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Centres sociaux : la Cnaf entend renforcer leur présence dans les quartiers prioritaires

La Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) et la Fédération des centres sociaux de France (FCSF) présentaient ce 13 mars à la presse les résultats de l'édition 2017 de l'Observatoire national des centres sociaux - ou Senacs pour "système national d'échange des centres sociaux".
2.237 centres sociaux étaient agréés CAF en 2016 ; 79% d'entre eux se trouvent en territoire urbain, dont "près de la moitié" dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). C'est le cas de la Maison 13 solidaire, dans le XIIIe arrondissement de Paris, qui accueillait la rencontre (photo). Ouvert en 2015 au milieu des tours, sur le site d'une ancienne gare de marchandises, le lieu est le fruit de la mobilisation d'habitants qui souhaitaient créer une vie de quartier alors inexistante.

COG 2018-2022 : viser les 462 QPV dépourvus de structures d'animation de la vie sociale

"Nous accentuerons tout particulièrement notre action dans les territoires prioritaires de la politique de la ville" et, au-delà, là où ces centres manquent, a affirmé Vincent Mazauric, directeur général de la Cnaf. 462 QPV seraient aujourd'hui dépourvus de "structures d'animation de la vie sociale".
Cette catégorie regroupe les centres sociaux et les "espaces de vie sociale". Ces derniers sont des "outils de financement de l'initiative locale" récemment mis en place, plus légers que les centres sociaux qui sont "de grosses machines", a précisé Eric Desroziers, conseiller technique à la Cnaf. Dans le cadre de la convention d'objectifs et de gestion (COG) 2018-2022 qui sera prochainement dévoilée, il y aura un "continuum de financement du côté des CAF". Un espace de la vie sociale, doté d'un ou deux animateurs, bénéficiera également d'un conventionnement de quatre ans, pourra évoluer vers un centre social ou demeurer une antenne assez légère et travailler éventuellement en lien avec un centre social proche.

Un budget cumulé d'un milliard, pris en charge à 43% par le bloc local

La majorité des centres sociaux inscriraient aujourd'hui leur action dans le cadre d'une convention pluri-partenariale de quatre ans, les collectivités étant invitées à se caler sur le calendrier de l'agrément CAF. En 2017, un accord-cadre signé notamment par l'Assemblée des communautés de France (ADCF) et l'Association des maires ruraux de France (AMRF) avait rappelé la nécessité de promouvoir ce soutien pluriannuel et pluri-partenarial pour mailler le territoire (voir notre article du 14 mars 2017).
Le budget annuel moyen des centres sociaux serait ainsi globalement stable, de l'ordre de 670.000 euros - pour des réalités diverses, les budgets des centres variant de moins de 65.000 euros à plus de 5,7 millions d'euros. D'un budget cumulé d'un milliard d'euros, les communes et intercommunalités sont les premiers financeurs (43%), suivis des CAF (26%), des usagers (9,5%) et d'autres sources, dont les subventions de conseils départementaux (4%).

Un rôle de l'échelon intercommunal appelé à s'intensifier

La Cnaf et la FCSF observent une "montée en charge de l'intercommunalité" dans ces financements, que l'enquête Senacs devrait pouvoir mesurer dans les années à venir. Au niveau intercommunal toutefois, l'outil centre social ne serait pas encore suffisamment identifié. "On n'a pas forcément une compétence directe sur ce type de structures, les élus n'en connaissent pas le potentiel", note Eric Desroziers. Or à l'avenir, l'ouverture de nouveaux centres devrait principalement se faire dans le cadre de la politique de la ville et des contrats de ville, responsabilités des établissements publics de coopération intercommunale.
Si la FCSF dispose de signaux plutôt favorables quant à l'avenir de son réseau, son délégué général Alain Cantarutti a tout de même cru bon de rappeler que "financer un centre social, c'est investir pour l'avenir, c'est économiser des coûts sociaux". "On est dans un monde dans lequel il faut savoir communiquer et montrer l'impact de ce qu'on produit", avait-il introduit au préalable. C'est ce que permet l'enquête Senacs, dont les derniers résultats reposent sur les réponses de 1.850 centres en 2017 sur des données de 2016 (voir l'encadré ci-dessous).

Accès au droit, lien social, accueil des enfants et des jeunes... Des casquettes multiples pour une approche globale

Les centres sociaux sont principalement gérés par des associations (64%), mais aussi souvent par des collectivités locales (31%). La FCSF et la Cnaf mettent en avant la "richesse du projet" des centres sociaux - "une dimension citoyenne, une dimension collective et une dimension individuelle" -, le fait qu'ils soient largement portée par les habitants eux-mêmes - 110.000 bénévoles pour les activités, 46.000 dans les instances de pilotage.
Parmi les missions les plus fréquentes, citons les actions destinées à faciliter l'accès aux droit - permanences d'institutions, écrivain public, lutte contre la fracture numérique… - et à prévenir les ruptures - lutte contre l'isolement, animations intergénérationnelles… -, ou encore l'accueil des enfants et des jeunes. Les 4-10 ans sont les plus accueillis (91% des centres), suivis des 11-14 ans (87%), des 15-17 ans (76%) et des 0-3 ans (60%). Parmi les autres axes mis en avant : l'accompagnement des 16-25 ans vers l'âge adulte (50% des centres), l'aide au bien-vieillir (80%) ou encore l'appui à la parentalité. La coexistence de ces multiples activités permettrait une approche globale propice à la résolution des problèmes des personnes et au renforcement de leur pouvoir d'agir.
Avec toujours l'idée d'un cheminement progressif : une personne vient au centre pour chercher une réponse ou bénéficier d'un service et, peu à peu, est amenée à s'impliquer plus largement pour la collectivité. Il en est ainsi de Pierre, qui fréquente le centre social de l'Arbrisseau à Lille, où une borne numérique a été installée pour faciliter les démarches administratives. Il témoigne : "La borne a changé ma vie. Avant je mettais une heure à faire mes démarches à Pôle emploi, maintenant j'en ai pour cinq minutes. J'ai pu déclarer mes impôts, faire ma nouvelle carte grise, créer mon association… et maintenant, j'aide aussi d'autres usagers à faire leurs démarches administratives."
C. Megglé