Environnement - Débat citoyen planétaire : près de 80% des participants "très concernés" par le changement climatique
Pour "la plus vaste enquête d'opinion" jamais menée sur le climat, selon les termes de l'ONU, co-initiatrice du débat citoyen planétaire organisé le 6 juin, quelque 10.000 personnes de 75 pays, choisies pour représenter la diversité socio-économique de leur pays se sont retrouvées par petits groupes animés par un modérateur. Elles ont échangé toute la journée et répondu à une trentaine de questions sur les enjeux de la COP21 qui se tiendra à Paris à la fin de l'année. Au total, 96 débats locaux ont eu lieu, des îles Fidji jusqu'en Arizona. Christiana Figueres, la responsable climat aux Nations unies, a exprimé l'espoir que cette initiative puisse "répercuter aux décideurs les inquiétudes, les espoirs et les aspirations des citoyens quant au monde qu'ils souhaitent pour eux et leurs enfants".
Selon les premiers résultats, qui seront soumis le 10 juin à Bonn aux délégations chargées de négocier l'accord mondial contre le réchauffement planétaire espéré à Paris en décembre, 79% des participants se disent d'abord très concernés par le changement climatique. Cette proportion monte jusqu'à 81% en France, où 18% des citoyens se disent aussi "moyennement concernés".
COP21 : les Français plus volontaristes que les autres
81% des Français considèrent que les mesures pour lutter contre le changement climatique sont plutôt une opportunité, contre 66% des personnes interrogées dans le monde. Les résultats sont identiques concernant les efforts mondiaux qui devraient se concentrer de manière égale sur l'adaptation et l'atténuation (64%). 88% des Français ont en revanche un avis très négatif sur les résultats des négociations des Nations unies depuis 1992 ; au niveau mondial, cette proportion tombe à 71%. Ils sont aussi plus volontaristes pour que tout soit fait, lors de la COP21 de la fin 2015 à Paris, pour limiter la hausse des températures à 2°C, seuil limite à partir duquel les impacts risquent d'être dévastateurs (76% des Français contre 63% des personnes interrogées dans le monde). Les Français sont aussi un peu plus nombreux (plus de 72%) que l'ensemble des participants (70%) à estimer que la lutte pour le changement climatique est avant tout une responsabilité mondiale. Ils sont par contre plus de 56% (contre seulement 48% des participants dans le monde) à considérer qu'il s'agit essentiellement d'une responsabilité des citoyens. Interrogés sur les outils pour lutter contre le changement climatique, 15% des Français (contre 9% des participants dans le monde) se disent hostiles à la taxe carbone quelle que soit son application.
Les subventions aux énergies renouvelables plébiscitées
Pour réaliser des réductions importantes d'émissions de gaz à effet de serre, les subventions aux énergies renouvelables, qu'elles soient éoliennes, solaires, marines ou géothermiques, arrivent en tête (47% en France, 57% dans le monde). En France comme ailleurs, 60% des personnes interrogées placent en tête les solutions appliquées au niveau mondial pour répondre le plus efficacement au problème du changement climatique. Les outils jugés les plus adaptés à la réduction des émissions sont les programmes éducatifs destinés au grand public (pour 76% des Français et 78% de l'ensemble des participants) et la protection des forêts tropicales (pour 50% des Français et 42% de l'ensemble des personnes interrogées).
A la question "Que pensez-vous de la façon dont votre pays combat le changement climatique ?", les réponses sont très contrastées. Seuls 25% des Français estiment que le changement climatique est une priorité nationale à juste titre contre 44% de l'ensemble des participants. Si le changement climatique n'est pas une priorité nationale, 65% des Français pensent qu'il devrait l'être, contre 46% de l'ensemble des personnes interrogées. Plus de 80% d'entre elles (85% en France) considèrent que leur pays devrait prendre des mesures afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, même si beaucoup d'autres pays n'en prennent pas. 69% des personnes interrogées (61% des Français) considèrent en outre qu'un accord à Paris devrait comporter un objectif mondial à long terme, juridiquement contraignant pour tous les pays, pour arriver à zéro émission de gaz à effet de serre à la fin du siècle. Les meilleures bases pour fixer l'ambition des contributions nationales en faveur du climat sont les émissions actuelles ou anticipées pour 39% des citoyens dans le monde (41% en France) et pour 33% d'entre eux (38% en France) les capacités économiques actuelles ou futures. Après 2020, 79% des personnes interrogées dans le monde considèrent que les pays à haut revenu devraient payer plus que le montant convenu en faveur des pays pauvres (100 milliards de dollars). Un avis partagé par seulement 62% des Français. Plus des trois quarts des citoyens souhaiteraient que les efforts des pays en développement dépendent du soutien des pays développés.
La moitié tout juste des personnes interrogées (61% des Français) pensent que chaque pays devrait avoir le droit d'inspecter les autres sur leurs efforts. 73% de l'ensemble des participants demandent qu'un accord à Paris comporte des objectifs nationaux juridiquement contraignants pour tous les pays. Plus de 91% (95% des Français) considèrent que tous les pays devraient publier leurs émissions et leur progrès. Enfin, 84% de l'ensemble des participants jugent utile le débat citoyens planétaire pour le processus de décision de la COP21 contre 65% seulement des Français.