Déconfinement : un plan de 20 millions d'euros pour encourager la pratique du vélo
Le ministère de la Transition écologique a annoncé ce 30 avril un plan de 20 millions d'euros pour faciliter la pratique du vélo dans la perspective du déconfinement. Prise en charge des réparations, stationnement temporaire, formations pour apprendre à circuler en sécurité : il sera déployé en partenariat avec la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB). Le gouvernement veut aussi accélérer la mise en place du forfait mobilités durables pour les salariés qui se rendent à leur travail à vélo et encourager les collectivités territoriales à développer des pistes cyclables temporaires.
Le vélo plutôt que le métro comme mode de transport ? À l'approche du déconfinement, la petite reine, qui était jusque-là à la traîne par rapport à d'autres pays européens, va bénéficier d'un coup d'accélérateur avec l'annonce ce 30 avril, par le ministère de la Transition écologique, d'un plan de 20 millions d'euros, dans le cadre du programme de certificat d’économie d’énergie "Alvéole", pour encourager sa pratique. "Alors que 60% des trajets effectués en France en temps normal font moins de 5 km, les semaines à venir représentent une occasion pour de nombreux Français, d’ores et déjà cyclistes ou non, de choisir le vélo pour se rendre au travail ou faire des déplacements de proximité", a déclaré la ministre Élisabeth Borne, citée dans un communiqué.
En ville, le vélo apparaît aussi comme un moyen d'éviter un report massif sur la voiture après le 11 mai, certains habitants risquant de se détourner des transports en commun par crainte du virus. Or, le rebond de la circulation automobile risquerait d'ajouter à l'épidémie des problèmes de congestion des routes et de pollution de l'air.
"Coup de pouce réparation vélo" de 50 euros
Déployé en partenariat avec la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), le plan gouvernemental prévoit d'abord un "coup de pouce réparation vélo" qui cible les quelque 30 millions de vélos d'occasion existants. Leurs propriétaires pourront bénéficier d'une prise en charge jusqu'à 50 euros hors taxe pour leur remise en état (changement de chaîne, frein, pneu, dérailleur…) à condition de faire appel à un réseau de réparateurs qui seront référencés sur une plateforme en ligne dont la mise en place a été confiée à la FUB. Petite précision : l'aide à la réparation sera une aide par vélo, et non par personne ; ce qui signifie que le vélo devra être identifiable (numéro de série, ou marquage contre le vol). Si la bicyclette est éligible, le forfait de 50 euros sera alors déduit du montant de la réparation (hors taxe), et ensuite reversé au réparateur a précisé à l'AFP le président de la FUB, Olivier Schneider. Professionnels et associations du vélo pourront se faire référencer la semaine prochaine sur la plateforme, qui sera ouverte au public la semaine suivante, a-t-il indiqué. Collectivités et employeurs sont aussi invités à proposer leur participation pour compléter le forfait, et à le signaler sur le site. Pour Olivier Schneider, ces mesures pourraient permettre de remettre en route quelque 300.000 vélos.
Pour apprendre à circuler en sécurité, des formations gratuites "coup de pouce remise en selle" - de 1 à 2 heures d’apprentissage, individuellement ou en petit groupe, avec un moniteur expérimenté – sont aussi prévues par le plan. La liste des moniteurs agréés sera accessible sur la même plateforme que le "coup de pouce réparation".
Le plan entend aussi financer des places de stationnement temporaires pour vélo - jusqu’à 60% des coûts d’installation pourront être pris en charge.
Le très attendu forfait mobilités durables
Le gouvernement veut également accélérer l'instauration dans le secteur privé du forfait mobilités durables prévu par la loi d'orientation des mobilités (LOM). Ce forfait, qui pourra atteindre jusqu'à 400 euros, doit permettre aux employeurs de prendre en charge les frais de déplacement de leurs salariés sur leur trajet domicile-travail effectué à vélo (ou en covoiturage ou à l’aide d’autres services de mobilité partagée). Le ministère de la Transition écologique promet l’adoption "dans les prochains jours" du décret d’application de la loi.
Appui aux aménagements cyclables temporaires
Le gouvernement compte par ailleurs encourager la mise en place d'aménagements cyclables temporaires par les collectivités territoriales en créant de nouvelles voies de circulation pour les vélos ou en élargissant des pistes cyclables existantes (lire notre article). Cet appui passe par un soutien technique des services de l'État. Le Cerema, opérateur du ministère de la Transition écologique, a diffusé des fiches pratiques à destination des gestionnaires de voirie et à la demande d’Élisabeth Borne, Pierre Serne, président du Club des villes et territoires cyclables, assure "un travail de facilitation et de coordination des initiatives prises par les collectivités territoriales pour développer l’usage du vélo dans la période". Le ministère indique aussi que la mise en place d’installations temporaires telles que des pistes cyclables temporaires et des aménagements piétons temporaires (lire notre article) sera dispensée d’autorisations préalables, notamment des Architectes des Bâtiments de France.
Le fonds de dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) pourra quant à lui être mobilisé par les préfets pour cofinancer des pistes cyclables temporaires "au cas par cas avec les collectivités territoriales qui ne disposeraient pas de ressources suffisantes", souligne le ministère.
Enfin, le gouvernement invite les collectivités territoriales, en lien avec les représentants de l’État "à tout mettre en œuvre pour que les cyclistes puissent circuler en sécurité, notamment en maintenant les voies vertes accessibles lorsque les conditions d’ouverture pour les cyclistes y sont remplies". Des instructions ont été transmises aux préfets en ce sens, affirme le ministère. Les autorités organisatrices de la mobilité doivent "veiller à la cohérence et à la continuité des itinéraires aménagés temporairement pour le vélo et autres engins de déplacement personnel motorisés (trottinettes électriques...) afin de proposer les conditions les plus attractives et sécuritaires pour les usagers", insiste-t-il encore.
La pratique du vélo est autorisée pendant le confinement, tranche le Conseil d'État
La pratique du vélo reste autorisée pendant le confinement, a confirmé ce 30 avril le Conseil d'État. Saisie par la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) car des cyclistes ont été verbalisés, la haute juridiction administrative demande au ministère de l'Intérieur de rappeler que "ne sont réglementés que les motifs de déplacement et non les moyens de ces déplacements qui restent libres. La bicyclette est donc autorisée à ce titre comme tout autre moyen de déplacement, et quel que soit le motif du déplacement". "Les verbalisations résultant de la seule utilisation d'une bicyclette, à l'occasion d'un déplacement autorisé, sont injustifiées", selon l'ordonnance.
Mais les restrictions de temps et de distance d'un kilomètre quand il s'agit de faire du sport "privent en principe d'intérêt l'usage de la bicyclette pour un déplacement exclusivement motivé par l'activité physique individuelle", précise le Conseil d'État.
AFP