Davantage de violence dans les QPV et QRR, pointe le ministère de l'Intérieur

Une étude du ministère de l’Intérieur observe que les QPV et les QRR enregistrent davantage d’actes de violence que les unités urbaines qui les englobent (ou, plus encore, que la France en général). Un mouvement qui, en outre, va en s’amplifiant, le SSMSI mettant en lumière "un mouvement de concentration de la délinquance vers ces quartiers entre 2022 et 2023".

Une étude du service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) observe que les 1.466 quartiers prioritaires de la ville (QPV – dont 1.362 en métropole) et les 60 quartiers de reconquête républicaine (QRR – hors Mayotte et Nouvelle-Calédonie –, lesquels "recoupent voire englobent souvent des QPV") enregistrent davantage d’actes de violence – mais moins de vols non violents – que les territoires qui les entourent. Elle relève en outre que la délinquance enregistrée dans ces quartiers y augmente plus vite que chez leurs voisins.

Une violence enregistrée plus importante dans les QPV/QRR qu’ailleurs

L’étude souligne qu’en 2023, les QPV, qui abritent 8,4% de la population, ont enregistré un taux d’homicide pour 1.000 habitants quatre fois supérieur à celui des unités urbaines les englobant (0,04 vs 0,01). Les coups et blessures volontaires intrafamiliaux (4,5‰ vs 2,9) et en dehors du cadre familial (3,1‰ vs 2,3), ou les vols violents, avec (0,3‰ vs 0,2‰) ou sans arme (1,6‰ vs 1,2) enregistrés y sont également bien supérieurs. Un écart qui est plus marqué encore au regard des taux observés sur la France entière, hors Mayotte.

Mais des quartiers moins touchés par les vols

En revanche, les vols sans violence, que ce soit contre des personnes (9,2‰ vs 13,4), de logement (1,9‰ vs 3,9) ou dans/sur véhicules (5‰ vs 6,8 ‰), y sont moins nombreux que leurs voisins. Un dernier constat déjà inversement dressé l’an passé par le SSMSI dans une étude relative aux cambriolages de logement, laquelle constatait que plus grande est la proximité avec un QPV, plus nombreux sont les cambriolages (v. notre article du 16 mai 2023).

Au total, un nombre de mis en cause deux fois plus important

Au total, au regard des dix crimes et délits enregistrés étudiés par le SSMSI (qui vont du vol dans un véhicule à l’homicide), l’étude indique qu’en moyenne "on compte 12,5 mis en cause pour 10.000 habitants dans les QPV (…) contre 6,5 dans leurs unités englobantes". Elle souligne que la surreprésentation des QPV est "maximale" pour les vols violents et les homicides, avec un nombre de mis en cause pour 10.000 habitants "entre 2,3 et 3,4 fois plus élevé en QPV ou en QRR".

Un mouvement qui s’amplifie 

L’étude observe par ailleurs "un mouvement de concentration de la délinquance vers ces quartiers entre 2022 et 2023", constat déjà précédemment esquissé (v. notre article du 18 juillet). Elle note ainsi, sur cette période, que les homicides et les vols avec arme ont fortement progressé dans les QPV (respectivement +35% et +33%) alors qu’ils régressaient dans les unités urbaines englobant ces derniers (-6% dans les deux cas). La tendance est la même, mais moins marquée, pour les violences sexuelles (+13% vs +6%) et les coups et blessures volontaires intrafamiliaux (+8% vs +6%) et hors cadre familial (+9% vs -2%). "La situation est similaire pour les QRR", précise l’étude. Non sans relativiser ainsi le satisfecit décerné l’an passé par la Cour des comptes à ce dispositif (v. notre article du 27 avril 2023).