Energies renouvelables - Cergy-Pontoise s'offre la plus grande chaufferie à bois publique de France
Le 4 décembre, la plus grande chaufferie à bois publique de France a été inaugurée à Saint-Ouen-l'Aumône par la communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise, dans le Val-d'Oise. Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, qui avait fait le déplacement, en a profité pour rappeler son engagement en faveur du développement de la filière bois-énergie, qui absorbe 20% des investissements régionaux dans les énergies renouvelables (ENR). Un appui de la région de 5,2 millions d'euros a été fourni au financement de cette impressionnante installation qui en a coûté 17. Surtout, la concrétisation de ce projet a permis de résoudre ce que Dominique Lefebvre, président de la communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise et maire de Cergy, dénomme une "formidable équation, à savoir comment fournir deux tiers du chauffage et de l'eau chaude de l'agglomération par le biais des ENR". La réponse trouvée par le délégataire Cyel, la compagnie de chauffage urbain de l'agglomération et filiale de Dalkia, consiste en un mix énergétique alimentant son réseau de chaleur et auquel s'ajoute désormais une nouvelle source d'énergie, la biomasse bois.
"De 36 à 45% du réseau était déjà alimenté par la chaleur produite par l'incinération de déchets ménagers effectuée à deux pas par Auror' Environnement, une filiale de Veolia. Lorsque nous avons relancé la délégation de service public suite à une phase de rupture contractuelle avec le précédent délégataire, il a fallu moderniser le réseau de chaleur et en sécuriser les approvisionnements. Cyel a répondu à nos besoins en proposant une chaufferie bois qui est opérationnelle et une unité de co-combustion charbon-bois en cours d'expérimentation", explique Dominique Lefebvre. L'ensemble pourra alimenter de 23 à 27% du réseau de chaleur, le reste étant apporté par du charbon (24%), du gaz naturel et du fuel en secours. En atteignant ainsi la barre des 60% de ressources renouvelables, la collectivité va bénéficier d'un levier fiscal permettant de réduire la facture d'énergie de ses habitants d'au moins 7%. Par ailleurs, elle s'engage à relier les prochains quartiers qu'elle réalisera à ce réseau doté d'un fort potentiel, étant donné que sa puissance installée représente le double de la puissance appelée.
Après un an et demi de travaux et plusieurs mois de tests, cette chaufferie bois est donc prête. D'une puissance thermique de 25 mégawatts, elle tourne à partir de résidus de bois provenant dans un rayon de 50 km de l'élagage, de refus de compostage, de palettes et du bois des forêts du Val-d'Oise et des Yvelines. Et tire ainsi parti d'une biomasse dont la disponibilité reste amplement supérieure au niveau consommé. A l'année, 40.000 tonnes de bois vont alimenter la chaudière du site. Au préalable, ce bois est déferraillé, criblé puis rejoint un immense silo. Il est ensuite acheminé dans la chaudière au fur et à mesure des besoins. Par un procédé totalement nouveau pour ce type d'installation mais déjà testé sur une chaudière grenobloise, il y est brûlé par projection et maintien en l'air, avant de retomber sur une grille où s'achève le travail de combustion. "La transmission de l'énergie dégagée par les fumées vers l'eau s'effectue ensuite en quatre étapes, à l'issue desquels toute l'énergie a été absorbée et l'eau produite peut être transportée sous pression à 190° dans le réseau urbain. Le traitement des fumées y est particulièrement performant et bénéficie d'une unité dédiée, dotée de filtres à manches et qui permet également de récupérer leur chaleur. Les cendres récupérées sont stockées et réutilisés pour l'épandage agricole", a conclu Thierry d'Allancé, chef d'agence Ile-de-France chez Dalkia.
Morgan Boëdec / Victoires-Editions
