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De nouveaux postes d'enseignants en 2020 malgré des effectifs scolaires en baisse

Le ministère de l'Éducation nationale estime que les effectifs des élèves devraient connaître une baisse continue dans le premier degré d'ici à 2024. Dans le second degré, les effectifs connaîtront d'abord une hausse avant de chuter à leur tour. Malgré ses prévisions, Jean-Michel Blanquer annonce de nouvelles créations de postes d'enseignants sur tout le territoire à la rentrée prochaine.

Des effectifs en baisse dans le premier degré et en hausse dans le second degré dans les cinq prochaines années, c'est ce que prévoit la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) du ministère de l'Éducation nationale dans deux notes publiées en mars 2020.
Dans le premier degré, le nombre d’élèves devrait s’établir à 6.653.200 à la rentrée de septembre 2020 puis à 6.388.000 à l'horizon 2024. Pour rappel, ce nombre était de 6.703.800 à la rentrée 2019 et présentait déjà une "forte baisse" par rapport à 2018 (-46.500 élèves). C'est en fait depuis 2017 que les effectifs en élémentaire ont commencé à diminuer.

L'élémentaire plus touché en 2024

Cette prévision peut paraître surprenante en raison de l’abaissement de l’âge de l’instruction obligatoire à trois ans depuis septembre dernier. Mais en considérant, d'une part, que 96,5% des enfants de trois ans étaient déjà scolarisés avant l'entrée en vigueur de la réforme, et d'autre part, les évolutions démographiques à venir, avec des générations de plus en plus petites, la baisse se poursuivra bien à la fois au niveau préélémentaire et au niveau élémentaire.
Si, à la rentrée 2020, la baisse des effectifs devrait concerner plus fortement le niveau préélémentaire (-44.300 élèves contre -6.300 en élémentaire), en tenant compte des naissances actuelles, la baisse se concentrera ensuite de plus en plus sur le niveau élémentaire jusqu’à la rentrée 2024.
Toujours à propos du premier degré, la note donne ses prévisions concernant les effectifs de l'enseignement public. À la rentrée 2019, 5.764.900 élèves fréquentaient des écoles primaires publiques, soit 86% des élèves. "Ce taux devrait globalement peu évoluer aux rentrées 2020 et suivantes", précise la Depp, pour s’établir à 86,9% en préélémentaire, et à 85,3% en élémentaire. 

Une hausse ralentie dans le second degré

Si dans le second degré la tendance est à la hausse, on devrait toutefois connaître un ralentissement puis une décroissance dans les prochaines années. Jusqu'en 2023, la Depp prévoit une augmentation à chaque rentrée scolaire : +22.500 élèves en 2020 et +28.400 en 2021. Puis la courbe s'affaiblira légèrement : +19.000 en 2022, +16.000 en 2023. C'est à compter de 2024 que la courbe va s'inverser, avec une diminution attendue des effectifs du second degré de 7.000 élèves.
L'explication est, bien entendu, à chercher là encore du côté de la démographie : "Les générations qui vont entrer dans le second degré entre les rentrées 2020 et 2023 sont toutes à plus de 820.000 naissances alors que celles qui le quitteront comptent environ 800.000 naissances", écrit la Depp.
Dans le détail, l’augmentation prévue en 2020 ne devrait concerner que les collèges (+19.700 élèves), tandis que les effectifs des lycées devraient rester stables. En 2021, la hausse devrait concerner, pour moitié, les lycéens généraux et technologiques, pour un quart, les lycéens professionnels, et pour le dernier quart, les collégiens. 
Si le point haut des effectifs en collège devrait atteindre 3.439.000 élèves en 2021 (un record depuis 1996), à partir de 2022, le nombre de collégiens commencera à baisser, suivant en cela une chute continue du nombre de naissances depuis 2010.

La voie pro en hausse

Dans les lycées, en revanche, la variation des effectifs n’est pas aussi tributaire des générations qu’elle ne l’est dans les collèges. On a ainsi observé que le taux de passage entre troisième et seconde (générale ou technologique), qui avait fortement augmenté entre 2011 et 2017, connaît une légère inversion de tendance depuis la rentrée 2018. Et la prévision de la Depp repose sur la poursuite de cette baisse. Résultat : "Les effectifs prévus dans les lycées d’enseignements généraux et technologiques sont un peu plus faibles que ceux prévus par la seule démographie."
Quant à la voie professionnelle, si elle a connu une baisse des effectifs à la rentrée 2019 pour la quatrième année consécutive, la tendance devrait s'inverser, avec une légère hausse des effectifs dès la rentrée 2020 (+2.200 élèves), puis un élan plus net entre 2021 et 2023 (+7.500 élèves supplémentaires).

Effectifs enseignants en hausse

Dans ce contexte de baisse globale des effectifs scolaires dans le premier degré, faut-il s'attendre à une diminution du nombre de postes d'enseignants et, parallèlement, à des fermetures de classes, voire d'écoles ? Lors de son audition par la commission des affaires culturelles du Sénat le 9 avril, Jean-Michel Blanquer a pu apporter des réponses.
Le ministre de l'Éducation nationale a tout d'abord rappelé que, dans un contexte électoral bouleversé où la plupart des maires n'ont pas encore pris leurs fonctions, il n'y aurait aucune fermeture de classes dans les communes de moins de 5.000 habitants. Pourquoi ce seuil ? "L'idée est, de manière pragmatique, de viser les petites communes, celles où le risque est de voir fermer des classes sans ouverture par ailleurs", explique Jean-Michel Blanquer. Quant aux communes de plus de 5.000 habitants, elles ne sont pas oubliées : "Nous prenons l'engagement, c'est nouveau, que le solde des ouvertures et des fermetures se traduira par une amélioration du taux d'encadrement. Ces communes sont donc aussi gagnantes", a confié le ministre.
Enfin, Jean-Michel Blanquer a confirmé la création de 1.248 postes d'enseignants dans le premier degré, en plus de la création des 440 postes déjà prévus. "Nous avons dû revoir, de manière exceptionnelle, nos prévisions de rentrée en ce qui concerne la carte scolaire, a-t-il déclaré. […] Notre objectif est d'augmenter les moyens de l'enseignement primaire pour rattraper notre retard par rapport aux autres pays de l'OCDE. C'est pourquoi, rentrée après rentrée, nous investissons dans le primaire, en créant des postes, alors même que le nombre d'élèves diminue, notamment en milieu rural." Surtout, le ministre de l'Éducation nationale a bien précisé qu'il s'agissait bien de "créations nettes qui se traduisent par des crédits supplémentaires, conformément à un arbitrage budgétaire du Premier ministre".