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Banlieues - Des élus réclament une "loi quinquennale de programmation" sur la politique de la ville

L'AMGVF, l'Acuf et l'association Ville et banlieue font cause commune au sein d'un "manifeste pour une nouvelle politique de la ville" adressé aux candidats à l'élection présidentielle.

Après avoir ignoré la question de la politique de la ville, les dix candidats à l'élection présidentielle "parlent désormais de la banlieue de façon beaucoup plus précise", s'est félicité le maire de Rillieux-la-Pape, Renaud Gauquelin, mardi 3 avril. Mais le nouveau président de Ville et banlieue attend davantage de leur part. Avec ses homologues de l'Association des maires des grandes villes de France (AMGVF) et de l'Association des communautés urbaines de France (Acuf), Michel Destot et Pierre Cohen, il a présenté un "manifeste pour une nouvelle politique de la ville" décrivant la situation des banlieues comme "particulièrement préoccupante". Les trois associations, qui doivent prochainement se regrouper sous un même toit,  entendent ainsi afficher un "socle commun" de mesures à prendre pour relancer une politique de la ville "en panne", "marginalisée" et "insuffisamment dotée".
Les élus demandent en priorité la création d'un ministère de la Ville de plein exercice rattaché au Premier ministre. Mais ils réclament aussi un "droit de suite", à travers le vote dès 2013 d'une "loi quinquennale de programmation de la politique de la ville". Cette loi intégrerait à la fois les enjeux liés à l'éducation, la santé, la sécurité, les transports, le logement, l'urbanisme, la culture et le sport. Les associations posent quatre questions concrètes aux candidats sur la place qu'occupera la politique de la ville dans leurs priorités ainsi que dans leur organigramme gouvernemental, sur l'articulation entre les volets sociaux et urbains de la politique de la ville dans le cadre du futur PNRU 2 et sur la réforme de la géographie prioritaire après 2014.

Valeurs républicaines

En matière d'emploi, le manifeste reprend l'idée des "emplois francs" qui, ont expliqué les élus, viendraient en complément des zones franches urbaines (ZFU). Cette idée, qui figure déjà au rang des 120 propositions de l'association Ville et banlieue (voir ci-contre notre article du 13 mars 2012), consisterait à conditionner des exonérations sociales et fiscales non pas à l'adresse de l'entreprise mais à celle du demandeur d'emploi. Saluant la signature de 31.000 contrats d'insertion signés dans le cadre du programme de rénovation urbaine, Renaud Gauquelin a appelé à "aller beaucoup plus loin" en étendant les clauses d'insertion à tous les partenariats publics-privés.
Le manifeste, qui passe également en revue les questions de l'éducation et du renouvellement urbain et des transports, se montre en revanche très discret sur la laïcité. Tout juste est-il fait allusion à une "adhésion aux valeurs républicaines" pour les adolescents immigrés ou issus de l'immigration.
Interrogé sur le lien possible entre le cas de Mohamed Merah et la situation de certaines banlieues, le maire de Toulouse a dit qu'il fallait "regarder le parcours" d'un jeune de 23 ans qui "très tôt se retrouve sans référent, sans aucune capacité de trouver une notion de droit, d'autorité, de responsabilité". "Cela n'excuse pas mais cela peut expliquer qu'un certain nombre de jeunes peuvent arriver à des choses graves", a-t-il poursuivi, ajoutant : "Ce qui est grave c'est de mettre dans les mêmes quartiers des gens qui cumulent des difficultés."