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Environnement - Déchets nucléaires : 1.121 sites de stockage recensés dans le nouvel Inventaire national

L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) vient de sortir l'édition 2009 de l'"Inventaire national des matières et déchets radioactifs". Il s'agit du premier rapport rendu public depuis la loi du 28 juin 2006 qui a chargé l'Andra "d'établir, de mettre à jour tous les trois ans et de publier l'Inventaire des matières et déchets radioactifs présents en France ainsi que leur localisation sur le territoire national". Selon cette nouvelle édition, fondée sur des données arrêtées au 31 décembre 2007, 1,15 million de mètres cubes de déchets nucléaires étaient stockés à cette date sur 1.121 sites en France. Ils proviennent pour 62% du secteur électronucléaire mais aussi de laboratoires de recherche, de la défense ou de matériel médical.
Les déchets hautement radioactifs (plusieurs dizaines de milliards de becquerels par gramme) issus des combustibles des centrales forment une part infime en volume (0,2% avec 2.293 m3) mais représentent 94,98% de la radioactivité totale. Dans l'attente d'un stockage durable en profondeur envisagé dans un site autour de Bure (Meuse) d'ici 2025, ces déchets ainsi que ceux "de moyenne activité à vie longue", qui représentent 3,6% du volume des déchets pour 4,98% des rayonnements, sont conservés sur les sites de La Hague (Manche), de Marcoule (Gard) et Cadarache (Bouches-du-Rhône).
La majeure partie des stocks est aujourd'hui constituée de déchets de "faible activité" dont le rayonnement est de quelques dizaines à quelques centaines de milliers de becquerels par gramme. Les déchets de faible et moyenne activité à vie courte, qui constituent 68,8% du volume (792.695 m3) pour 0,03% de la radioactivité sont pris en charge par l'Andra dans le centre de stockage de l'Aube. Les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL) - essentiellement des déchets de graphite issus du démantèlement des premières centrales nucléaires ou provenant de sites ou matériaux pollués par du radium - représentent 7,2% du volume pour 0,009% de la radioactivité. Deux communes de l'Aube, Auxon et Pars-lès-Chavange, ont été récemment pré-sélectionnées pour accueillir un site de stockage de ce type de déchets qui devrait être mis en service en 2019. Quant aux déchets de "très faible activité" qui s'élèvent à quelque 232.000 m3, soit 20% du volume total et une part infime de la radioactivité, ils sont actuellement stockés en surface dans l'Aube.
L'Inventaire national comprend également des informations sur les "déchets historiques", produits par le passé ou dont l'origine est liée à des activités qui ont disparu. Il répertorie ainsi 20 sites sur lesquels sont stockés des déchets liés à la fabrication du combustible nucléaire. 19 sont d'anciens sites miniers, dont 16 contiennent des résidus du traitement des minerais d'uranium et 3 des déchets liés à l'exploitation des usines utilisées pour ces traitements. Un nouveau chapitre du Résumé de l'Inventaire est entièrement consacré aux objets radioactifs anciens (réveils luminescents, fontaines à eau, aiguilles au radium...) que l'on peut encore trouver aussi bien chez des particuliers, des collectionneurs que dans des lycées. Une centaine de ces objets sont collectés chaque année par l'Andra qui diffuse régulièrement des informations pour sensibiliser les mairies, les sapeurs-pompiers, les rectorats, les préfectures et les syndicats de traitement de déchets pour pouvoir les récupérer et les gérer comme les autres déchets radioactifs. En janvier dernier, le conseil régional de Lorraine a été le premier à demander une collecte groupée pour l'ensemble des lycées de la région. Cette campagne a permis de collecter 50 objets radioactifs anciens, essentiellement utilisés dans des cours de sciences physiques.
Depuis la loi de 2006, l'Andra dispose aussi de moyens pour agir sur des sites "orphelins" pollués par des activités datant de l'entre-deux-guerres (industrie du radium, notamment). Au fil du temps, la mémoire de ces sites a été perdue et certains ont été réaménagés en logements, haltes-garderies ou écoles. Sur les 60 sites "oubliés" que l'Andra a réussi à recenser, 30 ont été totalement assainis, dont des terrains industriels de l'usine Lip de Besançon ou d'Aventis à Romainville (93), 6 ont encore des déchets stockés provisoirement sur place et 24 sont en attente ou en cours d'assainissement. Dans ce dernier lot figurent un ancien groupe scolaire de Nogent-sur-Marne (94), des sites du port autonome de Clichy (92), de la faculté d'Orsay (91) ainsi que des maisons particulières.
Fin 2030, l'Andra estime que le volume total des déchets nucléaires devrait atteindre 2,25 millions de m3 dont plus de 5.000 m3 de déchets dits "à haute activité". Quant au volume des déchets de très faible activité, il devrait quadrupler.

 

Anne Lenormand avec AFP

 

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