Attentats / Tourisme - Conséquence des attentats sur l'activité touristique : il est urgent d'attendre
Le ministère des Affaires étrangères organisait, le 23 novembre, une réunion avec les représentants du tourisme parisien et francilien, ainsi que les représentants des agences de voyage, des tour-opérateurs, des hôteliers restaurateurs et des transporteurs (Air France, SNCF, ADP). Outre la présence de Laurent Fabius et de Thomas Fekl, le secrétaire d'Etat chargé de la promotion du tourisme, les participants ont eu droit à la visite surprise de Manuel Valls. Le Premier ministre n'a rien annoncé de particulier, préférant renvoyer toute mesure éventuelle après la période des fêtes, qui servira ainsi de test.
Manuel Valls a certes redit la volonté du gouvernement de marquer sa solidarité avec tous les acteurs du secteur impactés par les événements du 13 novembre. Mais, pour le Premier ministre, "il faut être ni irresponsable, ni alarmiste", même si "tout porte à croire que l'impact sur le tourisme peut être plus lourd, et peut être même plus durable, qu'en janvier".
"Tordre le cou aux rumeurs"
En attendant, l'objectif numéro un est de "rassurer sur la sécurité des touristes qui visitent la France", qu'ils soient Français ou étrangers. Manuel Valls a notamment rappelé que "les conditions de sécurité ont été considérablement renforcées" et indiqué que les pouvoirs publics vont continuer de promouvoir la destination France, notamment en mobilisant le réseau des ambassades. Il a également tenu à "tordre le cou à certaines rumeurs", comme l'éventualité d'une fermeture des frontières de la France ou le raccourcissement du délai de validité des visas.
A la différence du secteur culturel - qui va bénéficier d'une enveloppe spécifique (voir notre article ci-contre du 20 novembre 2015) -, le secteur touristique se contentera des mesures de droit commun, prévues pour tous les acteurs économiques impactés, comme l'étalement des impôts et des cotisations sociales ou la mise en place d'un guichet spécial par le RSI. Seul geste spécifique : Bpifrance, devenu l'un des principaux financeurs du secteur du tourisme, a annoncé dans un tweet, le 16 novembre, qu'elle "suspend pour six mois les échéances de ses crédits aux hôteliers", en "soutien à l'hôtellerie parisienne durement frappée".
Une chute spectaculaire à court terme...
A court terme, il est vrai que la chute est spectaculaire. Selon une étude du cabinet spécialisé MKG Hospitality, le taux d'occupation des hôtels parisiens a connu une chute de 21 et 23 points les nuits du samedi 14 et dimanche 15 novembre, autrement dit 24 et 48 heures après les attentats. Ce brutal recul de la fréquentation a eu pour conséquence une chute tout aussi spectaculaire du RevPAR - le revenu par chambre -, qui constitue l'un des principaux indicateurs de la situation du secteur. Le RevPAR a ainsi reculé de 21,1% samedi et de 28,5% dimanche.
Selon MKG, "l'impact des attentats de vendredi 13 novembre sur l'industrie [touristique, ndlr] apparaît nettement plus fort que celui des attaques du 7 janvier 2015". Le cabinet rappelle que la baisse du taux d'occupation n'avait pas alors excédé 2,7 et 2,8 points les 9 et 10 janvier, engendrant respectivement un recul du RevPAR de 8,5% et 6,6%. La baisse d'activité s'était fait sentir durant une quinzaine de jours, avant un redressement progressif. Toutefois, "un léger 'effet de traîne' avait perduré auprès de la clientèle loisirs, se traduisant par un recul des indicateurs hôteliers sur les week-ends". Il est vrai qu'il s'agissait alors d'attentats "ciblés", qui ne paraissaient pas viser l'ensemble de la population de façon indifférenciée.
... et de fortes incertitudes à moyen terme
Si le recul consécutif aux attentats de novembre 2015 semble ainsi beaucoup plus brutal, l'essentiel va toutefois se jouer à moyen et long terme. Et sur ce point, les perspectives semblent difficiles à décrypter. D'un côté, un certain nombre de signaux ont inquiété les professionnels, à l'image de l'annonce, par l'Association des maires de France et "à la demande de l'Etat", du report à juin 2016 de son congrès et du Salon des maires qui l'accompagne traditionnellement. Pour le président de l'Union des métiers de l'industrie et de l'hôtellerie (Umih), "l'annulation du salon des maires de France est catastrophique pour le secteur hôtelier et représente finalement plus d'impact que la COP 21", maintenue, mais à un format réduit pour les manifestations annexes.
Mais de l'autre côté, les réservations touristiques connaissent une reprise manifeste, même si elles ne semblent pas encore revenues à leur niveau des attentats.