Économie circulaire : 1.000 emplois menacés dans le réseau Envie suite au dernier appel d'offres d'Ecosystem
À la suite d'un appel d'offres lancé par l'éco-organisme Ecosystem comme tous les trois ans, pour la gestion des déchets d'équipements électriques et électroniques, le réseau Envie, non retenu, se trouve en grande difficulté. Près de 1.000 emplois, dont 75% en insertion, sont en danger. Cinq sites sont menacés de perdre tout ou partie de leur activité. L'association, qui fait valoir ses spécificités, invite toutes les parties prenantes à se mobiliser.

© Cécile Germain-Ecuer/ Le magasin envie de Illzach près de Mulhouse menacé de fermeture
"Les structures Envie de Rennes, Nantes, Angers, Niort et Mulhouse sont aujourd'hui menacées de perdre tout ou partie de leur activité." Le réseau Envie, qui développe des activités liées à l'économie circulaire (collecte et valorisation des déchets, reconditionnement et réutilisation des équipements électriques et électroniques) grâce à ses salariés en parcours d'insertion professionnelle, alerte sur les conséquences des résultats de l'appel d'offres lancé par Ecosystem. L'éco-organisme chargé de la gestion des déchets d'équipements électriques et électroniques, a lancé un appel d'offres pour sélectionner des opérateurs pour collecter ces déchets. À l'issue de cette consultation, les entreprises du réseau Envie n'ont pas été retenues. Elles travaillent pourtant avec l'organisme depuis 2006. "On fait une prestation de reconditionnement et de réemploi sur ces flux que ne font pas nos concurrents, explique à Localtis Guillaume Balas, délégué général de la Fédération Envie. Nous n'avons pas arrêté de demander à ce que cette prestation, qui augmente notre prix, soit intégrée dans le cahier des charges, ce qu'Ecosystem a toujours refusé. En revanche l'organisme a toujours été d'accord pour poursuivre cette activité. Là, ils choisissent le prix et laissent tomber cette prestation."
"Aucune contrainte juridique ne bloque aujourd'hui une solution équitable et durable"
Au total, près de 1.000 emplois, dont 75% en insertion, pourraient disparaître à court terme si aucune solution n'est trouvée. Pour les cinq sites directement concernés, cette activité représente 60 à 75% de leur travail. D'autres entités du réseau pourraient aussi souffrir de la situation, dans un effet domino. "Nos avocats sont au travail, détaille Guillaume Balas, Ecosystem peut changer les choses si l'organisme le veut, et s'il ne le fait pas, quelle est son action pour sauver le réemploi et le reconditionnement qui font partie de ses missions ?" L'organisme agréé par les pouvoirs publics a en effet l'obligation de favoriser la prévention des déchets, le réemploi et la réutilisation des équipements ainsi que l'insertion de personnes éloignées de l'emploi. Ces missions font partie de son cahier des charges d'agrément et de son engagement en tant que société à mission. Elles sont financées par l'écoparticipation payée par chaque citoyen lors de l'achat d'un appareil électrique ou électronique. "Aucune contrainte juridique ne bloque aujourd'hui une solution équitable et durable, indique le communiqué du réseau Envie du 17 avril, ce qui est en jeu, c'est le sens donné à la politique publique de gestion des déchets, et pour cela l'usage de l'argent des consommateurs."
"Cette décision ne peut être motivée que par la priorisation d'un critère coût"
Des collectivités s'inquiètent de la situation du réseau mais aussi plus globalement de l'avenir des politiques de réemploi, car elles-mêmes sont investies dans de tels domaines. Même chose pour l'insertion, les conséquences liées à la suppression des activités logistiques d'Envie ayant des incidences en cascade sur leur capacité d'insertion sur plusieurs années.
La question a été posée à la ministre de la Transition écologique par le député écologiste Tristan Lahais le 9 avril à l'Assemblée nationale lors des questions au gouvernement. "Cette décision ne peut être motivée que par la priorisation d'un critère coût, faisant fi des missions d'insertion et des obligations environnementales", a insisté le député. Agnès Pannier-Runacher a indiqué que ses équipes ont contacté le réseau et Ecosystem pour trouver une solution concrète permettant de préserver l'activité d'Envie. Si les soutiens se multiplient, pour le moment, aucune proposition concrète n'a été formulée concernant le maintien des activités logistiques ou de reconditionnement et réemploi ni sur un éventuel calendrier permettant d'anticiper et d'organiser une transition de manière soutenable. L'association invite toutes les parties prenantes à agir ensemble pour "préserver ces activités d'utilité sociale et environnementale essentielles à une économie circulaire réellement inclusive".