Archives

Environnement - Barrage contesté de Sivens : la suspension des travaux envisagée

Le sénateur socialiste Thierry Carcenac, qui préside le conseil général du Tarn,  a expliqué ce 29 octobre dans La Dépêche du Midi qu'il envisageait de "suspendre les travaux" sur le site du barrage contesté de Sivens, le temps d'une remise "à plat" du projet, après le décès sur place de Rémi Fraisse, manifestant de 21 ans, dans la nuit du 25 au 26 octobre, lors de violents affrontements entre opposants et forces de l'ordre. Thierry Carcenac a expliqué qu'il fallait à présent repenser "toute la politique de l'eau sur le bassin Adour Garonne". Mais pas question a priori d'abandonner le projet porté par le conseil général : il s'agirait seulement de l'"améliorer". "Il n'est pas possible que des gens violents imposent leur décision à tous les autres", a-t-il déclaré au journal Le Monde, en référence à une partie des manifestants venus "harceler" les forces de l'ordre.
Dans le même temps, la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, est sortie de son silence sur l'affaire pour annoncer qu'elle réunirait mardi 4 novembre, à Paris, "l'ensemble des parties prenantes" au dossier, citant notamment "les élus, techniciens et agences de l'eau". "Il faut que l'on trouve une solution qui justifie l'engagement des fonds publics et européens sur des ouvrages comme ceux-là", a-t-elle dit à la sortie du Conseil des ministres. "Mon rôle est de trouver des solutions. C'est la raison pour laquelle j'avais diligenté un rapport d'inspection, parce que je sentais que la tension était très vive depuis le mois de septembre", a souligné la ministre, qui assure qu'"il y a des solutions". "Tout mon travail, même si ce n'est pas sur la place publique, a consisté à trouver des solutions d'équilibre, de convergence, d'apaisement, techniques, qui permettent à la fois de sécuriser les agriculteurs et les équilibres environnementaux et écologiques dont j'ai la charge", a-t-elle ajouté. 
De son côté, le Premier ministre Manuel Valls a fait valoir ce mercredi matin sur RTL que c'était "au conseil général du Tarn, à ses élus" de décider du devenir des travaux et de tirer notamment les conséquences du rapport d'expertise qui avait été commandé il y a quelques semaines par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal". "Oui", le rapport est assez négatif, mais il "ne demande pas l'abandon, [il] demande un certain nombre de modifications, parce que ce type de projet est utile pour les agriculteurs, d'abord, mais aussi pour fournir l'eau aux habitants par exemple de la ville de Montauban", a-t-il poursuivi. "Tous les élus de gauche ou de droite sur la région, du Tarn, du Tarn-et-Garonne, de Midi-Pyrénées, les agriculteurs, je pense beaucoup d'habitants, sont favorables à ce type de projets, après il faut évidemment le redimensionner, il faut tirer les conséquences des préconisations des rapports, c'est aux élus de prendre ces décisions", a poursuivi le chef du gouvernement.
A Albi, les conseillers généraux doivent débattre vendredi 31 octobre des préconisations des deux experts mandatés par Ségolène Royal. Ces derniers ont conclu dans leur rapport rendu public le 27 octobre que le projet était surdimensionné, coûteux par rapport au volume d'eau stockée (8,4 millions d'euros d'investissement), et ont regretté que les "solutions alternatives" n'aient pas été réellement analysées. Le rapport a également évoqué "un risque financier important" si le dossier était maintenu en l'état. Pour autant, vu l'état d'avancement des travaux, les experts ont préconisé l'adaptation du projet plutôt que son arrêt.
Dans le Tarn, le collectif Testet, qui regroupe des associations opposées depuis 2011 au projet de barrage a appelé les conseillers généraux à "abandonner le projet dans sa version actuelle", plutôt que de prendre le risque de "faire de nouvelles victimes". Le collectif a accusé le conseil général, mais également le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll et l'ex-ministre de l'Écologie Philippe Martin (de juillet 2013 à mars 2014, ndlr) d'être déjà passés en force une première fois, en refusant d'écouter les analyses des opposants il y a un an. "Ils sont responsables de tout ce qui est arrivé depuis : un mort (dimanche), de nombreux blessés, un conflit ouvert au sein de la population locale, une trentaine d'hectares de zone humide et de forêt complètement défrichés", a-t-il écrit. Interrogé par l'AFP, le porte-parole de ce collectif, Ben Lefetey, a évoqué une responsabilité du Premier ministre, qui devant de jeunes agriculteurs en Gironde, avait dit le 6 septembre : "je sais l'importance de mobiliser la ressource en eau (...) c'est pour cela que nous avons tenu bon à Sivens. Les travaux de ce barrage vont enfin commencer". "On avait alors compris pourquoi il y avait un tel déploiement de gendarmes (pour encadrer le chantier, ndlr), une volonté délibérée d'écraser la résistance", a-t-il dit. Pour le collectif Testet, il est désormais temps de réunir tous les acteurs concernés, "pour travailler aux alternatives au projet de barrage de Sivens", y compris celles proposées par les opposants et les agriculteurs de la zone.

 

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis