Dépenses des collectivités : "Nous avons d'assez bonnes nouvelles", se réjouit Bercy
Les dépenses totales des collectivités locales ont enregistré une progression de 4,5% sur l'ensemble de l'année 2024, avec une nette décélération au dernier trimestre, selon la direction générale des finances publiques. Plus faible que la prévision de Bercy, cette évolution permettrait au déficit public de se situer un peu en dessous de 6% à la fin de 2024.

© Captures vidéos Sénat/ Amélie de Montchalin, Eric Lombard et Amélie Verdier
Les dépenses du secteur public local, dont l'accélération au premier semestre 2024 avait inspiré au cœur de l'été dernier une vive inquiétude chez les représentants de Bercy (voir notre article), auraient progressé sur le reste de l'année dernière à un rythme plus modéré, selon les dernières données de la direction générale des finances publiques (DGFIP).
Les dépenses totales des collectivités (cumul des dépenses réelles de fonctionnement et d'investissement, hors remboursements d'emprunt) ont augmenté de 4,5% sur l'ensemble de l'année 2024, par rapport à leur niveau de 2023, selon les données disponibles à la fin de février 2025. C'est ce que met en évidence la dernière situation mensuelle comptable(Lien sortant, nouvelle fenêtre) des collectivités locales établie par la DGFIP et mise en ligne le 20 mars.
C'est un rythme inférieur à la prévision d'une hausse de "6,7%" de ces dépenses, qui figurait dans la loi de finances de fin de gestion 2024. La présentation du texte financier le 6 novembre à l'Assemblée nationale était l'occasion pour Bercy d'actualiser à la baisse son estimation de croissance des dépenses des collectivités, perçues à l'été 2024 comme très dynamiques.
"Effet" de la loi de finances
C'est ce qu'a rappelé la directrice générale des finances publiques, lors de son audition le 19 mars par la commission des finances du Sénat. "On a observé une inflexion de tendance, clairement, au deuxième semestre et notamment au dernier trimestre", a indiqué Amélie Verdier. La fonctionnaire a pointé "l'effet des dispositions qui étaient en loi de finances". Pour rappel, le volet du projet de budget pour 2025 présenté le 8 octobre par le gouvernement Barnier réduisait les ressources des collectivités de 5 milliards d'euros cette année. "C'est une hypothèse que nous partageons avec la direction générale des collectivités locales", a confié la directrice.
"Nous avons d'assez bonnes nouvelles du côté des dépenses des collectivités locales", s'est réjoui quelques heures plus tard le ministre de l'Économie, Éric Lombard, qui s'exprimait lui aussi devant la commission des finances du Sénat (voir notre article sur cette audition).
Les dépenses des collectivités territoriales suivent une tendance au "ralentissement", a reconnu sa collègue chargée des Comptes publics, qui l'accompagnait. "Cela devrait nous conduire à avoir un déficit [public] (…) qui potentiellement pourrait être un tout petit peu meilleur que 6% [du PIB]", a poursuivi Amélie de Montchalin.
Trajectoire budgétaire présentée mi-avril
Ainsi, par une ironie du sort, les collectivités pourraient à présent contribuer à améliorer le déficit public de 2024, alors que le gouvernement de Gabriel Attal craignait qu'elles ne le plombent. Ce meilleur résultat du déficit par rapport à ce qui était prévu proviendrait aussi d'une embellie des comptes de la sécurité sociale. Grâce à "un meilleur recouvrement des créances liées à la crise du Covid", les déficits sociaux seraient ramenés à 15,3 milliards d'euros (alors qu'ils étaient attendus à 18,2 milliards d'euros lors de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025).
L'Insee rendra public le 27 mars ses estimations du déficit public et du besoin de financement des administrations publiques locales à la fin de 2024. Des données sur lesquelles le gouvernement s'appuiera pour établir la trajectoire budgétaire qu'il présentera le 16 avril au Parlement, et qu'il communiquera ensuite à la Commission européenne.