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Rugby - Dix villes au centre de l'Ovalie

Troisième volet de notre série spéciale Coupe du monde 2007 : après l'environnement et la sécurité, les retombées économiques pour les collectivités.

Si les coqs pondaient des oeufs, ils seraient en or. La Coupe du monde de rugby 2007 qui a débuté vendredi soir devrait en effet générer des revenus juteux. Finie la polémique sur les billets invendus : avec 2,1 millions de ventes, les billetteries affichent complet ou presque. Pour  le groupement d'intérêt public (GIP) de la Coupe du monde, l'organisateur de la compétition, les bénéfices devraient atteindre 5,5 millions d'euros sur un budget de 218 millions d'euros. Celui-ci a explosé en quatre ans : l'organisation de la dernière Coupe en Australie avait coûté 137 millions d'euros. Mais l'essentiel des recettes (droits TV, sponsorings, etc.) ira dans les poches de l'IRB, la fédération internationale de rugby. Au total, les retombées pour la France pourraient atteindre les 8 milliards d'euros. C'est en tout cas l'estimation d'une étude de la chaire européenne de marketing sportif de l'Essec, mandatée par le GIP. Les dépenses des supporters devraient engendrer 4 milliards d'euros de recettes directes, auxquels 4 milliards d'euros de retombées indirectes pourraient s'ajouter dans les quatre ans à venir au niveau des régions d'accueil. Le fameux "effet Coupe du monde".

 

50 millions d'euros investis par les collectivités

Alors que le gouvernement compte sur cette aubaine pour doper la croissance en berne, les collectivités espèrent elles aussi être de la fête. D'autant qu'elles ont largement puisé dans leurs poches. Entre les investissements pour mettre les stades aux normes et les animations diverses, elles auront dépensé 50 millions d'euros, dont 35 pour les seules villes hôtes (Paris, Saint-Denis, Nantes, Bordeaux, Lyon, Saint-Etienne, Lyon, Toulouse, Marseille et Montpellier). La mise aux normes de La Beaujoire, à Nantes, a par exemple coûté 3,5 millions d'euros. Les collectivités ont par ailleurs acheté 600.000 billets, redistribués ensuite dans les clubs locaux, les écoles et autres. Les villes hôtes prennent aussi en charge l'hébergement des équipes. Tout cela en mettant "gracieusement" leur stade à la disposition de l'organisation. Bien plus, elles ont dû abaisser les taxes sur les spectacles correspondant normalement à 12% des revenus de billetterie. Pas étonnant que leurs relations avec le GIP aient parfois tourné au bras de fer. Elles ont bien obtenu d'avoir deux représentants au sein du conseil d'administration du GIP (Françoise Clergeaux, élue de Nantes et députée de Loire-Atlantique, et Joël Quancard, adjoint aux sports de Bordeaux), mais ces derniers n'ont qu'un rôle consultatif. Pour éviter de jouer les unes contres les autres et défendre leurs intérêts, elles ont alors constitué un "club des villes". Celui-ci a par exemple exigé la mise en place d'un cahier des charges commun. C'est également en faisant cause commune que les villes ont obtenu la gratuité des droits de retransmission. "Alors que le GIP annonce un bilan très positif, il va falloir que nous nous réunissions pour décider de la façon dont cet argent doit être réinvesti localement", annonce Françoise Clergeau.

 

De 300.000 à 400.000 visiteurs étrangers attendus

Quoi qu'il en soit, ces efforts représenteront un investissement à long terme. Selon l'étude de l'Essec, "les collectivités locales concernées pourraient accroître fortement l'attractivité économique et touristique de leur territoire grâce à l'exposition internationale offerte par la Coupe du monde. Elles bénéficieront d'autre part des recettes fiscales liées à l'accueil des touristes, compensant l'investissement réalisé". Avec de 300.000 à 400.000 visiteurs étrangers attendus (dont 80% de Britanniques) dépensant chacun en moyenne 240 euros par jour, les rentrées devraient être importantes. Mais la Coupe du monde est aussi l'occasion de voir plus loin et de tisser des liens avec les différentes régions du globe. "Les supporters de rugby sont différents de ceux du foot, ils comprennent trois fois plus de chefs d'entreprises dans leurs rangs. Cette arrivée massive d'entrepreneurs est une occasion de nouer des contacts", souligne Françoise Clergeau.
Bordeaux va ainsi accueillir des "rencontres d'affaires internationales", les 14, 24 et 28 septembre en ciblant tout particulièrement l'Australie, le Canada et l'Irlande. La chambre de commerce et d'industrie installera un village "hospitalité" au palais de la Bourse pour recevoir pendant toute la durée de la compétition les chefs d'entreprises et les délégations officielles. Même initiative à Nantes ou à Montpellier. L'agglomération de Montpellier organise un rendez-vous d'affaires les 21 et 22 septembre prochains. 300 entrepreneurs australiens y sont attendus.
Difficile donc de connaître l'impact réel du troisième événement sportif planétaire sur l'économie locale. Les directions régionale de la jeunesse et sport (DRJS) seront chargées d'évaluer les retombées, avec le soutien des agences de développement.  Reste une autre incertitude : celle d'une victoire des Bleus qui aurait un effet démultiplicateur.

 

Michel Tendil

 

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