. Elle ajoute qu'"à la rentrée 2022, sont entrés en sixième les enfants nés en 2011 [qui] sont 10.000 de moins que la génération 2010". La note pointe toutefois que "les effectifs sont en hausse en cinquième et en troisième en lien avec les générations 2010 et 2008 plus nombreuses que les générations précédentes".
Au lycée, si des explications démographiques sont également avancées, les taux de passage de la troisième vers la seconde générale ou technologique, nettement plus faibles que les années précédentes, contribuent également à la baisse des effectifs. Tout comme les orientations plus fréquentes vers des formations hors Éducation nationale, comme l’apprentissage ou les lycées agricoles.
Les zones rurales dans le rouge
Parmi les vingt-sept académies concernées par la baisse des effectifs du primaire, Paris est la plus touchée, avec un recul de 3,0% du nombre d'élèves, devant Lille (-2,4%), Amiens (-1,9%) et Besançon (-1,8%). À l'inverse, les trois académies connaissant une croissance sont Mayotte (4,8%), la Guyane (+2,3%) et Nice (+0,7%).
On note cependant que dans six académies, le secteur privé sous contrat connaît une hausse des effectifs alors que le secteur public est à la baisse. C'est particulièrement le cas en Martinique où le secteur public enregistre une baisse de -0,6 % tandis que le privé est en hausse de +2,7%.
Autre donnée géographique intéressante relevée par la Depp : la baisse des effectifs du primaire ralentit en zone urbaine. Elle s'établit en effet en 2022 à -0,8% contre -1,3% lors des deux rentrées précédentes. En revanche, l'érosion s’accentue en zone rurale : -1,4% cette année contre -1,1% en 2021. Ces chiffres confirment une tendance de plus long terme : depuis 2011, les effectifs d’élèves du premier degré ont diminué de 12,3% en zone rurale mais n'ont baissé que de 1,8% en zone urbaine.
Le privé en chute dans le secondaire
Dans le second degré, parmi les seize académies qui enregistrent des reculs, les plus forts ont lieu en Guadeloupe (-3,5%), Martinique (-2,6%) et Normandie (-1,8%), ainsi qu'à Paris (-1,4%) et Clermont-Ferrand (-1,0%). Dans les quatorze académies dont les effectifs progressent, on retrouve en tête Mayotte (+1,8%) et Nice (+1,0%), mais aussi la Corse (+1,4%) et Montpellier (+1,0%). De leurs côté, Limoges (+0,2%) et Strasbourg (+0,1%) passent dans le camp des académies en croissance alors qu'elles étaient l'an passé à l'équilibre ou en perte d'effectifs.
Les variations entre secteurs public et privé sont par ailleurs plus marquées dans le second degré qu'en primaire. Au niveau national la hausse était de +0,1% dans le public à la rentrée 2022, contre une baisse de -0,3% dans le privé. Ici encore, on constate des disparités selon les académies. Si l'écart le plus fort est enregistré en Martinique avec une baisse du public de -3,1% face à une hausse du privé de +0,8%, c'est en général dans le secteur privé que les effectifs fondent plus rapidement. L'académie de Corse voit ses effectifs du public augmenter de +1,5% pendant que ceux du privé déclinent de -0,5%). Dans l'académie de Versailles, le public est également à la hausse (+0,8%) et le privé à la baisse (-0,6%). Tout comme dans l'académie de Lyon : +0,7% de hausse dans le public, contre -0,4% dans le privé. Dans l'académie de Nancy-Metz, si la baisse est de -0,2% dans le public, le privé enregistre une baisse record, pour la métropole, de -2,0%.