Communication institutionnelle et communication politique : pas facile d'y voir clair
Dans la perspective du prochain Forum Cap'Com de la communication publique, qui se tiendra au Havre les 5, 6 et 7 décembre prochains, le réseau des communicants publics présente les résultats d'une enquête sur "Les amours contrariées de la com publique et de la com politique". Son principal intérêt est de dresser un état des lieux des relations - parfois compliquées - entre directeurs de cabinet et directeurs de la communication, "le tandem communicant" comme le présente Cap'Com.
La communication "omniprésente" dans les missions d'un cabinet
Selon l'étude, la dimension de communication est ainsi "omniprésente" dans les missions d'un cabinet. Ainsi, 42% des collaborateurs de cabinet disent y consacrer entre le quart et la moitié de leur temps de travail, 14% entre la moitié et les trois quarts et 16% plus des trois quarts de leur activité. Seuls 28% des collaborateurs de cabinet y consacrent moins du quart de leurs temps.
Toute la question est alors le sens donné au mot "communication". Sur ce point, l'enquête montre que les collaborateurs de cabinet en ont une appréhension très large, qui correspond au champ de la "communication politique". En font partie, selon 68% des répondants, la rédaction de discours et d'éditoriaux, ainsi que l'animation des réseaux sociaux des élus. De même, la communication sur le projet de l'exécutif (réunions, bilan...) relève plutôt (47%) ou exclusivement (39%) de la communication politique. Enfin, les relations presse et les relations publiques des élus avec les réseaux institutionnels, associatifs et politiques relèvent aussi plutôt (46%) ou exclusivement (48%) de la communication politique.
Mais la perception du champ politique au sein des cabinets va nettement au-delà de ces interventions très typées. Ainsi, 56% des collaborateurs de cabinet estiment que les relations presse et médias de la collectivité relèvent du champ politique, et donc de leur compétence. Cette proportion atteint même 87% pour la communication de crise, qui fait pourtant appel à des techniques et des savoir-faire de plus en plus professionnels.
Que reste-t-il à la com ?
Dans ces conditions, que reste-t-il à la communication institutionnelle ? Aux yeux des collaborateurs de cabinet, relèvent plutôt de cette dernière la communication interne de la collectivité (89%), tout ce qui touche à l'image, la charte graphique ou au logo (88%), la communication numérique (70%), ainsi que la réalisation des publications comme le magazine, le journal, ou la lettre de la collectivité (67%).
Enfin, d'autres missions apparaissent davantage partagées entre communication politique et institutionnelle. C'est le cas de la démocratie locale, de la concertation, et des instances participatives, avec une répartition deux tiers/un tiers. C'est aussi le cas de la communication financière (50/50) ou du protocole dans l'organisation des cérémonies, manifestations et fêtes (55/45).
19% des dircab estiment que les deux formes de communication relèvent du seul cabinet
Au final, près de la moitié des directeurs de cabinet (46%) estiment que la communication politique et son pendant institutionnel relèvent conjointement du cabinet et du service de la communication, tandis qu'un tiers d'entre eux (34%) pensent que la communication politique relève du cabinet et la communication institutionnelle du service de la communication. Restent 19% des directeurs de cabinet pour estimer que les deux formes de communication relèvent du seul cabinet et seulement 2% pour juger qu'elles incombent uniquement au service de la communication.
Enfin, les directeurs de cabinet sont également partagés sur l'organisation de la fonction communication au sein des collectivités. Ainsi, 42% d'entre eux pensent que cette fonction doit être assurée par un service rattaché au cabinet, tandis que 40% estiment qu'elle doit être mise en œuvre par un service rattaché à la fois au cabinet et à la direction générale. A l'inverse, 13% estiment que la fonction communication doit être carrément intégrée au cabinet, alors que 5% jugent au contraire qu'elle doit être rattachée exclusivement à la direction générale.