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Transports - Carburants : les départements ruraux paient le prix fort

Dans une étude publiée ce 26 juillet, l'association de consommateurs CLCV pointe les différences de prix des carburants sur le territoire. Outre les cas particuliers de Paris et de la Corse, ce sont les habitants des départements très ruraux, qui sont les plus dépendants de la voiture pour leurs déplacements quotidiens, qui paient le plus cher pour faire le plein d'essence ou de gazole.

Dans une vingtaine de départements très ruraux comme le Cantal, la Corrèze, le Tarn ou le Gers, de même qu'à Paris et en Corse, les prix des carburants à la pompe sont beaucoup plus élevés que la moyenne. Ces différences sont pointées dans une étude rendue publique ce 26 juillet par l'association Consommation, logement, cadre de vie (CLCV). Elle s'est appuyée sur l'observatoire ministériel des prix du carburant (www.prix-carburants.economie.gouv.fr) qui propose un relevé quasi exhaustif des prix des stations services françaises. 9.643 prix ont été analysés pour le gazole et 6.918 pour l'essence, au cours de deux périodes : la deuxième quinzaine de mars, considérée comme une période moyenne pour le transport en voiture, et la deuxième quinzaine de juin, qui représente pour la France le début de saison haute de consommation.
Sur les 96 départements métropolitains, l'étude montre qu'une soixantaine ont des prix qui ne s'écartent pas de la moyenne mais qu'une grosse vingtaine présentent des prix significativement supérieurs à la moyenne (2 à 4 centimes par litre) tandis que 6 à 8 départements affichent à l'inverse des prix nettement inférieurs à la moyenne. Dans ceux où le prix du carburant est plus élevé qu'ailleurs, Paris et la Corse apparaissent comme des cas particuliers. Dans la capitale, le coût de l'immobilier commercial explique en partie le prix tandis qu'en Corse le transport vers l'île constitue un facteur de surcoût. Mais pour la CLCV, dans les deux cas, la raison principale des prix élevés à la pompe tient à la concentration du réseau de stations. "Les enseignes de la grande distribution ne sont quasiment pas présentes sur ces territoires où la compétition se joue donc entre quelques enseignes", observe-t-elle. Paris détient ainsi la palme de la concentration, Total et BP détenant 50 des 76 points de vente. Dans les départements très ruraux, "la faible densité géographique des stations-services peut aussi induire des positions monopolistiques dans les zones de vie", responsables de la cherté des prix, observe la CLCV.

Les automobilistes de Poitou-Charentes paient moins cher à la pompe

A l'opposé, les départements où les prix des carburants sont significativement plus bas qu'ailleurs sont ceux de la région Poitou-Charentes – la Charente, la Charente-Maritime, les Deux-Sèvres et, à un degré moindre, la Vienne. L'écart avec la plupart des autres départements est de 2,5 centimes d'euros par litre. Pour la CLCV, cela tient essentiellement au fait que la région Poitou-Charentes n'exerce pas la majoration optionnelle de taxe intérieure de consommation (TICPE, ex-TIPP). Plafonnée à 2,5 centimes d'euros par litre, cette possibilité a été laissée par l'Etat aux conseils régionaux depuis 2007 et elle est pratiquée dans 19 régions. La CLCV fait aussi observer que les stations-services de Poitou-Charentes n'ont pas profité de cette taxation moindre pour augmenter leurs prix. "Hors avantage fiscal, elles tendent à être un petit peu moins chères que la moyenne", souligne l'association. L'étude s'est aussi intéressée aux différences tarifaires par enseigne. Sans surprise, les résultats font apparaître deux grands groupes : les enseignes de la grande distribution (Leclerc, Intermarché, Système U, Carrefour) et les discounters de groupes pétroliers comme Esso Express ou Elf proposent les prix les moins élevés alors que les enseignes de groupes pétroliers (Total, BP, Avia) sont les plus chères, avec des prix supérieurs de 8 à 10 centimes d'euros par litre.
Au vu de tous ces résultats, la CLCV demande aux autorités de la concurrence de se pencher sur les cas des départements très ruraux, de Paris et de la Corse pour déterminer si le niveau élevé des prix provient d'une distorsion du jeu de la concurrence. Elle demande aussi que l'observatoire des carburants fournisse régulièrement des analyses sur les évolutions tarifaires constatées et sur leurs causes. Elle estime que "la diminution du nombre de stations-services en milieu rural crée un préjudice économique et peut-être un problème d'accessibilité d'autant plus préoccupant que les habitants de ces zones doivent beaucoup utiliser leur véhicule". Selon elle, les pouvoirs publics devraient donc envisager de créer des "points de distribution publics de carburants dans les zones sous-équipées". Enfin, elle propose "une remise à plat du poids des taxes nationales et plus récemment régionales".