Delphine Labails : "On pouvait s'attendre à ce que cette semaine d'enseignement à distance soit mieux organisée"
Quelles difficultés les collectivités ont-elles rencontrées durant la semaine de continuité pédagogique du 6 au 9 avril ? Vont-elles pouvoir accueillir des enfants dans leurs centres de loisirs durant les vacances de printemps qui débutent ce 10 avril ? De quelle manière la rentrée du 26 avril se prépare-t-elle ? Delphine Labails, maire de Périgueux et coprésidente de la commission de l'éducation de l'Association des maires de France (AMF), a répondu à ces questions face à la presse (en visioconférence) ce vendredi 9 avril, quelques heures à peine après un long échange avec Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, et Adrien Taquet, secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles. Morceaux choisis.
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Accueils de loisirs pendant les vacances
"Les accueils de loisirs seront ouverts pour les enfants des personnels prioritaires. Mais une disposition précise que, sur sollicitation des collectivités, les préfets peuvent autoriser l'accueil d'autres publics. Sont ciblés les enfants porteurs de handicap ou les publics en difficulté, en milieu rural ou urbain dense. Pour ces publics en difficulté, les activités auront lieu obligatoirement en extérieur, par groupes de six enfants. Contrairement à ce qui avait été annoncé, il n'y a pas de circulaire qui prévoit l'organisation de ces activités. C'est une simple tolérance laissée à l'appréciation des préfets de département.
- Pour les groupes de mineurs accueillis dans les accueils de loisirs, un assouplissement de la zone de déplacement devrait être autorisé au-delà de la zone de dix kilomètres pour pouvoir accéder à des ERP (équipements accueillant du public, ndlr) de plein air. C'est typiquement un déplacement qui va permettre d'accéder à une base de loisirs.
- Sur ces activités de plein air, il va falloir croiser l'encadrement dont on dispose pour assurer la sécurité avec la liste des activités autorisées. Certaines activités physiques ou sportives comme le football ou le basket (sports collectifs, ndlr) ne sont pas autorisées.
-Ces décisions ont été communiquées aux associations d'élus ce vendredi à 12 heures 30 et il nous faut faire redescendre les informations dans nos réseaux. Cela met les collectivités dans une grande difficulté pour pouvoir organiser ces activités dès lundi.
- Compte tenu des délais d'annonce, des conditions d'organisation, du nombre d'enfants possiblement accueillis et du nombre de personnel d'encadrement nécessaire, soit un adulte pour six enfants, cela fait beaucoup de conditions. Il va falloir être très volontaire."
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Rentrée scolaire du 26 avril, vaccination et protocole sanitaire
"Jean-Michel Blanquer a réaffirmé qu'il n'y avait pas à polémiquer sur la date de rentrée. Elle est toujours prévue au 26 avril pour le premier degré, et en présentiel le 3 mai pour le second degré.
- Les personnels de l'Éducation nationale ou des collectivités en lien direct avec les enfants devraient faire l'objet d'une vaccination en même temps. Celle-ci est prévue pour… début avril. Les modalités pratiques sont en cours d'élaboration, on ne nous a pas communiqué de calendrier.
- Des autotests vont être mis à disposition fin avril, début mai dans chaque établissement scolaire. Comme les vaccins, ils seront financés par l'État.
- Il n'a pas été annoncé d'évolution du protocole sanitaire à partir du retour des enfants à l'école. De toute façon, on peut difficilement faire plus que ce que l'on fait déjà."
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Continuité pédagogique durant la semaine du 6 au 9 avril
"Nous avons longuement échangé sur les difficultés de connexion lors des premiers jours de l'actuelle continuité pédagogique (lire notre article de ce jour).
- Les ENT (espaces numériques de travail) ont présenté quelques fragilités. Ils ont été pensés avant le confinement et souvent ne sont pas adaptés pour avoir tous les élèves en visioconférence en même temps. Mais dans l'ensemble, le ministre de l'Éducation nationale considère que nous avons eu une bonne semaine.
- Peu de collectivités sont dotées d'ENT. Ce sont essentiellement les régions et quelques départements qui en disposent. Ces outils sont très coûteux et très lourds en termes de maintenance.
- Sur cette question, notre réserve est toujours la même : quid des territoires ruraux où les connexions sont compliquées ? Quid des familles sans solution numérique ? Le ministre de l'Éducation nationale nous a rappelé que du matériel était à disposition auprès du rectorat, mais les familles ne vont pas aller avec leurs petits pieds jusqu'au rectorat. C'est une information que nous allons faire redescendre dans le réseau AMF. Chaque maire qui constaterait que des enfants sont dépourvus de matériel pourra solliciter le rectorat.
- On pouvait s'attendre à ce que cette semaine d'enseignement à distance soit mieux organisée. On avait quand même eu durant tout l'automne les états généraux du numérique. On aurait pu anticiper, tester les outils."