Des outils pour la prévention des noyades
Après une longue période marquée par des confinements successifs et une mise en sommeil de l'apprentissage de la natation, la question des noyades est plus que jamais prégnante. À quelques semaines des vacances d'été, la deuxième Journée nationale de la prévention des noyades était organisée à Lacanau. Un rendez-vous qui a permis de passer en revue différents moyens de prévention.
"On va surveiller les chiffres des noyades comme le lait sur le feu." À l'occasion de la deuxième Journée nationale de la prévention des noyades, qui s'est tenue à Lacanau (Gironde) ce jeudi 3 juin, Aymeric Ung, responsable de l'enquête Noyades à Santé publique France, a mis en garde face à un contexte particulier. Depuis le printemps 2020 et les restrictions sanitaires dues à la crise du Covid-19, l'apprentissage de la natation ne s'est pas fait normalement chez les enfants. De plus, les observateurs pointent le risque d'un relâchement des comportements après des mois de confinement.
En attendant le premier point épidémiologique de l'enquête triennale de Santé publique France à la mi-juillet, un bilan des noyades durant la saison estivale 2020 a été présenté. Il fait état de 1.189 noyades, également réparties entre mer et eaux intérieures, et de 528 décès. Pour les noyades en eaux intérieures (qui incluent les trois millions de piscines privées existant en France), le littoral méditerranéen est surreprésenté, avec 16 cas ou plus dans chacun des départements compris entre l'Hérault et les Alpes-Maritimes. Les zones les plus touchées par les noyades en mer sont ces mêmes départements méditerranéens ainsi que les Pyrénées-Atlantiques.
Un facteur de risque a été particulièrement mis en avant : la météo. Les pics de noyades sont en effet observés lorsqu'on dépasse les normales de saison en termes de températures. Un travail en lien avec Météo France devrait permettre de mieux prévenir les noyades, ont précisé Christophe Lino et Fabrice Levet, gestionnaires du Système national d’observation de la sécurité des activités nautiques (Snosan).
Le SDJES à la manœuvre
Parmi les outils de prévention traditionnels, les contrôles des services départementaux à la jeunesse, à l'engagement et aux sports (SDJES) figurent en première ligne. Vincent Chaubet, du SDJES Gironde, a détaillé l'action dans son département. 61% de l'ensemble des contrôles de ce service déconcentré du ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports sont ainsi orientés vers des activités aquatiques au sens large (activités aquatiques, nautiques et surf), et les contrôles des lieux de baignade sont une priorité en Gironde. Bien que leurs proportions varient d'année en année, sur les cinq derniers exercices, les contrôles des baignades d'accès payant (piscines publiques, centres de remise en forme…) représentent 40% du total, les baignades d'accès gratuit (littoral et lacs) 24% et les baignades privatives à usage collectif (campings…) 36%.
Globalement, un bon niveau d'encadrement, d'hygiène et de sécurité est constaté. Vincent Chaubet alerte toutefois sur quelques points. Les responsables d'établissements ignorent trop souvent les obligations d'affichage. Ils ne sont pas toujours à jour de leurs obligations administratives – notamment au regard du plan d'organisation de la surveillance et des secours (Poss) et du plan de sécurité. Enfin, ils manquent parfois de connaissance sur les qualifications requises pour l'enseignement de la natation, en particulier dans les campings. Quant aux mesures prises pour faire face à ces manquements (rappels à la réglementation, mises en demeure, contre-visites), elles sont jugées "suffisamment persuasives" pour aboutir à la mise en conformité attendue. Parallèlement aux contrôles, des actions complémentaires sont mises en place en Gironde : campagnes de communication en direction des usagers et actions de formation à destination des exploitants et éducateurs.
En finir avec des signalétiques hétérogènes
Cette journée nationale de prévention des noyades a aussi été l'occasion de mettre en avant une nouvelle signalétique des zones de baignade élaborée par l'Afnor, en collaboration, entre autres, avec des représentants de l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport) et de l'Anel (Association nationale des élus du littoral).
Pourquoi cette nouvelle signalétique ? Grégory Berthou, responsable du développement de la consommation, des sports, des loisirs et du tourisme à l'Afnor, estime qu'il existe aujourd'hui "une hétérogénéité de la signalétique selon les territoires". Laquelle, on l'aura compris, nuit à la bonne information du public.
Cette norme spécifie les recommandations pour la signalétique des zones de baignade publiques et d'activités aquatiques et nautiques, spécialement celles aménagées dans les eaux littorales et intérieures. Elle précise également la signalétique du poste de secours et des couleurs de l'uniforme du personnel de surveillance. La reprise de certaines normes internationales pour tenir compte de la présence de touristes étrangers sur nos plages n'est pas le moindre de ses intérêts. "Demain, cette signalétique sera le meilleur moyen pour les élus de montrer qu'ils mettent en œuvre les meilleures pratiques pour remplir leurs obligations", a conclu Grégory Berthou. Autre bonne nouvelle pour les élus : cette norme est disponible gratuitement sur le site de l'Afnor.