En attendant la restitution du CNR logement...

Olivier Klein devait présenter le 9 mai les propositions issues des consultations du Conseil national de la refondation (CNR) sur le logement. Mais ce rendez-vous a été reporté pour cause de "contrainte d'agenda", a-t-on appris le 5 mai en fin de journée. Pour l'heure sans nouvelle date annoncée.

Parmi ces propositions, que l'AFP a pu consulter, plusieurs visent à simplifier ou rendre plus efficaces les aides et dispositifs fiscaux, les mécanismes de décisions des collectivités ou l'accompagnement des personnes vulnérables. Et certaines d'entre elles introduiraient des changements structurants, comme l'encadrement des prix du foncier ou l'instauration dans certaines zones d'une densité minimale pour les nouvelles constructions, afin de limiter l'étalement urbain.

Le report de la présentation des conclusions du CNR a suscité des réactions. "Notre surprise est totale", a par exemple d'emblée écrit l'un de ses deux co-animateurs, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre : "Tous les acteurs du logement ont travaillé pendant des mois pour faire émerger une nouvelle politique du logement qui réponde aux immenses besoins sociaux et environnementaux. Tout était prêt. Sauf peut-être les décisions et les arbitrages du gouvernement ? On peut légitimement se poser la question. Reste que la remise des propositions et plus encore les décisions qui en découleront ne peuvent attendre."

"Il faut une politique globale, il faut toucher un peu à tout pour que le système redémarre", a pour sa part réaffirmé ce 10 mai sur RMC Véronique Bédague, PDG de Nexity, l'autre co-animatrice du CNR, poursuivant : "Tout le monde doit bouger – les maires, les banques… et surtout, il y a une responsabilité que l'Etat ne veut pas prendre, qui est de définir une politique du logement cohérente."

Et dans une interview à l'hebdomadaire Challenges mise en ligne ce 10 mai au soir, c'est Emmanuel Macron lui-même qui s'exprime sur le sujet. "A mes yeux, on a besoin d'un double choc. D'abord une simplification et une réduction des délais pour produire des nouveaux logements", dit-il. "Ensuite, regarder comment développer beaucoup plus de logements locatifs intermédiaires pour baisser les prix, parce que la crise du logement se situe là", ajoute-t-il, sans plus de précisions. Le chef de l'Etat préconise aussi "d'accompagner" la construction de logements dans "des zones où il y a de la tension sur l'emploi", en relevant que le manque de logements et leur cherté constitue un "des freins au retour à l'emploi". Et il en appelle à une action concertée, "via une conférence des parties", soulignant qu'on "ne peut (pas) tout attendre de la réforme gouvernementale".

"Vous avez aussi des maires, mis à la tête de grandes métropoles, qui ne veulent plus construire", souligne également le chef de l'Etat. Tout en déplorant un "système de sur-dépenses publiques" inefficace : "La vérité, c'est qu'on a beaucoup d'aides et qu'on a créé un paradis pour les investisseurs immobiliers". "Mais ce n'est pas au coeur de la crise qu'il faut déposer le moteur et le refaire", fait-il observer.

  • CDC Habitat annonce un plan d'investissement

Le bailleur social CDC Habitat a annoncé ce 10 mai la commande de 17.000 logements, dont 5.000 sociaux, "afin de répondre aux besoins de logements" en France, dans un contexte de baisse des constructions neuves.
La filiale de la Caisse des Dépôts indique dans un communiqué que ce plan, conçu pour "soutenir la production de logements qui connaît un important ralentissement", représente un investissement de "plus de trois milliards d'euros", dont 500 millions apportés par la Caisse des Dépôts. Parmi ces 17.000 logements nouveaux, 5.000 seront des logements sociaux et 12.000 des logements intermédiaires.
Selon le bailleur, le plan comprend à la fois des acquisitions de programmes de logements en Vefa (en cours de chantier ou en cours de montage) et des "opérations d'ensemble ou de grands projets en montage qui pourront faire l'objet de partenariats entre les aménageurs, les promoteurs et CDC Habitat".
"Avec 203.600 logements collectifs et résidences démarrés cette année, les mises en chantier ont atteint leur niveau le plus bas depuis 2016", explique CDC Habitat, listant les raisons de cette crise : coûts du foncier élevé, augmentation des coûts de construction, hausse des taux d'intérêts.
Fin avril en présentant le programme de travail du gouvernement, Elisabeth Borne avait entre autres évoqué, en matière de logement, la "mobilisation de la Caisse des Dépôts pour racheter des logements neufs qui peinent à trouver des acquéreurs". Le travail avec les collectivités "à l’augmentation du nombre de logements en zone tendue et à la baisse des coûts du foncier et des coûts de la construction" et l'amélioration de l’accès au crédit figurent également sur cet agenda gouvernemental.