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Désinfection des espaces publics : l’avis du Haut Conseil de la santé publique balaye les doutes

Dans un avis très attendu publié le 7 avril, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande dans le contexte de l’épidémie de ne pas mettre en œuvre une politique de nettoyage spécifique de la voirie avec désinfection associée.

Saisi le 26 mars par la direction générale de la santé (DGS) sur l’opportunité d’un nettoyage spécifique ou d’une désinfection de l’espace public dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, le Haut Conseil de la santé publique (HSCP) s’est appuyé sur les retours d’expériences et la littérature scientifique pour analyser le risque de contamination de la population par les espaces publics (voirie et mobilier urbain).
L’attente d’une consigne claire devenait pressante alors que des dizaines de collectivités, surtout en Île-de-France, dans le Grand Est et dans les Alpes-Maritimes, se sont mises à désinfecter méthodiquement leurs rues pourtant quasi vides (voir notre article du 27 mars dernier), en ciblant souvent les lieux à risque mais au final sans certitude sur l'efficacité globale de la mesure.

Un flou décisionnel

Les maires de Beaune (Côte-d’Or), d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) ou du Puy-en-Velay (Haute-Loire) ont ainsi témoigné à l’AFP de la "vertu pédagogique" de la pratique, complémentaire au respect des gestes barrières "au titre de la salubrité publique". D’autres villes ou métropoles comme Grenoble ou le Grand Nancy, s’appuyant sur les préconisations émises par la DGS, ont partagé au contraire leurs réticences face à ce procédé "de bon sens" pour certains, mais dangereux pour d’autres sur le plan environnemental (crainte que le produit à base d’eau de Javel pulvérisé se retrouve dans les stations d’épuration), comme l’a résumé l’association France urbaine, elle-même montée au créneau la semaine dernière pour réclamer une "position nationale" sur le sujet.

L’impact psychologique et environnemental

L’avis du HSCP est clair comme l’eau de roche : du fait de l’absence d’argument scientifique de l’efficacité d’une telle mesure sur la prévention de la transmission du SARS-CoV-2, rien ne sert de mettre en oeuvre une politique de nettoyage spécifique ou de désinfection de la voirie. L’instance qui appuie le ministre de la Santé conçoit qu’une telle pratique représente "un outil de communication majeur" pour montrer que les collectivités, leurs responsables politiques voire les industriels sont mobilisés pour protéger la population, avec un "effet psychologique réel" pour le public et un coût relativement faible.
Concernant l’impact environnemental, elle souligne qu’il est faible "compte tenu du processus de dégradation chimique des désinfectants, comme l’hypochlorite de sodium (eau de Javel)". Reste qu’il existe des risques liés à la dispersion de sous-produits de la chloration, ainsi qu’un impact à ne pas négliger "sur le mobilier urbain, les véhicules, les équipements comme les avaloirs et la végétation, en particulier le risque de corrosion possible sur des surfaces métalliques non rincées ainsi que celui d’un effet létal sur les végétaux exposés directement au produit".

Poursuivre le nettoyage habituel

Le HSCP rappelle aussi que "le réservoir principal du virus est l’homme et non l’environnement, que les virus ne peuvent se reproduire et se multiplier dans l’environnement sans entrer au contact de cellules vivantes hôtes", et que la persistance du Sars-CoV-2 sur les surfaces du mobilier urbain est "possible et étroitement dépendante des conditions climatiques (température, humidité résiduelle, UV), de présence de liquide biologique et la charge virale est décroissante au court du temps". Il recommande de continuer le nettoyage habituel des voiries et, "à une fréquence plus régulière", celui du mobilier urbain, et surtout "de ne pas employer d’appareils pouvant souffler des poussières des sols de type souffleurs de feuilles".

 

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