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Culture / Tourisme - Champagne et Bourgogne entrent ensemble au patrimoine mondial de l'Unesco

Réuni à Bonn (Allemagne), jusqu'au 8 juillet, le comité du patrimoine mondial a inscrit deux sites français au titre des biens culturels : les "coteaux, maisons et caves de Champagne" et les "climats du vignoble de Bourgogne" (climat s'entendant ici non pas comme une allusion météorologique, mais correspondant à la désignation locale des parcelles de vignes). Ce sont ainsi deux éléments majeurs du patrimoine et de la culture vitivinicoles français qui - après la juridiction de Saint-Emilion en 1999 - entrent au patrimoine mondial. Ils succèdent ainsi à la grotte Chauvet, inscrite l'an dernier (voir notre article ci-contre du 23 juin 2014).

Huit ans de patience

Le premier élément à noter est l'acceptation de deux dossiers sur une seule session, alors que la tendance de l'Unesco est de limiter l'afflux de dossiers de pays développés, qui ont davantage de facilités à monter les candidatures. Il faut en effet remonter à 2010 (la "Cité épiscopale d'Albi" et les "Pitons, cirques et remparts de l'île de la Réunion) et 2011 (les "Causses et les Cévennes, paysage culturel de l'agro-pastoralisme méditerranéen" et les "Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes") pour retrouver pareil doublé.
Autre point à souligner : les deux candidatures remontent à plus de huit ans. La Bourgogne avait ainsi annoncé son intention de déposer un dossier lors de la célèbre vente aux enchères des hospices de Beaune, en novembre 2006 (voir notre article ci-contre du 27 novembre 2006). Pour mémoire, la Bourgogne avait déjà été inscrite en 1992 sur la liste indicative (établie par les Etats), mais la démarche n'avait finalement pas eu de suite.

Des candidatures sans accroc

Sur le fond, le dossier de la Champagne n'a soulevé aucune difficulté, certains membres du comité s'étonnant même que le dossier n'ait pas été déposé plus tôt. Le comité a été sensible au fait qu'"il s'agit des lieux où fut développée la méthode d'élaboration des vins effervescents, grâce à la seconde fermentation en bouteille, depuis ses débuts au XVIIe siècle jusqu'à son industrialisation précoce au XIXe siècle".
En pratique, l'inscription couvre les villes de Reims et d'Epernay, ainsi que différents coteaux dans les environs. C'est la seconde inscription pour la Champagne - et pour la ville de Reims - après celle de la cathédrale Notre-Dame, de l'ancienne abbaye Saint-Rémi et du palais du Tau en 1991.
La tâche a été un peu plus ardue pour la Bourgogne, puisque les experts s'inquiétaient du manque de protection du sud de la zone proposée. Mais le comité a choisi de passer outre, en considérant qu'il ne s'agissait que d'une petite fraction du territoire concerné. En outre, la France s'est engagée à compléter les protections nécessaires. Le comité a été sensible au fait que "le site est un exemple remarquable de production vitivinicole développé depuis le haut Moyen Âge". Avec cette inscription, qui englobe aussi Dijon, la Bourgogne dispose désormais de trois sites sur la liste du patrimoine mondial, avec la basilique et la colline de Vézelay (1979) et l'abbaye cistercienne de Fontenay (1981).
Si les deux sites n'ont sans doute pas grand'chose à attendre en termes de notoriété - compte tenu de la réputation mondiale des vins qu'ils produisent -, ils espèrent en revanche une augmentation d'environ 20% de la fréquentation touristique.