Ecosphère(s) promet de simplifier la recherche de données environnementales

Créer des bouquets de données pertinents et utiles au pilotage des politiques de la transition écologique, telle est l'ambition du projet Ecosphère(s). Porté par le Commissariat général au développement durable (CGDD) et son Ecolab, ce projet s'appuie sur les grands producteurs de données environnementales, les territoires et le portail data.gouv.fr.

Si les données publiques sur la transition écologique sont abondantes, trouver les "bons" jeux de données relève du parcours du combattant. Un constat qui a conduit le ministère de la Transition écologique à concevoir le projet "Ecosphère(s)", en gestation depuis plus d'un an et désormais en phase de test. Un projet dont la genèse, les objectifs et les premières maquettes ont été présentées à l'occasion d'un webinaire organisé fin juin 2023.

Des données dispersées dans 50 plateformes

"Les données environnementales, émanant de plus de 130 organisations, sont présentes sur plus de 50 plateformes. La qualité des métadonnées est hétérogènes et leur 'découvrabilité' est de fait complexe", résume Martin Cahen, l'un des entrepreneurs d'intérêt général mobilisés par l'Ecolab du CGDD pour piloter ce projet. Un constat confirmé par une enquête menée en début d'année auprès d'administrations déconcentrées de l'État, d'universitaires, d'acteurs privés et de collectivités territoriales mobilisées par OpenDataFrance. Les quelque 130 répondants rencontrent ainsi pour un tiers des difficultés à trouver la "bonne" donnée, une donnée documentée et de qualité, certains ayant aussi du mal à évaluer la pertinence des données pour leurs travaux (étude, recherche, suivi de politique publique…). Autre constat partagé : un manque de "point d'entrée unique", les plateformes thématiques des données environnementales ayant eu plutôt tendance à se multiplier depuis la loi Lemaire de 2016 sur l'open data.

Des bouquets de données par cas d'usage

Les résultats du questionnaire présentent cependant un biais important puisque les répondants comptaient une majorité de chercheurs ou de spécialistes de la donnée. Or ces derniers font souvent défaut dans les territoires et notamment dans les plus petits d'entre eux. "Il y a une fracture entre les grandes collectivités dotées de compétences data (SIG, analystes, observatoire, …) et ceux qui n'en ont pas. Les collectivités participantes aux ateliers organisés à Lyon et Niort avec le CGDD ont insisté sur la nécessité de disposer de cas d'usages associés à des politiques publique", explique Matthieu Brient, chargé de mission à OpenDataFrance. Un point sur lequel l'association a été entendue puisque la plateforme promet l'accès à des "bouquets de données" correspondant à des cas d'usage. Une recherche sur les îlots de chaleur à Vannes permet par exemple d'accéder à des jeux de données telles que la thermographie, l'occupation des sols, les alignements d'arbres, le cadastre solaire….

Appui sur data.gouv.fr

Concrètement, Ecosphère(s) prend la forme d'un portail data thématique conçu dans le même esprit que transport.data.gouv.fr dans le domaine de la mobilité. Il s'appuie sur l'infrastructure de data.gouv.fr et les outils développés ces derniers mois par la plateforme gouvernementale permettant de trier, d'extraire et de prévisualiser les données ou encore d'en évaluer la qualité. Ce portail n'héberge pas directement les données mais "moissonne" les métadonnées des bases de données environnementales ouvertes des administrations déconcentrées (DDT, Dreal…), d'agences de l'État et d'opérateurs. A date, sa version beta compte plus de 27.000 jeux de données. Son moteur de recherche offre la possibilité de rechercher des données par territoire, par organisation, par thématique ou par cas d'usage. Parmi les premiers identifiés par Ecosphère(s) : la création d'un plan climat air énergie territorial ou d'un plan de prévention des risques naturels d'inondation, la réalisation d'un bilan carbone, d'un état des lieux de la biodiversité ou encore le suivi de la rénovation énergétique des bâtiments. Chaque bouquet est décrit par une valeur d'usage, détaille la réglementation dont il relève et propose, dans l'idéal, un renvoi vers un espace sur Github pour pouvoir réutiliser l'application associée. Les cas d'usage s'appuieront aussi sur une communauté d'utilisateurs permettant à ces derniers de se faire aider par un tiers ou de partager des bonnes pratiques.

La prochaine étape du projet Ecosphère(s) est, d'ici l'automne, d'éprouver la performance de l'outil par l'expérimentation de différents cas d'usage. Une étape de tests à laquelle les collectivités sont conviées à participer. Elles peuvent se manifester auprès de l'équipe d'Ecosphère(s) à cette adresse.