Emploi des jeunes - Décrocheurs : le dispositif "ANI Jeunes" a prouvé son efficacité
Les résultats du dispositif "ANI Jeunes" sont bien meilleurs que les résultats des dispositifs comparables. C'est la conclusion principale du rapport d'évaluation publié le 7 décembre et réalisé par la société coopérative de conseil Geste, suite à une commande des partenaires sociaux.
Ce dispositif a été mis en place en 2011 dans le cadre de l'accord national interprofessionnel (ANI) du 7 avril 2011. Objectifs : accompagner les jeunes sortis du système éducatif sans qualification (avec une mise en œuvre confiée aux missions locales), accompagner les jeunes ayant intégré un cursus dans l'enseignement supérieur rencontrant des difficultés à s'insérer professionnellement (mise en œuvre confiée à l'Apec), et accompagner les jeunes ayant un diplôme et/ou une qualification reconnue et rencontrant des difficultés récurrentes pour accéder à un emploi durable (mise en œuvre confiée à Pôle emploi).
L'évaluation ne porte quant à elle que sur la mise en œuvre effectuée par Pôle emploi et les missions locales. Au total, en 2012, 28.500 jeunes ont bénéficié du dispositif à Pôle emploi et 22.800 dans les missions locales. L'objectif initial était de 40.000 jeunes (20.000 pour chaque structure).
Les taux de sortie en emploi durable sont plutôt encourageants : 43,5% à Pôle emploi et 28,7% dans les missions locales. "Ces deux taux, non comparables compte tenu de la spécificité des publics, sont de très bons taux dans le paysage de l'accompagnement renforcé, détaille le rapport, les résultats obtenus en termes d'insertion dans l'emploi durable sont meilleurs que ceux des dispositifs comparables." C'est le cas par rapport aux dispositifs "Trajectoire emploi" (TRA) et Cap vers l'entreprise (CVE) à Pôle emploi.
Même constat pour les missions locales. Le dispositif mis en place obtient de meilleurs résultats en termes d'insertion que le Civis et même bien meilleurs que le Civis renforcé : le taux de sortie en emploi durable est ainsi de 20,5% en Civis renforcé (27,4% en Civis), contre 28,7% dans le dispositif ANI Jeunes.
Peu de pratiques innovantes
Autre intérêt du dispositif : il tend à réduire les inégalités d'accès à l'emploi. A Pôle emploi, pour les jeunes sortis du système scolaire depuis un et quatre ans, l'écart des taux de chômage entre le niveau CAP-BEP et le bac est de 18%. Ces écarts "sont bien supérieurs à ceux de la cohorte ANI Jeunes 2012", précise le rapport, qui évalue l'écart à 9% entre niveau V (post CAP) et niveau III (diplômes de niveau bac +2). Et les réductions d'écart s'observent aussi pour le lieu de résidence, que le jeune soit issu d'une zone urbaine sensible (ZUS) ou non.
Alors quels sont les facteurs de réussite de ce dispositif ? Pour les auteurs du rapport, les moyens affectés par les partenaires sociaux ont eu leur importance. Au total, 30 millions d'euros ont été affectés pour la période jusqu'à fin 2012 aux missions locales et la même somme à Pôle emploi, pour accompagner 20.000 jeunes chacun. Pour 2013, le dispositif a été prolongé par un avenant jusqu'au 30 juin et par un autre jusqu'au 31 décembre, avec un montant supplémentaire de 60 millions d'euros. Des budgets qui sont issus du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP).
La méthode utilisée pour suivre ces jeunes est également mise en avant comme facteur de réussite. Chez Pôle emploi, les conseillers sont le plus souvent dédiés au dispositif. Ils suivent chacun une cinquantaine de jeunes. Les contacts sont fréquents : sur une durée moyenne de 4,7 mois, il y a un contact hebdomadaire et deux entretiens par mois. Dans les missions locales, les conseillers sont plus rarement dédiés à l'ANI Jeunes. Ils suivent une soixantaine de jeunes, "mais ce portefeuille peut être dépassé dans les petites missions locales où le dispositif n'est pas géré de manière spécifique", précise le rapport. Le temps de l'accompagnement, douze mois en moyenne au sein des missions locales, est ponctué d'entretiens (1,5 entretien, individuel et par téléphone, par mois en moyenne), plus fréquents que pour l'ensemble des publics accueillis en mission locale.
Reste que peu de pratiques innovantes ont été initiées grâce à ce nouveau dispositif, et que le "stop and go" de celui-ci, qui a finalement été prolongé, a créé des complexités pour la gestion dans chacune des structures.