Délinquance enregistrée : près de 9 communes sur 10 ne sont pas concernées par le trafic de stupéfiants
Alors que l’attention est attirée ces derniers mois sur l’explosion du narcotrafic dans tous les territoires, la dernière publication du service statistique ministériel de la sécurité intérieure ne manquera pas d’intéresser, sans invalider pour autant le constat. De son analyse de la géographie de la délinquance à l’échelle communale enregistrée en 2024 par les services de police et de gendarmerie nationales, il ressort en effet qu’aucun fait de trafic de stupéfiant n’a été enregistré depuis trois ans dans près de 80% des communes (qui rassemblent 18,4% de la population) et qu’aucun ne l’a été en 2024 dans près de 90% d’entre elles (qui concentrent 29,6% de la population). Plus encore, 74,7% des faits de trafic de stupéfiant enregistrés l’an passé l’ont été dans le 1% des communes les plus peuplées (environ 350). Le taux atteint même 98,6% si l’on retient les 10% des communes les plus peuplées. Seuls les vols avec armes et les vols violents sans arme connaissent une concentration plus importante.
À l’autre extrémité, les escroqueries et fraudes aux moyens de paiement enregistrées constituent le fait le plus "décentralisé" : seules 23% des communes n’ont enregistré aucun fait de ce type en 2024 (nota : à la différence des autres indicateurs, ces crimes et délits sont localisés au lieu de résidence de la victime, ce qui favorise mécaniquement leur distribution géographique). Si près de la moitié des victimes de ces arnaques résident dans les communes formant les grands centres urbains, une victime sur trois habite dans une commune de moins de 5.000 habitants, et une sur quatre dans une commune rurale. Si le nombre de victimes connaît de manière générale une croissance exponentielle (+64% vs 2016), singulièrement portée par le développement de l’usage du numérique, cette hausse est par ailleurs plus marquée dans les communes rurales (+101%) qu’urbaines (+53%).