Ecole rurale - Bientôt un référent "Montagne" au ministère de l'Education nationale
Jean-Michel Blanquer a annoncé, le 21 mars, la désignation d’un référent "Montagne" au sein de son ministère, à la présidente de l'Association nationale des élus de la montagne (Anem), Marie-Noëlle Battistel, députée de l’Isère, et à sa secrétaire générale Annie Genevard, députée du Doubs, vice-présidente de l’Assemblée nationale.
La mission éminemment "transversale" de ce référent Montagne, serait de "traiter de l’ensemble des problématiques liées à l’école". Pour commencer, il devra sans doute recenser les données statistiques indispensables pour aborder sereinement et collectivement ces problématiques. Combien y aura-t-il d'écoles de montagne en France à la rentrée prochaine. Combien y en a-t-il cette année et les années précédentes ? Cela correspond à combien de classes, à combien d'élèves, à combien d'enseignants... L'Anem aimerait bien le savoir, or il semblerait que personne aujourd'hui ne dispose de ces chiffres !
"En période hivernale, le car scolaire peut mettre 1 heure pour faire 5 kilomètres"
A propos de la carte scolaire 2018, Marie-Noëlle Battistel et Annie Genevard ont rapporté une "reconnaissance de l’école de montagne inégale selon les académies". Traduction de Pierre Bretel, délégué général de l'Anem : "Il est très difficile de faire comprendre à certains Dasen que, en montagne, il faut ne faut pas compter en kilomètres mais en temps : en période hivernale, lorsque des cols sont fermés à la circulation, le car scolaire peut mettre une heure pour faire 5 kilomètres. Ce qui signifie des enfants au bord de la route à sept heures moins le quart du matin, dans le froid..."
A ce jour, et à défaut de statistiques, les dirigeantes de l’Anem "demandent le respect plein et entier de l’article 15 de la loi Montagne acte II du 28 décembre 2016", qui stipule : "Dans les départements dont le territoire comprend des zones de montagne (...), la mise en œuvre de la carte scolaire permet l'identification des écoles publiques ou des réseaux d'écoles publiques qui justifient l'application de modalités spécifiques d'organisation scolaire, notamment en termes de seuils d'ouverture et de fermeture de classe, au regard de leurs caractéristiques montagnardes, de la démographie scolaire, de l'isolement, des conditions d'accès et des temps de transports scolaires". Et d'ajouter : "le nombre d'enseignants du premier degré affectés à chaque département par le recteur d'académie est déterminé en prenant en compte les effectifs scolaires liés à la population des saisonniers".
Les députées ont aussi revendiqué "une amélioration de la scolarisation des enfants de 2 à 3 ans avec leur comptabilisation dans l’élaboration de la carte scolaire".
"Les fermetures d’écoles ne doivent pas mettre en péril la vie des villages", dixit Jean-Michel Blanquer
"Le ministre s’est déclaré en phase avec toutes ces préoccupations", se félicite l'Anem. La délégation a apprécié que Jean-Michel Blanquer se déclare "convaincu que les fermetures d’écoles ne doivent pas mettre en péril la vie des villages" et que, selon lui, "le regroupement pédagogique intercommunal n’est pas nécessairement la panacée".
Les représentantes de l’Anem ont également plaidé en faveur de la concertation pour l’élaboration d’un calendrier scolaire triennal, avec les élus et les ministères concernés, ainsi que pour la relance des classes de neige par la conclusion d’un accord avec les transporteurs nationaux conformément à la volonté du législateur (article 16 de la loi Montagne II). Là encore, Jean-Michel Blaqnuer se serait déclaré "conscient de l’importance du calendrier scolaire" et "déterminé à élaborer celui-ci en prenant en considération l’intérêt des territoires". Il se serait aussi engagé à "oeuvrer en faveur de la relance des classes de neige et de découverte".
LE COMBAT DU VILLAGE DE GAVARNIE-CEDRE, DANS LES PYRENEES, CONTRE LA FERMETURE D'UNE CLASSE
"Non à la fermeture d'une classe" : sur le portail de la petite école, une banderole porte la colère de parents et d'élus du village de Gavarnie-Gèdre pour sauvegarder l'une des deux classes de leur école qui accueille 20 enfants de 2 à 11 ans (notre photo). Né de la fusion de deux petites communes en 2016, la commune nouvelle des Hautes-Pyrénées, d'environ 400 habitants, est composé de deux hameaux accrochés aux méandres du Gave de Pau. Le premier, Gèdre, à mille mètres d'altitude, est à 12 km de Luz-Saint-Sauveur où se situe l'école la plus proche. Le second, Gavarnie, est 7 km plus loin et 400 mètres plus haut. Un site majestueux classé à l'Unesco.
"On subit ça depuis des années, on a perdu la Poste, la gendarmerie, après c'est l'école ?" Or l'école "c'est l'âme du village, si on la perd comment on pourra attirer des jeunes", s'attriste une maman pour qui s'installer ici fut un "véritable choix de vie". Comme d'autres trentenaires, elle vient de "faire construire" et trouve "formidable (que) les enfants viennent à pied à l'école". Quant aux deux "classes uniques" (de la petite section de maternelle au CM2) : "c'est une famille, les plus grands aident les plus petits", se réjouit-elle.
Du côté de la mairie, même incompréhension et même colère. Encore affublé de sa tenue de moniteur de ski, le maire Michel Gabail, explique comment il a appris début février, "par un syndicat enseignant", que dans la nouvelle carte scolaire il perdait un enseignant. Pourtant, un mois plus tôt, le Dasen lui avait assuré qu'il n'y aurait pas de fermeture de classe. "J'ai le sentiment qu'ils se foutent un peu de nous", tempête l'élu. Il rappelle que l'administration avait promis aux communes de montagne 5 postes en contrepartie de la convention ruralité. "Au final on nous supprime 10 postes", déplore-t-il.
Après quelques semaines de mobilisation des parents et de lobbying des élus, l'inspecteur a proposé de conserver, "à titre provisoire", un mi-temps en plus du professeur à temps complet dans la petite école de Gavarnie-Gèdre. "Un véritable chantage", fulmine l'élu.
AFP