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Déconfinement dans les transports : les usagers font entendre leur voix, Elisabeth Borne répond aux opérateurs

La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) s'est dit favorable, ce 4 mai, à l'obligation du port du masque et à tous les dispositifs contribuant à la sécurité des voyageurs. L'accroissement de l'offre de transport après le 11 mai doit s'accompagner d'une régulation de la demande, estime aussi la Fnaut, qui soutient une poursuite "intense" du télétravail et des dispositions spécifiques pour les TER. Alors que les opérateurs de transports s'inquiètent des contraintes liées à la distanciation physique, la ministre de la Transition écologique a, elle, apporté des précisions ce 4 mai sur la gestion des flux de voyageurs.

Pour la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), la sécurité des voaygeurs reste "la première préoccupation", à l'approche du déconfinement. Dans un communiqué diffusé ce 4 mai, elle se dit favorable à l'obligation du port du masque. Elle souhaite même qu'il soit conseillé sur l'espace public "afin de ne pas stigmatiser les transports publics". Quant à la verbalisation, "elle doit être conditionnée à la possibilité effective de s'en procurer".
Tous les moyens sont bons selon elle pour protéger les usagers dans leurs déplacements : distributeurs de gel hydro alcoolique installés dans un maximum de véhicules (trains, bus, tramway) ; ouvertures/fermetures automatiques de toutes les portes du véhicule, à tous les arrêts ; marquage sur les quais afin de faciliter les entrées/sorties ; messages systématiques dans les véhicules invitant à se disséminer et à ne pas stationner devant les portes ;  désinfection "très fréquente" des véhicules ; isolement total du conducteur…

Accroître l'offre de bus pour soulager le réseau souterrain

Pour la Fédération, la remontée de 30 à 70% puis 100% de fonctionnement des services est "la première exigence pour faciliter la distanciation". "Cette montée en puissance doit être rapide, d'ici à fin mai", soutient-elle et pour cela, elle estime que les enfants des salariés des réseaux de transport doivent "très vite" être accueillis dans les établissements scolaires au même titre que les enfants des personnels soignants.
"L'accroissement de l'offre passe aussi par la vitesse commerciale des bus en surface", souligne la Fnaut, qui appelle les collectivités à profiter du confinement pour allouer davantage d'espaces aux couloirs de bus, aux pistes cyclables et aux cheminements piétons. Mais attention à ne pas développer les pistes cyclables au détriment des transports en commun, prévient-elle. "Un bus avec une place sur deux occupe moins d'espace que 25 voitures", fait-elle valoir. "Le développement des réseaux de surface efficaces, plus faciles et plus rapides à organiser, respectueux plus aisément de la distanciation physique, allégera d'autant le réseau souterrain", poursuit-elle, en suggérant de prévoir, dans la limite des moyens disponibles, "des lignes de bus à très forte fréquence pour doubler les lignes de métro et tram".

Propositions pour les TER

A l'unisson des acteurs du monde des transports, la Fnaut juge aussi que la régulation de la demande passe après le 11 mai par "la poursuite intense du télétravail, l'aménagement des horaires pour alléger les pointes", et "sans doute aussi la réservation des transports publics dans certaines tranches horaires à ceux qui doivent travailler".  Pour les TER, elle demande que "sur chaque ligne régionale, circule dans l'immédiat au minimum un train aller et retour, chaque jour, et que sur les lignes très fréquentées, l'offre soit maximale pour permettre d'étaler les pointes".
Elle réclame des plans de transport "au moins hebdomadaires et affichés le samedi au plus tard". Selon elle, la réservation obligatoire dans les TER n'est pas souhaitable. Mais elle juge nécessaire le renforcement du personnel aux arrêts et en gare pour gérer les flux.

Maîtrise des flux et règles de distanciation physique : les précisions d'Elisabeth Borne

La question de la maîtrise des flux de passagers, casse-tête des opérateurs de transports qui craignent de ne pas pouvoir assurer la distanciation physique, a justement été évoquée par Elisabeth Borne  sur LCI ce 4 mai. "Dans chacune des grandes métropoles, en particulier en Ile-de-France, différents scénarios sont examinés avec dans certains cas des hypothèses où on limiterait le nombre de stations ouvertes", a déclaré la ministre de la Transition écologique, également en charge des Transports. "Dans certains cas on n'exclut pas de fermer certaines stations, certaines correspondances pour pouvoir s'assurer que le flux d'entrées dans les transports en commun est bien maîtrisé", a-t-elle ajouté, précisant que cela devait être tranché "rapidement".
La ministre a aussi répondu aux inquiétudes des opérateurs sur les règles de distanciation physique à faire respecter. Dans une lettre commune envoyée le 30 avril au Premier ministre, ces derniers ont prévenu qu'ils n'étaient pas en mesure d'assurer cette distanciation sans une "limitation drastique des flux en amont" à un maximum de 10% à 20% de la capacité des véhicules. Un espacement obligatoire d'un mètre entre passagers "limitera mécaniquement notre capacité à transporter un nombre de voyageurs suffisant à la reprise économique", ont mis en garde les patrons de la RATP, la SNCF, Keolis et Transdev, exprimant leur hostilité à une telle mesure imposée au niveau national. Les opérateurs craignent notamment "en cas de forte affluence, de devoir prendre (...) des décisions d'arrêt du service susceptible de générer des troubles à l'ordre public".

Nouvel appel en faveur du maintien du télétravail

"Il leur revient d'augmenter l'offre de transport le plus possible mais en même temps il faut absolument réduire drastiquement la demande aux heures de pointe", a reconnu ce lundi Elisabeth Borne, rappelant l'appel aux employeurs à maintenir "le plus possible" leurs salariés en télétravail et à "étaler les horaires d'arrivée et de départ". "Il faut réduire drastiquement les flux et c'est ce qui rendra possible la distanciation dans les transports", a-t-elle martelé. Ce sera aux entreprises de faire respecter cette distanciation, "avec des renforts de la sécurité civile, des polices municipales et avec le soutien des forces de l'ordre". Le défaut de port de masque dans les transports sera puni d'une amende de 135 euros. Selon la ministre, "il faudra aussi prévoir des contrôles et des sanctions pour qui ne respecterait pas ces règles" de distanciation.

 

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