Transports - Canal Seine-Nord Europe : réunion au sommet avec les principaux acteurs
Un mois après la présentation en conseil des ministres de l'ordonnance relative à la création de la Société du canal Seine-Nord Europe, préalablement actée dans la loi Macron, et quelques jours après un colloque organisé dans l'Oise par la CCI qui a réuni plus de 700 personnes, essentiellement des chefs d'entreprise, le timing était bon pour réunir, le 24 mai à Paris, des personnalités politiques et acteurs clés du projet de canal Seine-Nord Europe, dont les premiers coups de pioche sont prévus en 2017 ou 2018 et la mise en service entre 2023 et 2025.
Premiers retours d'expérience
L'initiative en revient à l'association Seine-Nord Europe, qui a organisé le même jour son assemblée générale annuelle durant laquelle elle a lancé deux dispositifs visant les élus. Philippe Marini, maire de Compiègne (Oise) et président de cette association, nous éclaire : "Il s'agit d'un club des villes et intercommunalités du canal Seine-Nord Europe, qui servira de caisse de résonance pour partager des retours d'expérience sur divers thèmes liés à cette infrastructure, comme le développement économique, le report modal ou l'aménagement paysager. Seconde initiative, nous lançons un intergroupe parlementaire pour veiller au grain et rester vigilant, réactif sur le fond du dossier. Une vingtaine de parlementaires se sont déjà manifestés."
Les prochaines échéances
Le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, a rappelé dans son intervention la "gouvernance partagée entre l'Etat, Voies navigables de France et les collectivités financeuses" qui prévaut au sein du nouvel établissement public qui va être chargé de réaliser l'infrastructure fluviale. La création de cette société de projet devrait être effective en septembre et permettra le lancement des appels d'offres, puis du chantier. D'ores et déjà, sur le terrain, Alain Vidalies vient de rencontrer le préfet de la région Hauts-de-France (ex-Nord Pas-de-Calais Picardie) : "Coordonnateur du projet, ce préfet s'attelle à impliquer du mieux possible les acteurs de son territoire et ses habitants, afin qu'ils s'approprient ce projet qui pèse près de 5 milliards d'euros." Côté réglementaire, la prochaine échéance attendue est, début 2017, l'obtention de la déclaration d'utilité publique (DUP) intégrant les modifications du tracé du canal.
Un financement avec ou sans l'Ile-de-France ?
Alors que la signature des protocoles de financement avec les collectivités concernées est en vue, que la région Hauts-de-France confirme les engagements pris par les conseils régionaux du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie, il ne manque plus à l'appel que la subvention de la région Ile-de-France. "Deux hauts fonctionnaires continuent de plancher sur ce tour de table financier où il est regrettable que la région Ile-de-France ne réponde pas présent, alors que l'ensemble des collectivités passe à l'opérationnel", n'a pas manqué d'écorner le secrétaire d'Etat, tout en espérant et visant en la matière un "accord équilibré".
Petit et grand de front
En parallèle à ce grand projet vont aussi débuter en fin d'année des travaux de réouverture à la navigation grand gabarit d'autres canaux comme celui de Pommeroeul-Condé, jugé essentiel à la montée en puissance du futur canal Seine-Nord Europe. Début juillet prochain, la région Hauts-de-France en traitera ainsi lors d'une délibération : "Les deux sont liés, les isoler l'un de l'autre n'a guère de sens. Il est important de mener petit et grand canal de front", soutient Gérald Darmanin, vice-président délégué aux transports de cette région.
Partie de puzzle
Un autre fin connaisseur du projet, le député du Nord Rémi Pauvros, rapporteur d'une mission parlementaire qui a conduit dans le passé à recalibrer le projet, s'est aussi exprimé en en comparant volontiers la complexité à celle d'un puzzle, dont les pièces commencent enfin à s'emboîter : "Il faudra veiller durant l'avancement du chantier à ce que soit maintenue sa cohésion d'ensemble. Et à continuer à faire la promotion du canal dans sa globalité, sans le réduire localement à un port ou une plateforme." Il est en effet prévu de rattacher à l'ouvrage quatre plateformes multimodales sur son tracé, financées par les collectivités. "Leur modèle économique est à inventer. La réflexion est engagée, les intercommunalités sont très impliquées. L'écueil serait d'en faire des plateformes trop figées. Leur gouvernance ne doit pas être trop gelée par les investisseurs externes. Tous les modes de gestion - Semop (société d'économie mixte à opération unique) ou SPL – sont passés en revue", conclut Gérald Darmanin.