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Édouard Philippe vante les mérites des maisons de santé, sur fond de projet de loi déjà critiqué

Les maisons de santé pluridisciplinaires doivent devenir "la norme", a déclaré lundi Édouard Philippe lors d'un déplacement en Indre-et-Loire, à deux jours de la présentation en conseil des ministres du projet de loi Santé. Le Premier ministre a par ailleurs répondu aux présidents des trois grandes associations d'élus (AMF, ADF, Régions de France) et celui de la Fédération hospitalière de France qui viennent d'ailleurs de déplorer le manque de concertation lors de l'élaboration de ce texte.

A deux jours de la présentation du projet de loi Santé en conseil des ministres (voir notre article ci-dessous du 23 janvier 2019), le Premier ministre, accompagné de la ministre Agnès Buzyn, a visité ce lundi 11 février une maison de santé pluridisciplinaire (MSP), au sein de laquelle exercent au total une trentaine de professionnels (généralistes, internes, kinés...) à Avoine, petit bourg près de Chinon (Indre-et-Loire).
"Cette initiative ici, et d'autres initiatives partout en France, montrent le chemin. Et l'objectif du projet de loi, c'est de faire en sorte que ces initiatives puissent être dupliquées, multipliées sur le territoire, pour que l'exercice collectif de la médecine devienne la norme", même s'il ne s'agit pas de la rendre "obligatoire", a-t-il déclaré.
Attirer des médecins libéraux qui craignent les contraintes d'exercer seul à l'écart des villes, décharger les services d'urgence, faciliter les "soins non programmés" et les consultations sans rendez-vous, permettre la présence de certains spécialistes au moins un ou deux jours par semaine : le gouvernement voit de nombreux avantages au développement de ces structures. "Cette capacité à se regrouper, inventer des nouvelles façons d'exercer, séduit y compris des médecins qui ne vivent pas en milieu rural", a ajouté Édouard Philippe, citant le cas de médecins de la maison de santé d'Avoine qui vivent à Tours, à 45 minutes de route.
Selon un point effectué par le ministère de la Santé début 2018, la France comptait 910 MSP et plus de 300 en cours de création.

Maisons de santé... et hôpitaux de proximité

Édouard Philippe a confirmé la création d'ici 2022 de 4.000 postes d'assistants médicaux, qui font actuellement l'objet de négociations difficiles entre la Sécurité sociale et les médecins libéraux, pour faciliter notamment "l'organisation de communautés médicales".
Agnès Buzyn a pour sa part rappelé les autres axes du plan "Ma santé 2022", annoncé par Emmanuel Macron en septembre, dont une partie sera incluse dans le projet de loi présenté mercredi en conseil des ministres : fin du numerus clausus pour les études de médecine, transformation de petits hôpitaux en "hôpitaux de proximité", ou encore créations de communautés de professionnels de santé adaptées aux besoins locaux. C'est "une loi qui va favoriser l'accès aux soins partout en France", a-t-elle résumé, sachant que le texte arrivera au Parlement en mars et doit être voté d'ici cet été.
La labellisation de 500 à 600 "hôpitaux de proximité" à l'horizon 2022 se fera dans des conditions qui seront précisées par ordonnances, dans un délai de 18 mois après la publication de la loi. Sans chirurgie ni maternité, les nouveaux hôpitaux de proximité se recentreraient sur la médecine générale, la gériatrie et la réadaptation, en lien avec la médecine de ville. Un moyen, selon Agnès Buzyn, "de redonner des investissements" à ces établissements souffrant "d'un manque d'attractivité". Dans le même temps, le régime des autorisations des activités de soins (chirurgie, maternité, urgences...) et des "équipements matériels lourds"  comme les IRM sera modifié "avec un double objectif de qualité et de sécurité", d'après le texte.

Les élus locaux attendent "des mesures ambitieuses"

Interrogé sur les critiques relatives au manque de "concertation" de ce plan, formulées par les élus locaux - Association des maires de France, Régions de France, Assemblée des départements de France - et la Fédération hospitalière de France, Édouard Philippe a souligné qu'il y avait eu "beaucoup" de consultations depuis février 2018. "Et il va continuer à y en avoir énormément", a-t-il dit, en précisant qu'Agnès Buzyn doit précisément rencontrer ce mardi les grandes associations d'élus.
François Baroin (AMF), Dominique Bussereau (ADF), Hervé Morin (ARF) et Frédéric Valletoux- le président de la FHF et maire de Fontainebleau - ont signé, dans le Journal du dimanche du 10 février, une tribune commune. Il y a quelques jours, l'AMF et France urbaine avaient déjà signé un communiqué commun sur le même sujet (voir notre article ci-dessous du 1er février 2019).
La tribune rappelle que le plan Ma santé 2022 a été "unanimement saluée comme allant dans le bon sens" et "permet de répondre au défi de l'émergence d'un nouveau modèle d'offre de soins mieux organisé, adapté et coordonné [...]". Mais les signataires estiment que "les premières pistes connues de la loi [...] ne répondent que partiellement à la réforme annoncée par le président". Ils regrettent en particulier "une concertation insuffisante en amont" et souhaitent "que des mesures ambitieuses soient prises pour affirmer une lutte volontariste contre les déserts médicaux, une démarche en faveur d'une médecine de proximité pour la garantie d'accès à des soins de qualité pour tous et permettant de répondre aux enjeux d'attractivité médicale et paramédicale".
En attendant, les signataires appellent l'ensemble des collectivités et des établissements publics de santé et médicosociaux à débattre et d'un modèle de vœu proposé par les quatre organisations et à transmettre ensuite au gouvernement.

 

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