Candidatures closes pour le second tour, plus de 200 désistements
Le décor est planté pour le second tour des élections législatives, après la clôture ce mardi 2 juillet à 18h des candidatures, qui laissent apparaître plus de 200 désistements, dans une tentative de constitution d'un "front républicain" contre le Rassemblement national.
Selon le décompte de l'AFP (les candidatures n'avaient pas encore été publiées par le ministère de l'Intérieur ce mardi soir), 127 membres du Nouveau Front populaire de gauche ont choisi de se désister, ainsi que 81 candidats de la coalition macroniste Ensemble pour la République. Auxquels s'ajoutent trois députés rattachés au parti de droite Les Républicains et une élue ultramarine sans étiquette.
Souvent sans enthousiasme, les retraits de candidats macronistes ou de gauche ont lieu dans l'écrasante majorité des circonscriptions où au moins trois candidats étaient qualifiés et où le parti lepéniste est en mesure de l'emporter. Comme en Haute-Garonne ou dans l'Hérault, où les ministres Dominique Faure et Patricia Mirallès ont fini par renoncer. L'ancienne ministre en charge des collectivités avait d'abord souhaité se maintenir, mais a fait savoir ce 2 juillet dans la journée qu'Emmanuel Macron et Gabriel Attal lui avaient "demandé de retirer [sa] candidature".
"Désistements ne signifie par ralliements", a répété Gabriel Attal, en déplacement mardi en Eure-et-Loir, réaffirmant qu'il n'était pas question "d'une coalition, d'une alliance" avec La France insoumise. En limitant les triangulaires et quadrangulaires - sur les 311 possibles à l'issue du premier tour, il devrait en rester 110 -, l'objectif est d'empêcher le RN d'obtenir la majorité absolue de 289 députés.
Illustration de ces désistements : dans le Calvados, le candidat LFI s'est retiré pour favoriser la réélection d'Élisabeth Borne. Dans l'autre sens, en dépit du "ni RN, ni LFI" prôné par Édouard Philippe, un candidat Horizons en Seine-Maritime, Laurent Bonnaterre, s'est retiré, offrant ainsi la possibilité à la députée sortante LFI Alma Dufour de conserver son siège.
Quelques exceptions subsistent, comme le Renaissance Loïc Signor qui se maintient dans la circonscription où l'Insoumis Louis Boyard est arrivé en tête, suivi d'un candidat LR/RN, lui-même étant arrivé en troisième position. Dans une vidéo postée sur X, il a expliqué qu'il n'"y a pas un risque RN aujourd'hui" mais que s'il se désistait, ses électeurs risqueraient de se tourner vers le RN ou l'abstention et ainsi "faire barrage à Louis Boyard" qui suscite "un rejet notable". Son calcul affiché : "ne pas offrir [ses] voix au RN". "Si le RN était arrivé en tête, je me serais désisté", précise-t-il. D'autres ailleurs ont tenu le même raisonnement.
Quelques autres particularités se font jour, comme à Paris, où la candidate Place publique-Nouveau Front populaire Théa Foudrinier s'est désistée au profit de la macroniste Astrid Panosyan-Bouvet, qui affrontera un candidat LR. Loin de ces équations nationales, toujours à Paris, le sortant Renaissance et candidat dissident Gilles Le Gendre s'est retiré et appelle à voter pour la gauche contre le candidat macroniste poussé par Rachida Dati.
Emmanuel Macron a affirmé à ses ministres que "pas une voix" ne devait "aller à l'extrême droite", rappelant que la gauche s'était mobilisée face au RN en 2017 et en 2022 permettant sa propre accession à l'Élysée. Une manière de répondre à ceux qui, dans sa majorité comme Bruno Le Maire, renvoient dos à dos le RN et La France insoumise. "C'est moi qui dirige cette campagne" et "l'important c'est ma parole", a insisté mardi Gabriel Attal.
Parmi, précisément, les ministres du gouvernement Attal, cinq ont déjà dû se désister : Dominique Faure et Patricia Mirallès donc, mais aussi Fadila Khattabi, Marie Guévenoux et Sabrina Agresti-Roubache. À Paris, Stanislas Guérini est distancé de dix points face à une candidate écologiste et risque fort d'être battu. Face au RN, Agnès Pannier-Runacher est aussi en danger. Plusieurs ministres sont en revanche bien partis pour sauver leur siège grâce aux désistements de la gauche. C'est le cas de Gérald Darmanin dans le Nord, même si le ministre de l'Intérieur ne compte qu'un peu moins de deux points d'avance sur son concurrent RN après le premier tour.
La première circonscription de Corrèze est sous les feux des projecteurs avec la candidature de François Hollande, en ballottage favorable dans son fief de Tulle. L'ancien président de la République bataille dans une triangulaire face au RN et au sortant LR Francis Dubois, soutenu par le camp présidentiel. Ce dernier a appelé les Corréziens à "battre François Hollande et l'extrême gauche" et a donc refusé de se retirer.