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Budget post-2020, Brexit, climat... une semaine "décisive" pour l’Europe

Conseil des affaires générales évoquant le cas hongrois, négociations autour du climat et du cadre financier pluriannuel lors du Conseil européen, élections au Royaume-Uni, sommet de la zone euro et conseil spécial Brexit sont au programme d’une semaine qui s'annonce "décisive" pour l’Europe.

"C’est une semaine particulièrement décisive pour l’Europe", prévient Tytti Tuppurainen, ministre finlandaise des Affaires européennes, à l’aube de plusieurs jours d’intenses négociations qui s’ouvraient ce matin par le Conseil des affaires générales. Au menu de cette "journée exigeante", selon les termes de la ministre, deux enjeux majeurs. D’une part, l’éventuelle violation par la Hongrie des valeurs de l’Union européenne (respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d'égalité, de l'État de droit, ainsi que de respect des droits de l'homme), alors que la Finlande a fait de l’"État de droit" la priorité de sa présidence : "L’Union européenne, ce n’est pas seulement un marché unique ou le commerce", rappelle, solennelle, Tytti Tuppurainen. D’autre part, le cadre financier pluriannuel 2021-2027, sujet au cœur du Conseil européen de jeudi. Un Conseil qui, de l’aveu de la secrétaire d’État aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin, va constituer un "test de crédibilité" pour l’Europe puisqu’il examinera deux sujets "au cœur des attentes des citoyens" : le climat et le budget.

Climat, budget à long terme et… Brexit

Côté climat, accueillant ce jour à l’Élysée le nouveau président du Conseil européen, Charles Michel, Emmanuel Macron a rappelé leur volonté commune "que le Conseil européen fixe à l’Union européenne l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050". Pour y parvenir, le président français a notamment souligné la nécessité de tenir compte "des besoins de financements de la transition des pays ou régions qui doivent fournir le plus d’efforts et qui ont besoin de la solidarité européenne", faisant ainsi écho au "fonds de transition juste" que la Commission Von der Leyen présentera le 8 janvier. Aux avant-postes à Bruxelles, la secrétaire d’État entendait, elle, défendre ce jour une part du budget à long terme de l’Union consacrée au climat et à l’environnement égale à 40%, mais aussi la banque européenne du climat, le mécanisme de taxation carbone aux frontières ou encore la taxe sur les déchets plastiques non recyclés.

"Lignes rouges" françaises

S’agissant du budget, la secrétaire d’État a invité l’Europe "à allouer les moyens nécessaires […] si elle veut avoir un discours de souveraineté, de puissance". Qualifiant la proposition de budget finlandais de "bonne base de travail", Amélie de Montchalin a indiqué vouloir mener les discussions sur la politique agricole commune (notamment afin "d’assurer assez de ressources pour les agriculteurs sur le premier pilier"), sur les ressources propres – qui constituent pour elle "la clé" de ce budget –, sur la fin des rabais, sur la conditionnalité sociale et, en matière de politique de cohésion, sur "le soutien aux régions ultrapériphériques et aux PTOM". Elle a également fait part des "lignes rouges françaises", à savoir la politique européenne de défense et la politique spatiale, avant d’évoquer la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Trois sujets également mis en avant par le président de la République lors de sa brève allocution dans la cour de l’Élysée, au cours de laquelle il a une nouvelle fois refusé l’opposition "entre politiques historiques et politiques nouvelles" pour défendre en même temps "politiques de souveraineté et de solidarité". Un champ sémantique que n’a pas repris le président du Conseil européen, qui se prononce en faveur d’un "équilibre entre les politiques classiques qui ont contribué à fonder ce projet européen – l’agriculture, la cohésion […] – d’une part, et les nouvelles ambitions d’autre part".

Enfin, alors que les élections au Royaume-Uni doivent se tenir jeudi 12 décembre et qu’un conseil européen spécial Brexit se tiendra vendredi, Emmanuel Macron, faisant une nouvelle fois preuve d’intransigeance sur le sujet, a invité l’Union, "dans tous les cas", à préserver "une conduite unique des négociations par Michel Barnier" et à "la rigueur dans la défense de nos intérêts, sans céder à la pression et en respectant avec le Royaume-Uni des conditions de concurrence équitables".