Casinos en ligne : le gouvernement renonce à légiférer dans l'immédiat
Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a indiqué ce dimanche 27 octobre sur Radio J que le gouvernement avait retiré l'amendement au projet de budget 2025 prévoyant d'ouvrir la voie à l'autorisation des casinos en ligne en France, qui avait fait beaucoup réagir le secteur ces derniers jours.
"Il était question que le gouvernement dépose un amendement. Ce n'est plus le cas. Je crois qu'il nous faut d'abord travailler entre nous", a indiqué le ministre. L'amendement déposé samedi dernier prévoyait d'autoriser par ordonnance les casinos en ligne en France, seul pays de l'Union européenne avec Chypre où ce moyen de jouer est interdit, tout en fixant son niveau de taxation.
"Je suis très vigilant sur ce sujet-là. Il ne faut pas faire d'erreurs. Il ne faut pas que cela pénalise un certain nombre d'acteurs, notamment les casinos physiques", a estimé le ministre. "Je crois qu'il nous faut de la concertation. Il faut se mettre autour de la table avec les ministres concernés", a-t-il poursuivi. "Je ne veux pas qu'il y ait un dépôt d'amendement gouvernemental à date, tant qu'il n'y a pas une concertation large et avec les ministre concernés", a-t-il répété.
La possibilité d'une légalisation des casinos en ligne, réclamée de longue date par les opérateurs de jeux en ligne, avait fait fortement réagir les casinos physiques, qui avaient alerté sur les "conséquences catastrophiques" sur l'emploi et leur activité. Et plus d'une centaine de maires avaient signé une tribune pour demander au gouvernement de faire machine arrière, estimant qu'une ouverture des casinos en ligne "entraînera la disparition d'un tiers des casinos français" "menaçant 15.000 emplois la première année, et une baisse de 25% de l'activité des casinos restants" (voir notre article).
Interrogé sur le report à l'année prochaine de cette mesure, le ministre a répondu : "on verra". "Si c'est légalisé, encadré, c'est pour mettre de la fiscalité dessus, pour contrôler et pour essayer (...) de veiller à des phénomènes addictifs. Mais attention, il y a une industrie derrière, il y a des emplois, il y a des villes qui vivent de ça", a-t-il détaillé.
L'organisation représentant les casinos, Casinos de France, a salué cette décision dans un communiqué dimanche. "Nous sommes soulagés que le gouvernement ait entendu nos préoccupations", a indiqué Grégory Rabuel, président de Casinos de France, ajoutant qu'ils resteraient "attentifs à ce que l'engagement pris par le ministre du Budget soit respecté: toute future évolution législative ou réglementaire éventuelle devra s'inscrire dans un cadre de concertation et de dialogue constructif".
L'Association française des jeux en ligne (AFJEL) qui "prend acte" de cette décision appelle le gouvernement à "ne pas reporter une fois encore le débat de la régulation des jeux de casino en ligne à un horizon lointain". "Il y a une solution à imaginer collectivement, qui permettrait à l'ensemble des protagonistes (casinos terrestres, opérateurs agréés, élus...) de bâtir un modèle gagnant pour tous, tout en assurant une meilleure protection des joueurs, et en fournissant des revenus fiscaux et sociaux nouveaux pour la collectivité", assurent-ils dans un communiqué.