Départs des grandes métropoles : les tendances post-covid s'installent dans la durée, souvent grâce au télétravail
Attractivité encore plus forte des zones littorales, périurbanisation, attrait des villes de taille modeste, départs des grandes métropoles… Les tendances post-covid semblent s'installer doucement dans la société française. L'étude de l'Insee "Crise sanitaire et développement du télétravail : davantage de départs des pôles des grandes métropoles et de l'aire parisienne" publiée en mars met en avant le rôle crucial du télétravail dans ces mouvements.
Les études se suivent et se ressemblent, illustrant les signes tangibles d'un phénomène de démétropolisation. La dernière en date, celle de l'Insee, "Crise sanitaire et développement du télétravail : davantage de départs des pôles des grandes métropoles et de l'aire parisienne", a été publiée le 16 mars 2023. Elle se base sur plusieurs données, issues d'une part des contrats de réexpédition définitive de La Poste et du répertoire statistique des véhicules routiers (cartes grises), et d'autre part des effectifs d'élèves scolarisés dans le premier degré et des données relatives à l'emploi.
Premier constat : les flux migratoires vers les régions déjà très attractives, que sont celles de l'arc atlantique et du sud du pays, s'accentuent. "En Corse et en Occitanie, le ratio entre les entrées et les sorties calculé à partir des contrats de réexpédition excède 1,5 et ne cesse de s'amplifier, y compris en 2022, signale l'étude, à un moindre niveau, ce ratio progresse aussi en Provence-Alpes-Côte d'Azur". La Bretagne bénéficie aussi d'une accélération de son attractivité. Elle est numéro un dans ce domaine : en 2021, les arrivées y sont deux fois plus nombreuses que les départs pour les indicateurs de La Poste et des véhicules routiers.
L'attractivité des villes de taille modeste à la hausse
A l'inverse, dans les régions Ile-de-France, Grand Est, et Hauts-de-France, où au cours de la dernière décennie les départs étaient plus nombreux que les arrivées, la tendance à la baisse se poursuit. En Ile-de-France notamment, les arrivées sont nettement moins nombreuses que les départs en 2022 (35 arrivées pour 100 départs). Le ratio se redresse un peu par rapport à 2021 (31 arrivées pour 100 départs) mais reste nettement inférieur à celui d'avant-crise (43 arrivées pour 100 départs) et il est bien plus faible que celui des autres régions de France métropolitaine.
L'attractivité des villes de taille modeste est un des autres phénomènes observés par l'Insee. Les chiffres de La Poste en témoignent : des villes comme Colmar et Vannes accueillent respectivement 112 et 110 transferts de courriers arrivants pour 100 transferts de courriers partants. Le ratio entre les entrées et sorties des aires de moins de 50.000 habitants passe quant à lui de 1,19 en 2019 à 1,28 en 2022. Même chose du côté des données relatives aux changements de résidence des propriétaires de voiture : ces aires de moins de 50.000 habitants attirent de plus en plus de nouveaux arrivants véhiculés.
L'attractivité est à l'inverse en baisse dans les grandes aires. En dehors de Paris, ces aires de plus de 700.000 habitants attiraient toujours plus de monde entre 2013 et 2018. Mais le ratio entre les personnes qui s'y installent et les personnes qui en partent a fortement diminué (-14%) entre 2019 et 2022, "traduisant pour ces grandes aires une tendance post-crise similaire à celle de l'aire de Paris", signale le document.
La périurbanisation à l'œuvre
Enfin, dernier phénomène observé : l'accélération de la périurbanisation au sein des grandes métropoles. "Quelle que soit la taille de l'aire d'attraction des villes, les pôles perdent des habitants dans leurs échanges avec leurs couronnes", souligne l'Insee. Exemple avec Lyon, qui compte en 2021, 100 transferts de courrier de la couronne vers le pôle contre 330 dans l'autre sens. Des variations qui sont moins marquées pour les aires de 200.000 à 700.000 habitants et faibles ou inexistantes pour les aires de moins de 200.000 habitants.
Pour l'Insee, le télétravail joue beaucoup dans ces mouvements. En témoignent les données : "c'est dans les départements où les emplois apparaissent les plus compatibles avec le télétravail que le ratio des entrées sur les sorties mesuré à partir des données de réexpédition de La Poste a le plus baissé entre 2018 et 2021". C'est ce qui se passe notamment dans les départements d'Ile-de-France, le Rhône et la Haute-Garonne, où les fonctions métropolitaines et les emplois de bureau, conciliables avec le télétravail sont surreprésentés.