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Banlieues - Contrat d'autonomie : 1.701 jeunes "arrachés aux cages d'escaliers"

Mesure ambitieuse de la branche Emploi du plan Espoir Banlieues, les contrats d'autonomie font, un an après leur démarrage, l'objet de nombreuses controverses. Alors que le taux de chômage est aujourd'hui deux fois plus important dans les quartiers de la politique de la ville que dans les autres zones urbaines, le Parti socialiste a tout simplement demandé le 4 novembre une interruption immédiate du dispositif qualifié "d'inefficace et dispendieux". Un sujet abondamment débattu, jeudi, à l'Assemblée, lors des débats sur la mission "Travail et emploi" du projet de loi de finances (PLF) 2010.

La secrétaire d'Etat à la Politique de la ville a répondu par une mise au point le lendemain dans un communiqué de presse. Fadela Amara y défend la raison d'être de ces contrats censés connecter les jeunes, de moins de 26 ans, peu ou pas qualifiés, issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville, et les entreprises, par l'intermédiaire d'organisme privés ou publics, en affichant des chiffres qu'elle juge, contrairement à l'avis du Parti socialiste, "particulièrement encourageants". Pour 16.412 contrats signés au 2 novembre 2009, 1.701 jeunes ont connu une sortie positive, c'est-à-dire la signature d'un contrat de travail de plus de six mois ou l'accès à une formation qualifiante ou à la création d'une entreprise. Certes, il sera difficile d'atteindre l'objectif du gouvernement qui souhaitait arriver à 22.500 contrats signés à fin 2009 sur un objectif total de 45.000 à fin 2011. Si la situation de départ était mauvaise pour ces jeunes qui échappent aux dispositifs classiques d'aides à l'emploi, on peut craindre que la crise alourdisse la délicate tâche des organismes qui proposent leur coaching intensif individualisé, et qui ont été choisis "pour leurs compétences en matière d'accompagnement des publics très éloignés de l'emploi". Les détracteurs du contrat d'autonomie lui reprochent, en plus de son inefficacité, son coût élevé pour des résultats qu'ils jugent insatisfaisants. Un coaching dont le coût peut varier selon les quartiers entre 7.500 et 9.000 euros par contrat signé, c'est pour beaucoup un gouffre inacceptable dans une situation aussi critique que celle que nous connaissons. "Une obligation de résultat" affichait Fadela Amara dans son plan Banlieues lorsqu'elle parlait des organismes chargés du coaching... "Le financement de l'opérateur est fixé selon des critères de résultat, c'est-à-dire de mise en emploi" peut-on lire sur le site du Minefe... Or, avec 3.000 euros versés dès la signature du contrat avec le jeune, et le reste s'il y a embauche, l'obligation de résultat est plus ou moins remise en question.
Par ailleurs, le choix de créer ces contrats d'autonomie gérés par des organismes pour la plupart privés plutôt que de confier ce travail aux actuelles missions locales qui gèrent quant à elles le Civis, a engendré, au moment du lancement du dispositif, des étincelles qui ne vont certainement pas s'éteindre au regard des chiffres. Si Fadela Amara affirme dans son communiqué qu'il était nécessaire de confier à d'autres organismes cette branche de son plan Banlieues, les résultats probants des missions locales (voir notre article ci-contre "Contrat d'autonomie : le précieux coup de pouce des missions locales") vont à l'encontre de leur supposée "incapacité à gérer ce public particulier qu'il faut arracher aux cages d'escaliers".
Le prochain Comité interministériel des villes (CIV), annoncé en octobre et remis à une date ultérieure, sera l'occasion de faire, comme le souligne Fadela Amara, un point quantitatif et qualitatif du contrat d'autonomie. A ce moment-là, il sera temps de faire parler les chiffres, de voir qui a bénéficié de ce dispositif, et certainement de prendre les mesures qui s'imposeront quant à leur avenir. Mais avec 85 millions de budget annuel, ces contrats d'autonomie représentent une manne financière que beaucoup aimeraient s'approprier.

 

Sandrine Toussaint

 

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