Choléra à Mayotte : une situation "sous contrôle", selon le ministre de la Santé
Alors que des élus appellent à fermer la frontière maritime avec les Comores et à vacciner massivement la population, Frédéric Valletoux estime que la stratégie d’intervention ciblée a jusqu’à présent suffi à contenir la poussée du choléra à Mayotte.
Après la sécheresse, le choléra. Un enfant de trois ans est décédé à Mayotte le 8 mai 2024, moins de deux mois après l’apparition des premiers cas de choléra sur l’île.
La situation est "sous contrôle", a répété ce 14 mai 2024 sur TF1 le ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, à l’issue d’un déplacement à Mayotte en fin de semaine dernière. La maladie est "plutôt circonscrite dans un quartier", dans la ville de Koungou, indique le ministre. Signe selon lui que la stratégie de traitement et de vaccination ciblée – 4.500 personnes vaccinées – fonctionne. Frédéric Valletoux mentionne toutefois un cas autochtone détecté dans une autre commune – celle de M’tsangamouji, d’après Santé publique France.
Selon le dernier bulletin d’information de l’agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, daté du 13 mai, 78 cas de choléra ont été recensés à Mayotte, dont 15 "cas actifs" et un patient décédé. Au 8 mai, selon le dernier point de Santé publique France, 63 cas étaient enregistrés, dont 49 "acquis localement" et 14 "importés des Comores ou des pays du continent africain".
L’épidémie de choléra a démarré en février 2024 aux Comores, où sont comptabilisés aujourd’hui plus de 5.000 cas et 102 décès. Santé publique France observe "une intensification de la circulation [de la maladie] ces dernières semaines en particulier à Anjouan, l'île la plus proche géographiquement de Mayotte". Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les Comores font actuellement partie des pays les plus touchés par le choléra, au même titre que plusieurs pays d’Afrique de l’Est. En tout, 23 pays ont signalé des épidémies et les estimations font état de 700.000 cas en 2023, après 473.000 cas en 2022.
"Un cocktail explosif pour une maladie mortelle"
Députée Liot de Mayotte, Estelle Youssouffa demande sur X "la fermeture de la frontière en mer pour empêcher l’entrée de malades clandestins des Comores", mais aussi "une vaccination massive", du gel hydroalcoolique, des bouteilles d’eau et des pastilles de désinfection de l’eau. "Mayotte, c’est un département qui est un désert médical, avec une population clandestine de plusieurs dizaines de milliers de personnes qui vivent dans des bidonvilles, quelques dizaines de soignants qui sont épuisés et des coupures d’eau : c’est un cocktail explosif pour une maladie mortelle", a-t-elle alerté au micro de RTL le 9 mai. Mayotte ne dispose que d’un seul hôpital, cinq urgentistes, une quarantaine de médecins de ville et pas de Samu actuellement, pour une population estimée officiellement à 300.000 habitants – certains citant le chiffre de 500.000 habitants si l’on inclut les personnes en situation irrégulière.
"A ce rythme, le choléra va se propager sur l’ensemble de Mayotte, puis à La Réunion et enfin en métropole", prévient dans Libération Madi Moussa Velou, vice-président en charge de la santé au conseil départemental de Mayotte, qui demande également la vaccination de tous les habitants volontaires.
Le ministre de la Santé a exclu, ce jour sur TF1, tout risque de diffusion du choléra dans l’hexagone, en insistant sur la faible létalité de la maladie (1,5%) lorsque celle-ci était traitée. Le 10 mai, au micro de RTL, Frédéric Valletoux indiquait que la stratégie vaccinale ciblée sur les zones touchées avait été validée par le Haut Conseil de la santé publique et que les stocks de vaccins étaient suffisants pour les mois à venir. Concernant les moyens sanitaires, "la situation est très tendue", a-t-il admis. "Nous n’abandonnerons pas Mayotte", a promis le ministre de la Santé, rendant hommage aux 86 réservistes (infirmiers et médecins) venus de l’hexagone et aux associations présentes sur l’île.
Les élus de Mayotte seront reçus ce 17 mai par le chef de l’État qui leur présentera les grandes orientations des deux projets de loi destinés à supprimer le droit du sol dans le 101e département français.