Coronavirus : de nouvelles limitations et interdictions
Face à l'augmentation du nombre de cas confirmés, la France se préparant toujours au passage au stade 3 de l'état d'alerte, "tous les rassemblements de plus de 1.000 personnes sont désormais interdits", en plein air comme en milieu clos. Avec, toutefois, des exceptions possibles. Un certain nombre d'événements sont d'ores et déjà annulés, qu'ils soient culturels... ou politiques avec les meetings de campagne.
La France muscle sa réponse face au coronavirus à six jours des municipales et se tient prête à une aggravation de la situation qui grève déjà sérieusement l'économie (lire notre article du jour sur ce volet économique) et contraint de nombreux événements au huis clos.
Deux nouveaux décès ont été enregistrés ce lundi 9 mars, en Corse et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, portant à 21 le nombre total de personnes décédées, alors que 1.191 cas sont confirmés, selon le décompte du ministère de la Santé.
La majorité des personnes décédées étaient âgées et/ou déjà d'une santé précaire. Aussi les visites des moins de 15 ans ont-elles été interdites depuis la fin de semaine dernière dans les maisons de retraite. Et dans les établissements de santé, les visites sont limitées à une personne. Cependant, les dispositifs d'urgence, "plan blanc" pour les hôpitaux, "plan bleu" pour les Ehpad, ne sont activés qu'au cas par cas, sur décision des directeurs d'établissement en concertation avec la Direction générale de la Santé (voir notre article spécifique de ce jour). Le ministre de la Santé veut aussi assouplir les conditions des téléconsultations et a décidé de déplafonner les heures supplémentaires pour les professionnels de santé à l'hôpital. La France se prépare au passage au stade 3 de l'état d'alerte, qui doit permettre de limiter la propagation du virus. Ce stade implique la mobilisation de tous les secteurs et professionnels de santé, y compris la "réserve sanitaire", comme des médecins retraités, sur la base du volontariat. Le Congrès de Médecine Générale (CMGF) a par conséquent annoncé l'annulation de son congrès annuel, alors que les généralistes sont en première ligne.
Face à la propagation du virus et de la maladie, les dirigeants européens tiendront mardi une visioconférence pour coordonner leurs actions, a annoncé l'Elysée. Emmanuel Macron souhaite "plus de coordination européenne et internationale" et annoncera dans l'après-midi des "initiatives".
Evénements : annuler ou réduire la jauge
Pour freiner au maximum la propagation du virus, "tous les rassemblements de plus de 1.000 personnes sont désormais interdits", en plein air comme en milieu clos, a annoncé dimanche le ministre de la Santé, Olivier Véran, sachant que jusqu'ici, seuls les rassemblements en intérieur de plus de 5.000 personnes étaient interdits.
Cette interdiction touche ainsi un certain nombre d'événements sportifs (le match PSG-Dortmund se déroulera à huis clos, la rencontre de rugby France-Irlande prévue samedi est reportée…) que les spectacles. La durée de cette mesure ne sera connue qu'avec la publication d'un décret. Alors, s'adapter semble être le maître mot de nombreux organisateurs d'événements. Sans plus attendre, certaines grandes salles, comme celle de la Philharmonie de Paris, ont annulé tous leurs concerts, tandis que d'autres étudiaient la possibilité de réduire leur jauge. "Pour le spectacle vivant le coup sera fatal", réagissait le représentant d'un label musical.
Des exceptions sont toutefois prévues : les manifestations de rue, les concours et le recours aux transports en commun. A charge pour les préfets et ministères d'identifier les "événements considérés comme utiles à la vie de la nation".
S'agissant de la fermeture des établissements scolaires et crèches dans les endroits les plus touchés, ce sont environ 350.000 élèves qui sont restés chez eux ce lundi, avec un enseignement à distance. C'est le cas dans "l'Oise, tout le Haut-Rhin, une partie du Morbihan et la ville d'Ajaccio", selon le ministre de l'Education.
Municipales : place aux réseaux sociaux...
Les nouvelles mesures de restriction liées au coronavirus conduisent de nombreux candidats à annuler leurs meetings dans la dernière ligne droite de la campagne des municipales.
Edouard Philippe a appelé lundi des maires pour faire un point sur la tenue du scrutin des 15 et 22 mars et les rassurer. Dans un courrier adressé aux élus samedi, il a de nouveau insisté qu'il n'était "aucunement question de reporter" les élections. Il a rappelé la "pertinence" des "mesures barrières" - pas de mains serrées, d'embrassades, lavage régulier des mains - et le renforcement du dispositif de recueil des votes par procuration.
A Paris, la candidate LR Rachida Dati, qui comptait "près de 2.000 inscriptions" pour son meeting lundi soir, a assuré qu'il serait maintenu, avec "une jauge en deçà des 1.000 personnes". Anne Hidalgo a annulé le sien prévu jeudi soir pour "peut-être le remplacer par un dispositif virtuel".
De même, à travers la France, de nombreux candidats ont choisi l'annulation pure et simple, au nom du "principe de "précaution" et de leur responsabilité particulière de politiques. Tel est le cas à Marseille, tant pour Martine Vassal (la candidate officiellement investie par LR) que pour Bruno Gilles (LR dissident) et pour le Printemps Marseillais (union de la gauche). A Toulouse, Jean-Luc Moudenc et la liste citoyenne-verte-rouge Archipel citoyen ont annulé leurs meetings. Tout comme Nicolas Florian, maire LR sortant à Bordeaux. A Châteauroux, Gil Avérous (LR) a décidé d'annuler "malgré l'absence de cas détecté dans l'Indre". Des annulations également à Lyon, à Saint-Etienne, à Strasbourg… A la place, la campagne va pour certains consister à "privilégier les rencontres individuelles et intensifier les échanges interactifs via les réseaux sociaux".