Développement durable des littoraux : être à l'écoute du vent mais aussi des habitants
Une centaine d’experts et participants ont suivi ce 10 juillet un webinaire organisé par le Cerema pour revenir sur les enjeux de gestion du littoral. Face à l'évolution du trait de côte, les réponses et solutions varient. Mais elles doivent concilier exigence et transparence afin d'être mieux comprises des élus et des habitants.
Renaturation du littoral, accompagnement des évolutions côtières, renforcement de ses protections… le 10 juillet, lors d’un webinaire, le Cerema a souligné la grande diversité des réponses adaptées à l’élévation du niveau de la mer et au changement du trait de côte. Après un préalable qui consiste à diagnostiquer dans les règles de l’art les phénomènes en jeu sur les côtes concernées – étude du fonctionnement hydro-sédimentaire du site, de son évolution dans le temps et des impacts de l’homme et de l’urbanisation, etc. – les solutions de gestion en effet varient.
Face au phénomène d'érosion visible sur leurs plages et à la submersion marine, les méthodes de type enrochement tendent à être privilégiées d'ordinaire par les collectivités. Mais le Cerema, qui a par exemple accompagné la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de la Manche en vue de partager de bonnes pratiques au travers d’un guide, insiste pour rappeler que "des solutions plus légères peuvent être mieux adaptées pour protéger le littoral".
La soutenable légèreté des solutions
Cette recherche d’une gestion plus souple du trait de côte se retrouve d'ailleurs au cœur du projet Adapto. Présenté lors du webinaire par le Conservatoire du littoral, qui en est à l’initiative, ce projet Life se déploie sur dix sites expérimentaux - neuf en métropole et un en Guyane – représentant un panel des milieux littoraux différents. Dans les salins méditerranéens, les Vieux Salins d’Hyères, dans le Var, il donne de bons résultats.
Sur ce site, où un plan de gestion a été mis en place et diverses solutions testées, une dynamique naturelle est progressivement retrouvée mais un obstacle peu anticipé est intervenu, l’acceptabilité sociale du projet par les habitants : "Celle-ci doit être renforcée en s’appuyant sur les élus et les associations locales, car certaines actions ou aménagements suscitent des incompréhensions", indique-t-on au Conservatoire du littoral.
Des progrès mouvants
Sur le plan national, le rapprochement avec les associations d’élus est naturel et un appel à partenaires lancé par l'Anel (Association nationale des élus du littoral) et le Cerema porte justement sur cet accompagnement des collectivités vers une gestion intégrée de leurs littoraux et rétro-littoraux. À l’issue d’une première session, une dizaine de collectivités candidates viennent tout juste d’être retenues. Mais pour sa restitution finale, il faut attendre la fin 2022.
Au cœur des stratégies locales de gestion du littoral, les dispositifs de médiation, de sensibilisation ou de pédagogie ne sont plus à négliger. Dans cette optique, le recours aux sciences participatives et à des outils comme Rivages, une application qui permet d’impliquer le grand public dans la surveillance du littoral, suscite un engouement qui ne faiblit guère. Surtout sur la façade méditerranéenne, qui est "la mieux couverte mais moins dans les Landes, en Bretagne et au bord de la mer du Nord", distingue le Cerema. Des littoraux que l’établissement public cible en y lançant régulièrement un appel aux vacanciers afin qu'ils y contribuent et que les données collectées soient les plus complètes possible.
Occitanie : les objectifs du plan Littoral 21 déjà atteints
À l’heure où, Covid aidant, on déplore plutôt les retards, le plan Littoral 21 a atteint avec un an d’avance son objectif du milliard d’euros d’investissement. Porté et financé conjointement par l’État, la région Occitanie et la Banque des Territoires, ce plan – qui vise tout à la fois la requalification de l’offre touristique, le développement économique et la préservation des richesses naturelles du littoral – a soutenu depuis son lancement officiel en juillet 2016 plus de 550 projets de transformation du littoral et de l’arrière-pays. Dernièrement, ont ainsi bénéficié de ces financements la mise en place, dans l’Hérault, d’une réserve marine à Agde et d’un aménagement de voie verte autour de Sète, la requalification du port de plaisance de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) ou encore l’acquisition, la rénovation et transformation d’un village de vacances en résidence touristique au Grau-du-Roi (Gard).
Réunis lors d’un comité de pilotage au début de l’été, ses promoteurs n’entendent pour autant pas s’arrêter en chemin. Deux grandes thématiques ont été retenues pour les prochains mois. D’une part, la rénovation des stations du littoral pour augmenter leur attractivité et améliorer la performance énergétique de leurs bâtiments ; les trois partenaires mobilisent 1,3 million d’euros afin de financer des études et un appel à projets. D’autre part, la gestion du trait de côte afin d’aménager durablement le littoral face à l’érosion. Une concertation sera conduite avec les collectivités afin de définir pour chaque territoire une stratégie de gestion locale dotée d’un plan d’actions à court, moyen et long terme, qui serviront ensuite à l’élaboration d’un plan d’action régional, lequel s’appuiera par ailleurs sur des outils existants, comme le plan de gestion des sédiments d’Occitanie. Ces opérations seront dotées d’une enveloppe de 500.000 euros.
Frédéric Fortin / MCM Presse pour Localtis