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Recherche et développement - Des fonds structurels au service de l'innovation ?

Dix-sept programmes opérationnels sur la trentaine en préparation ont été envoyés à Bruxelles pour validation. Des documents jugés trop "vagues" par la DG Regio qui recommande de les cibler davantage sur les objectifs de compétitivité de Lisbonne et d'élaborer des "stratégies d'innovation".

"En 2000-2006, avec le Feder, on faisait tout et n'importe quoi, sauf du logement. Des ronds-points, des places de village, des piscines, c'était bien pour l'attractivité mais insuffisant pour la compétitivité." Le constat est sévère et d'autant plus surprenant qu'il émane du représentant de la DG Regio en France : Jean-Marc Venineaux. "Les régions doivent aujourd'hui concentrer les moyens sur les objectifs de Lisbonne, l'innovation et l'économie de la connaissance", a-t-il insisté lors d'un colloque organisé mercredi 4 avril par le Cner (Conseil national des économies régionales) autour de la question : "Les fonds structurels européens seront-ils, en France, au service de l'innovation ?" Une question provocatrice qui illustre le retard pris par l'Europe en ce domaine : la part de PIB consacrée à la R&D chez les Etats membres se situe en moyenne autour de 1,9% alors que l'objectif assigné par l'UE est de 3%, l'équivalent de ce que font aujourd'hui les Etats-Unis ou le Japon. Sans parler des pays émergents : la Chine est dernièrement passée devant le Japon pour ses dépenses en R&D !

L'innovation représente entre 30 et 50% des PO

Fort des nouvelles orientations de Bruxelles, et du cadre stratégique national qui en a découlé, les programmes opérationnels (PO) des régions françaises doivent traduire ce "fléchage" des crédits vers l'innovation et la recherche. Pour le moment, sur la trentaine de PO Feder en préparation, dix-sept d'entre eux ont été déposés à Bruxelles pour validation. "A la première lecture des PO, on voit bien que le virage est en train de prendre, il se dessine des intentions qui devront être approfondies et coordonnées", a indiqué Jean-Marc Venineaux. Avec ses neuf milliards d'euros au titre de l'objectif "compétitivité régionale et emploi", la France reste le premier bénéficiaire européen malgré l'élargissement à l'Est, mais tout va dépendre de la manière dont l'argent sera utilisé. Car, selon Laurent Midrier, chef du bureau de l'animation régionale à la DGE (direction générale des entreprises), l'axe innovation ne représente qu'entre 30 et 50% des PO régionaux (contre 70% fixés par Bruxelles), mais, surtout, "les avantages comparatifs des régions n'apparaissent pas clairement au regard des 270 régions européennes". "On n'est pas capables de relier ces PO aux véritables atouts et forces des territoires, a-t-il critiqué, on reste trop concentrés sur les acteurs et pas assez sur les projets."

"Stratégies régionales d'innovation"

Côté régional, même si les PO ont fait l'objet de larges consultations, on invoque le manque de temps pour préparer ces documents avec les préfectures. Faute de directions claires, le risque est donc grand de voir à nouveau l'argent public "saupoudré" pour satisfaire tout le monde. Mais il n'est pas trop tard pour corriger le tir, juge la DG Regio, qui recommande d'élaborer de véritables diagnostics territoriaux pour cibler les priorités sur des filières clés, quitte à retarder le démarrage de la programmation. Elle se dit prête à apporter une offre de service et financer à 100% de nouvelles expérimentations. Le message a été entendu puisqu'une circulaire du 2 avril 2007 du ministère délégué à l'Industrie invite les préfets de région à engager une concertation avec tous les acteurs territoriaux pour définir une véritable "stratégie régionale d'innovation des entreprises" avec des objectifs et des indicateurs précis. Une "politique de résultats" cruciale pour Bruxelles qui entend ainsi renforcer son suivi : une évaluation de l'exécution des budgets aura lieu entre 2008 et 2009. "Si les contrôles et les comptes sont trop durs, on va décourager les projets", s'est toutefois inquiété Laurent Midrier, avant de s'en prendre aux mesures tatillonnes de "la machine administrative Feder". D'autant qu'en France, à l'exception de la région Alsace où la gestion des fonds est décentralisée, les délais de traitements des dossiers et de paiements sont très longs. La transformation des fonds structurels en "matière grise" risque de prendre encore du temps.

Michel Tendil

 

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