Environnement - Carrefour de l'eau : zéro phyto, protection des captages et bonnes pratiques à l'honneur
Le douzième Carrefour des gestions locales de l'eau (CGLE) s'est tenu les 26 et 27 janvier à Rennes. Depuis deux ans, la remise des trophées "Zéro phyto" par le conseil régional de Bretagne y récompense l'effort des communes qui bannissent les produits phytosanitaires de leurs espaces verts. Depuis son lancement il y a deux ans, ce prix a bien grandi. En 2009, elles n'étaient que dix petites communes rurales à décrocher le Trèfle d'or, contre 22 en 2010 et 35 cette année.
Comme les premières lauréates n'utilisent plus depuis ces produits, ce sont au total 67 communes, soit 5% des collectivités bretonnes, qui sont passées en "zéro phyto". Ce qui signifie qu'elles ont toutes signé la charte de désherbage et mis en place un plan communal. A noter également : ces communes sont réparties dans treize schémas aménagement et de gestion des eaux (Sage) et la démarche de certaines, Landerneau par exemple, s'inscrit dans le cadre d'un Agenda 21.
Chaque maire récompensé a mis à l'honneur le travail des services techniques dans ce dispositif. Trop nombreuses pour recevoir un trophée, les communes ont été récompensées cette année par un diplôme et un vêtement déclinant le nouveau logo de l'opération : "Entretenir au naturel une histoire commune ! Ecophyto 2018". A l'image du label Villes fleuries, ce logo pourra être affiché par les communes pour valoriser leur engagement. "Les meilleurs dossiers sont souvent soutenus par les communes qui sont à la fois labellisées Eco-faur (1) et Zéro phyto, car c'est une démarche globale", remarque Thierry Burlot, vice-président de la région en charge de l'eau, de l'environnement et de la biodiversité. Cette année pour la première fois, un second prix destiné aux jardiniers a été décerné à ceux qui s'engagent à restreindre les ventes de pesticides et à faire la promotion de méthodes alternatives. Actuellement, 187 jardineries bretonnes sur les 513 que compte la région (soit 35%) ont signé cette charte. Le 27 janvier, onze d'entre elles ont reçu un prix.
Captages prioritaires : des actions volontaires, bientôt obligatoires
La loi Grenelle 1 prévoit l'application d'ici 2012 de programmes d'actions sur 507 captages prioritaires, c'est à dire ceux qui sont les plus menacés par des pollutions diffuses. Cela concerne les eaux souterraines, les eaux de rivière et les eaux de retenue. Dans le bassin Loire-Bretagne, 128 captages sont identifiés comme prioritaires. Des actions de réductions des nitrates et des pesticides doivent donc être entreprises dans un délai très court. Emmanuel Pichon, de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, a ainsi rappelé les différentes actions mises en place pour améliorer la qualité des eaux brutes depuis les trois plans Bretagne Eau pure de 1990 à 2006 jusqu'au dispositif ZSCE (zones soumises à contraintes environnementales). Issu de la Lema (loi sur l'eau), ce dernier vise à élaborer un plan d'actions volontaires. Ou, si cela ne suffit pas, à le rendre obligatoire par arrêté préfectoral, afin que la protection soit effective en 2012.
Mais c'est là que le bât blesse. En effet, comment faire si le volontariat ne fonctionne pas ? Ainsi, sur le bassin versant de Kermorvan dans le Finistère, un captage prioritaire est en place depuis mars 2010. Des mesures agronomiques spécifiques ont été mises en œuvre pour réduire les fuites d'azote, avec notamment une limitation de la fertilisation et une modification des dates d'épandage. "Mais sur 32 exploitants concernés, seuls 8 ont signé la charte", observe Jean-Hervé L'Hostis, président du syndicat de Kermorvan. La zone compte un seul agriculteur en culture biologique. "Les agriculteurs se sont sentis contraints et peu impliqués. De plus, on manque de recul sur l'efficacité de ces mesures. Enfin, les mesures agro-environnementales (MAE) proposées sont jugées peu incitatives et ne permettent pas de s'engager sur la durée". Beaucoup de questions donc, pour savoir comment le dispositif va devenir obligatoire et, surtout, avec quel financement. "Lorsqu'on passe en phase obligatoire, les MAE sont impossibles à financer et les indemnités compensatoires de contraintes environnementales (ICCE) ne sont pas automatiques non plus", a précisé Anne Morantin, de la Dreal Bretagne.
Des actions collectives pour donner "le bon exemple"
Enfin, ce CGLE a montré aussi que l'union fait souvent la force dans le domaine de l'eau. Ainsi, dans les Côtes-d'Armor, six communautés de communes se sont regroupées pour trouver une solution de traitement des matières de vidange issues de l'assainissement collectif. De son côté, le conseil général du Morbihan a piloté une action d'économies d'eau en lançant un appel à projets auprès des communes de moins de 10.000 habitants volontaires. Seize ont été retenues pour cette expérimentation. "Après un diagnostic, quelques travaux simples et peu onéreux ont été engagés pour 200.000 euros au total, avec des aides du département et de l'agence de l'eau Loire-Bretagne. Les économies réalisées sont estimées à 25% en moyenne", a expliqué Solenn Briant chargée de mission ressources en eau. "L'objectif est avant tout de donner le bon exemple pour démultiplier les effets auprès de la population."
Sylvie Luneau / Victoires-Editions
(1) Eco-faur est un dispositif régional dont l'objectif est de promouvoir des projets d'aménagement durable
Les 35 communes lauréates des trophées "Zéro phyto", classées par bassin versant
- Sage Rance Frémur Baie de Baussais (22, 35) : Saint-Pern, Tréfumel, Tinténiac, Tréméreuc , Plouer-Rance, Le Tronchet
- Sage Sélune (35) : Mellé, Poilley, Saint-Georges-de-Reintembault
- Sage Vilaine (35) : Servon-sur-Vilaine, Lalleu, Le Verger, Saint-Germain-sur-Ille, Saint-Médard-sur-Ille, Pénestin, Bohal, Clayes
- Sage Couesnon (35) : Parcé
- Sage Elorn (29) : Landerneau
- Sage Argoat Trégor Goëlo (22) : Saint-Adrien, Etables-sur-Mer, Saint-Laurent
- Golfe du Morbihan (56) : Péaule Limerzel, Landaul, Saint-Gildas-de-Rhuys, Saint-Armel
- Baie de Saint Brieuc (22) : Trégueux
- Baie de Lannion (22) : Trégrom, Tonquédec
- Sage Blavet (56) : Laniscat, Saint-Gelven, Silfiac
- Odet (29) : Pleuven
- Sage Elle - Isole - Laïta (56) : Le Saint