La santé financière de l'ensemble des collectivités s'est dégradée en 2024
La direction générale des finances publiques a publié un premier panorama des finances publiques locales au 31 décembre 2024. Principal enseignement : l'épargne brute du secteur dans son ensemble s'est repliée sensiblement (-16,1% sur un an). Aucune catégorie de collectivités n'a échappé à un recul de cet indicateur qui permet d'apprécier leur santé financière.
Différence entre les recettes et les charges de fonctionnement, l'épargne brute des collectivités s’est élevée à "près de 21 milliards d'euros à fin décembre 2024, en diminution par rapport à celle constatée à fin décembre 2023 (25 milliards d'euros)", indique une note de la direction générale des finances publiques (DGFIP) sur la situation comptable des collectivités au 31 décembre 2024.
La conjoncture s'est retournée l'an dernier pour les communes et leurs groupements considérés globalement, puisqu'après avoir connu une progression sensible de leur épargne brute en 2023, ils terminent l'année 2024 avec un repli de cette dernière (respectivement -5,5% et -3,5%), selon l'étude mise en ligne ce 24 janvier.
"Asphyxie" des départements
La dégradation de l'épargne brute observée en 2023 pour les régions s'est poursuivie, mais à un rythme moindre (-5,9% après -11,8%). En revanche, les départements ont continué de s'enfoncer dans la crise, avec une chute de près de 50% de leur épargne brute (3,2 milliards d'euros, contre 6,3 milliards un an plus tôt).
Après déduction des remboursements de dette, l'épargne des départements pouvant servir au financement des investissements n'était plus que de 147 millions d'euros à la fin de l'année dernière. Cette "épargne nette" s'élevait à 8,4 milliards d'euros deux ans plus tôt.
Lors de leur congrès annuel, mi-novembre à Angers, les élus départementaux avaient pointé "l'asphyxie" de leur collectivité, du fait d'une explosion des dépenses sociales (en particulier l'aide sociale à l'enfance) et d'une forte contraction d'une de leurs ressources majeures, les droits de mutation à titre onéreux (voir notre article).
Investissement en progrès
A la fin de l'année dernière, les recettes réelles de fonctionnement de l'ensemble des collectivités progressaient de 5 milliards d'euros sur un an (+2,4%). Un rythme nettement moins rapide que celui de l'évolution des dépenses réelles de fonctionnement. Sur un an, celles-ci se sont accrues de 9,1 milliards d'euros (+4,8%), en particulier sous l'effet de la hausse des frais de personnel (+4,5%, soit +3,3 milliards d'euros) et des achats et charges externes (+9,4%, soit +3,1 milliards d'euros).
La réduction de l'épargne brute des collectivités n'a pas empêché l'investissement public local d'enregistrer une progression de 6,8% l'an dernier. S'inscrivant dans la quatrième année du mandat - une période où, traditionnellement, les équipes municipales accélèrent la mise en œuvre de leurs projets - les dépenses d'investissement des communes et de leurs groupements ont été particulièrement toniques (+9,4%). Les régions affichent, elles aussi, une nette hausse de leurs investissements en 2024 (+8,5%). En revanche, les départements n'ont pu maintenir leur effort dans ce domaine : leurs investissements ont reculé de 2,4% l'an dernier.
Prenant en compte les seuls budgets principaux, l'étude revêt un caractère encore provisoire, souligne la DGFIP, qui sera en mesure de fournir des données "stabilisées" au second trimestre 2025.