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Environnement - Barrage de Sivens : Ségolène Royal veut des "solutions alternatives" avant la fin de l'année

Ségolène Royal a finalement réuni le 4 novembre au ministère de l'Ecologie élus locaux, représentants des services de l'Etat, des associations et de la profession agricole pour tenter de désamorcer le conflit autour du projet de barrage de Sivens dans le Tarn. Parmi la vingtaine de participants, étaient présents, côté élus locaux, Martin Malvy, président PS de la région Midi-Pyrénées et président de l'Agence de l'eau Adour-Garonne, et Thierry Carcenac, président PS du conseil général, maître d'ouvrage du projet de barrage. Les deux experts auteurs d'un rapport critique sur le barrage, qui devait être au centre des échanges, participaient également à la rencontre qui a duré près de deux heures.
Chacune des parties prenantes a reformulé ses positions, résumées par la ministre de l'Ecologie : le conseil général, qui a pris acte de l'impossibilité de poursuivre le chantier dans les conditions actuelles, a demandé qu'"une solution pérenne soit trouvée et que l'Etat prenne ses responsabilités en fonction de l'issue de l'examen des recommandations des experts" ; la profession agricole a souhaité le maintien de l'ouvrage tout en se disant prête à revoir les évaluations sur les volumes d'eau alloués et à s'engager dans l'élaboration d'un projet de territoire ; les associations environnementales ont quant à elles réclamé l'arrêt du barrage mais se disent ouvertes à des solutions alternatives.
Ségolène Royal a aussi appelé à l'évacuation du terrain, site d'une "occupation illégale" : "Un effort doit être fait pour que les riverains retrouvent la tranquillité et que la sécurité du lieu soit rétablie", a-t-elle affirmé.
A l'issue de la réunion, la ministre a encouragé les parties prenantes à "poursuivre le dialogue pour trouver une solution". "Un ouvrage sera fait et les propositions des experts vont continuer à être examinées, a-t-elle assuré. Le point de convergence, c'est la volonté de chacun de participer à l'élaboration d'un projet de territoire. Cela veut dire : se remettre autour de la table et voir les besoins en eau, le développement local, la place des associations, des consommateurs d'eau." "L'idée est de mettre en place un comité associant tous les usagers de l'eau, a poursuivi Ségolène Royal. Autour de l'usage de l'eau, une démarche démocratique de qualité doit être mise en place pour qu'il y ait une réappropriation par les habitants du territoire en fonction de la gestion de la ressource en eau". La ministre a aussi annoncé l'envoi sur place en fin de semaine prochaine de trois experts, un hydrologue, un agronome et un expert en biodiversité pour fournir un appui technique aux acteurs locaux. "Nous allons rentrer dans le vif du sujet du détail des différentes hypothèses du rapport, réajustement du volume du barrage actuel et amélioration des compensations environnementales, construction d'un ouvrage alternatif…", a-t-elle expliqué.
"L'idée, c'est de ne pas traîner, il faut qu'on puisse être au clair avant la fin de l'année sur les solutions alternatives, soit l'aménagement du barrage tel qu'il est, soit un ouvrage alternatif de retenue de substitution plus en aval de la rivière, a déclaré la ministre. Le choix sera fait pour que rapidement les travaux puissent reprendre dans le cadre d'un projet de territoire. Chacun a fait un pas pour participer à la réflexion de ce projet de territoire."
"On a ouvert une porte, mais elle est petite et à peine entrouverte", a réagi à la sortie de la réunion, Denez L'Hostis, président de France Nature Environnement, à laquelle appartenait le militant Rémi Fraisse tué lors d'affrontements entre forces de l'ordre et manifestants. La vice-présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a estimé "possible" de trouver une solution d'ici à la fin de l'année. "Bien sûr que c'est possible, on ne part pas de rien", a-t-elle réagi sur LCI. "Ce qui est sorti de la réunion ? Pas grand' chose, chacun est resté sur ses positions", a commenté Jean-Louis Cazaubon, président de la chambre régionale d'agriculture de Midi-Pyrénées. "Il y a une volonté de la ministre de rapprocher les points de vue. Il n'y a rien qui est tranché, ce sera très difficile, tout reste ouvert. C'est un verre à moitié vide ou un verre à moitié plein", a-t-il ajouté, évoquant une prochaine réunion dans le Tarn le 13 novembre avec les experts.

Anne Lenormand avec AFP

Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : Manuel Valls réaffirme "la détermination de l'Etat"
"La détermination de l'Etat à voir ce projet réalisé est intacte", a écrit Manuel Valls dans un courrier adressé au président de l'association "Des ailes pour l'Ouest", daté du 28 octobre mais rendu public mardi 4 novembre au soir, en pleine controverse autour du barrage de Sivens (Tarn). "Pour autant, et conformément aux engagements pris par le gouvernement, les travaux ne s'engageront qu'une fois les recours contre le projet jugés", a pris soin de préciser le Premier ministre.
Début septembre, cette association pro-aéroport avait adressé une lettre ouverte à Manuel Valls, co-signée par une douzaine d'acteurs économiques régionaux, démontrant selon son président, Alain Mustière, que le "transfert de l'aéroport de Nantes", situé en zone urbaine, vers Notre-Dame-des-Landes, à une quinzaine de kilomètres au nord de la ville, était jugé "indispensable". Elle lui demandait d'arrêter de "tergiverser sur ce transfert alors que les nouveaux recours des opposants ne sont pas suspensifs" et de "lancer rapidement les travaux". Initialement prévue en 2017, l'inauguration du futur aéroport, n'est désormais pas envisagée avant 2019 par les partisans du transfert. Des opposants au projet - 29 particuliers - ont rendez-vous ce 6 novembre au Conseil d'Etat pour tenter d'obtenir l'annulation d'un arrêté préfectoral ayant ouvert la voie à leur expropriation au profit de la Société Aéroports du Grand Ouest.
Manuel Valls a juste rappelé la "position constante du gouvernement", a déclaré son porte-parole, Stéphane Le Foll, à savoir que l'aéroport "devait se faire". "Il n'y a pas de surprise sur le fond. C'est exactement ce que Jean-Marc Ayrault a déjà dit. Mais cela veut tout de même dire que le gouvernement persiste à ne pas regarder le fond du dossier (...) et reçoit à Matignon l'association Des ailes pour l'Ouest alors que nous n'avons toujours pas été reçus au ministère de l'Ecologie, malgré la promesse de (l'ancien ministre) Philippe Martin", a déploré Françoise Verchère, présidente du Collectif des élus doutant de la pertinence de l'aéroport (Cédpa). "Les solutions pour la modernisation de l'aéroport existant de Nantes-Atlantique n'ont jamais été étudiées sereinement et sérieusement", a également regretté la Fondation Nicolas Hulot (FNH), qui a appelé le gouvernement "à tirer les leçons de Sivens" et à "étudier sérieusement les alternatives".  A.L. avec AFP