Carrières : la fonction publique territoriale "un peu plus méritocratique" que le secteur privé

Selon une note de France Stratégie, les employés de la fonction publique territoriale ont de plus faibles perspectives d'ascension en cours de carrière que leurs homologues du privé. L'institution placée auprès du Premier ministre constate en revanche que, parmi ces agents territoriaux, les femmes et les agents aux origines modestes sont moins souvent en butte à des inégalités en ce qui concerne cet enjeu de promotion. 

Par rapport à leurs homologues du privé, les agents publics qui débutent leur carrière à un poste d'employé deviennent moins fréquemment cadres au cours de leur carrière. De même, ils exercent moins souvent une profession intermédiaire dans la suite de leur carrière. Telle est l'une des conclusions d'une récente note d'analyse, rendue publique par France Stratégie et intitulée "Entrer et progresser dans la fonction publique". 

Cette note s'appuie sur les données d'une enquête de l'Insee réalisée en 2014-2015. À cette date, un peu plus de 20% des agents publics ayant débuté leur carrière à un poste d'employé occupaient un poste de cadre ou exerçaient une profession intermédiaire. Les progressions de carrière dans le secteur privé étaient plus fréquentes, avec une proportion de 25% des employés parvenant à exercer des fonctions plus élevées.

"Effets métiers"

Les résultats étaient sensiblement différents selon les versants de la fonction publique, souligne la note. Ainsi, les employés de la fonction publique d'État bénéficiaient de progressions de carrière dans des proportions semblables à celles des salariés du privé. Ceux des fonctions publiques territoriale et hospitalière connaissaient en revanche "moins souvent" ces progressions (environ 19% chez les premiers et 18% chez les seconds).

L'écart entre les secteurs public et privé est lié notamment à "des effets métiers importants". Les auteurs - Clément Peruyero, chercheur à France Stratégie, et Camille Peugny, professeur à l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines - citent entre autres le métier de médecin, dont il n'est évidemment pas possible de débuter l'exercice en cours de carrière. "Les modalités de promotion dans la catégorie A, majoritairement fondées sur les concours internes" constituent "une barrière" à la progression vers les postes de cadres dans la fonction publique, pointent-ils aussi.

Mais, globalement, la fonction publique est "plutôt moins inégalitaire" que le secteur privé quant à l'enjeu de l'accès aux postes de cadres, relève France Stratégie. En constituant un échantillon à partir de données de l'Insee pour la période 2018-2020, le service placé auprès du Premier ministre estime ainsi qu'à niveau de diplôme comparable, la probabilité d'accéder à un emploi de cadre est inférieure de 7 points pour un agent territorial issu d'une famille "à dominante ouvrière", en comparaison d'un agent territorial dont les parents étaient "à dominante cadre". Cette "pénalité pour les personnes d'origine populaire" est respectivement de 10 et 18 points dans les fonctions publiques d'État et hospitalière. Et elle atteint 15 points dans le secteur privé.

L'égalité par les concours

De même, les femmes employées dans le secteur public sont moins désavantagées que celles du privé pour le recrutement sur les emplois de cadres. Pour les femmes en poste dans les collectivités territoriales, la probabilité d'exercer un emploi de cadre est inférieure de 5 points à celle des hommes. Dans la fonction publique d'État, "le rapport se renverse", avec une probabilité supérieure de près de 7 points pour les femmes, "en raison notamment de la part des professions de l'enseignement, très féminisées". Dans les hôpitaux, il demeure en revanche un écart de 10 points en défaveur des femmes. Un résultat proche de celui qui est relevé dans le privé.

Concernant la "mobilité en cours de carrière" vers un poste de cadre ou une profession intermédiaire, les tendances sont identiques : face à cet enjeu, les personnes d’origine populaire et les femmes ayant commencé à un poste d'employé dans le secteur public sont moins "pénalisées" que leurs homologues du secteur privé. "L’essentiel de la fonction publique semble un peu plus 'méritocratique' que le secteur privé", estime France Stratégie. L'institution explique ce constat notamment par le fait que "l’accès aux postes dans la fonction publique repose fréquemment, y compris en cours de carrière, sur des concours, moins susceptibles de discriminer les candidats".

 

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