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Ciel plombé pour les aéroports français en 2020

L'année 2020 apparaît comme une "catastrophe" pour les aéroports français qui ont connu une chute de la fréquentation de 67,3%, a annoncé ce 16 mars l'Union des aéroports français (UAF), inquiète aussi des conséquences du projet de loi Climat et Résilience débattu à l'Assemblée.

"C'est une situation complètement inédite pour notre secteur", a affirmé ce 16 mars le délégué général de l'Union des aéroports français (UAF), Nicolas Paulissen, en commentant les chiffres de l'activité 2020, qui traduisent selon lui "l'ampleur de la catastrophe". "Les pertes de chiffres d'affaires se chiffrent en milliards d'euros", a souligné le président de l'organisation, Thomas Juin.
Touchés de plein fouet par la crise sanitaire, les équipements aéroportuaires du pays ont connu une chute de la fréquentation de 67,3%. Ils ont accueilli 70 millions de voyageurs l'année dernière contre 214 millions en 2019, choc qui a néanmoins été plus ou moins violent selon les régions, a précisé l'UAF.
Déjà dévoilé par le gestionnaire Groupe ADP, l'effondrement de l'activité des aéroports parisiens, qui concentrent 51,9% du trafic du pays, s'inscrit dans la tendance. Il a été plus fort que la moyenne à Roissy-Charles de Gaulle (-70,8%), principale porte d'entrée des voyageurs en provenance de l'étranger.

Moindre baisse de trafic pour les aéroports régionaux

Les aéroports régionaux  qui comptent entre 1 et 5 millions de passagers habituellement affichent la plus faible baisse en 2020 avec 60,3% de passagers en moins. Cela s’explique selon l'UAF par le fait que le trafic de ces aéroports en 2019 était à plus de 55% à destination de la France. Or, c'est justement le trafic domestique qui a été le moins impacté par la crise du coronavirus. De plus, on retrouve dans cette catégorie deux aéroports corses (Ajaccio – Napoléon Bonaparte et Bastia – Poretta) qui ont eu des chutes de trafic inférieures à 50% cette année. La Corse est ainsi la région française qui voit son trafic le moins diminuer durant cette année (-43.4%). Les aéroports de proximité (entre 100.000 et 1 million de passagers en temps normal) ont vu leur trafic baisser de 65,5%, mais les disparités sont grandes entre ces aéroports : certains présentent des pertes de trafic de l’ordre de 30% à 40% tandis que d’autres sont autour des -70% voire des -80% de trafic passagers.
Les grands aéroports régionaux totalisant plus de 5 millions de passagers en 2019 (plateformes de Bâle – Mulhouse, Bordeaux – Mérignac, Lyon – Saint-Exupéry, Marseille – Provence, Nantes – Atlantique, Nice – Côte d’Azur, Toulouse – Blagnac) -, qui représentent plus d’un tiers du trafic métropolitain, ont vu leur trafic diminuer de 68,8% en 2020. Ils ont maintenu un trafic compris entre 2 millions et 4,5 millions de passagers.

Bonne résistance des aéroports d'outre-mer

L'outre-mer a bénéficié des mesures en faveur de la continuité territoriale et vu son trafic passagers se replier "seulement" de 50,5%, un phénomène également constaté dans les principaux aéroports corses avec une chute comprise entre 36 et 48%. La nécessité du transport aérien pour accéder à des zones éloignées ou difficile d’accès explique aussi la moindre baisse de trafic des aéroports d'outre-mer. Ce sont ceux  de Nouvelle-Calédonie qui ont enregistré la plus faible perte de passagers (-44,2%), suivis par ceux des Antilles (-48,9%) grâce notamment aux résultats de l’aéroport de Guadeloupe – Pôle Caraïbes qui devient le 10e aéroport français. Le trafic a chuté d’environ 49% en Polynésie française et en Guyane et de 57,9% pour les aéroports de l’océan Indien.

Forte chute du trafic international

Par type de trafic, le low-cost a diminué de 70% en 2020, alors que le trafic des compagnies traditionnelles a reculé de 67,5%. Toutefois, le trafic low-cost continue de représenter un tiers du trafic passagers en France métropolitaine, et près de 50% de trafic pour les grands aéroports régionaux et pour les aéroports régionaux, souligne l'UAF. Avec la mise en place de mesures limitant les voyages à l’étranger cette année, c’est donc le trafic à l’international qui a été le plus touché (-72.5%, contre -56.5% pour le trafic domestique). Le trafic international qui représentait 74% de trafic de la France métropolitaine en 2019, ne représente plus que 64% de ce trafic. Sur les 64 millions de passagers en France métropolitaine, 41 millions étaient à destination ou en provenance de l’international. La part du trafic domestique est importante pour les aéroports de proximité (64,1%, contre 50,1% en 2019) et pour les aéroports régionaux (68,2%, contre 55% en 2019). Le trafic vers et depuis les destinations hors Schengen représente quand même 34,3% du trafic métropolitain total et 48% du trafic des plateformes parisiennes.

Opposition de l'UAF au volet aérien du projet de loi Climat et Résilience

L'UAF espère un début de reprise à l'été prochain. Pour l'heure, elle réaffirme son opposition au volet aérien du projet de loi Climat et Résilience en cours de discussion au Parlement et qui prévoit notamment la fin de certaines liaisons aériennes intérieures et de limiter l'extension des aéroports (lire notre dossier). Même si l'organisation partage "à 100%" le but d'une baisse des émissions de l'aérien, "la logique pour y parvenir (...) basée sur la décroissance, ne mènera à rien sauf à la destruction d'emplois et de richesses uniquement en France", a estimé son président.