Crise sanitaire et mobilité : quels leviers d'action pour les autorités organisatrices ?
La Banque des Territoires vient de publier une étude sur la manière dont les autorités organisatrices de la mobilité (AOM) peuvent s'adapter aux changements d'usage post-Covid. Issue d'échanges avec un échantillon représentatif d'AOM métropolitaines, cette étude vise à éclairer les acteurs publics des transports en explorant les possibles leviers d'action, à différents horizons de temps et de moyens, pour compléter l'offre de transports urbains. De son côté, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a mis en ligne un questionnaire pour sonder les voyageurs sur leurs habitudes de mobilité avant la crise et aujourd'hui.
Réalisée par la Chaire d'Économie urbaine de l'Essec en partenariat avec la Banque des Territoires, l'étude "Mobilités du quotidien-Comment les autorités organisatrices de la mobilité peuvent-elles s'adapter aux changements d'usages post-Covid ?" vise à fournir à ces autorités (AOM) un outil d'analyse pour les guider dans leurs initiatives pour faire évoluer l'offre de mobilité. Eprouvées par la chute de fréquentation consécutive au Covid qui a bouleversé leurs équilibres économiques (chutes des recettes perçues des usagers et réduction du versement mobilité dû par les entreprises de plus de 11 salariés), les AOM ont tout autant besoin de conseils pour s'adapter aux conséquences opérationnelles et budgétaires de la crise sanitaire que d'éclairages prospectifs à moyen terme et long terme pour faire face au défi de la transition énergétique dans la mobilité.
Retours d'expérience
Fondée sur les retours d'expérience de huit AOM aux caractéristiques variées - Saint-Brieuc Armor Agglomération, Nantes Métropole, Châteauroux Métropole, Métropole du Grand Nancy, Colmar Agglomération, Le Grand Chalon, Toulouse Métropole et Sète Agglopôle Méditerranée -, l'étude présente les leviers qu'elles ont actionnés à court terme (réduction des capacités et des fréquences, aide à l'achat de vélos à assistance électrique, gratuité partielle), à moyen terme (pérenniser les "coronapistes", infrastructures liées au vélo comme les parkings sécurisés, développement de vélos en libre-service, véhicules partagés à la demande, subvention au covoiturage, dématérialisation des titres de transport, tarification modulable en heure de pointe…) et à long terme - extension/augmentation capacitaire du réseau lourd (tramway/métro), développement/renouvellement des grandes lignes de bus dans une optique de transition écologique.
Après ce recensement des bonnes pratiques, les auteurs de l'étude livrent une série de recommandations associées à un horizon temporel pour hiérarchiser la rapidité de leur mise en œuvre. Suivant le type de solution analysé, ils font ressortir les impacts en termes d'usages (conséquences sur de nouveaux usages et sur la fréquentation des transports en commun) et de budget, en distinguant la section de fonctionnement de la section d'investissement.
Conséquences de la crise sanitaire sur les habitudes de transport : une enquête de la Fnaut auprès des usagersLa Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a mis en ligne un questionnaire pour comparer les habitudes de déplacements des usagers avant et depuis la crise sanitaire. Les mesures sanitaires restrictives de déplacements, le développement du télétravail et les éventuels changements de domicile ont en effet pu modifier certaines habitudes de mobilité. Il s’agit donc de mesurer l’impact de facteurs propres aux transports (offre, coût, fréquence, fiabilité, vitesse, accès, confort, règles sanitaires, etc.) et exogènes (habitudes de vie, niveau de vie, modification des programmes d'activités/loisirs, organisation du travail, etc.) sur les éventuels changements de mobilité des usagers. La Fnaut souhaite aussi recueillir l’avis des usagers sur diverses pistes d’amélioration proposées, tant au niveau de la qualité de service (fiabilité de l’information, renforcement des mesures sanitaires, davantage d’espace pour chaque voyageur), de la tarification (suspension et adaptation des abonnements, baisse globale des prix) que de l’organisation des transports (création de nouvelles lignes, augmentation des fréquences, amélioration de l’intermodalité). Les réponses au questionnaire sont attendues de préférence avant le 10 décembre prochain. |