Avenir montagnes : les élus sensibilisés au changement de modèle
Les élus lauréats du programme Avenir montagnes ingénierie ont été accueillis le 1er septembre par la secrétaire d’Etat chargée de la ruralité, Dominique Faure, pour une journée de sensibilisation aux évolutions climatiques et énergétiques. Point de départ d’un dispositif d’accompagnement qui va leur permettre d’échanger et de coconstruire leur stratégie territoriale.
Si la saison estivale a été bonne en montagne (voir notre article du 1er septembre 2022), celle-ci n’en a pas moins souffert de la chaleur, des incendies, du manque d’eau, sans parler de la sur-fréquentation de certains sites… Preuve que la réflexion sur l’avenir de la montagne ne se limite pas aux perspectives d’enneigement l’hiver. C’est tout l’enjeu du programme Avenir montagnes lancé au printemps 2021 par l’ancien Premier ministre Jean Castex, à Bourg-Saint-Maurice (voir notre article du 27 mai 2021), et qui entre à présent dans la phase active. La semaine dernière, les élus des 62 territoires lauréats du volet ingénierie de ce programme (Avenir montagnes ingénierie) ont été accueillis à Paris par Dominique Faure, secrétaire d'État chargée de la ruralité pour le lancement du parcours d'accompagnement. Une quarantaine de maires étaient présents, avec une forte proportion d’élus du Jura et du Massif central. A noter qu'une bonne part des lauréats ne sont pas des stations de ski.
En introduction, Dominique Faure a rappelé l’essence du programme Avenir montagnes qui poursuit un double objectif de "relance" (suite à la crise sanitaire et la fermeture des stations) et de "transition". "Cette relance doit intégrer les éléments du réchauffement climatique, la nécessaire évolution de l’offre et du modèle touristique, bref nous aider à inventer la montagne de demain", a-t-elle souligné.
A chacun de trouver son chemin
Sur un total de 650 millions d’euros (essentiellement en investissement, avec des cofinancements régionaux), le plan Avenir montagnes consacre 31 millions d’euros plus spécifiquement à l’ingénierie, dont 11 en provenance de la Banque des Territoires. Le programme permet ainsi de financer le recrutement de chefs de projets et de les former. Ces derniers ont déjà eu droit à leur propre journée de formation. Les lauréats bénéficient aussi d’une "offre de service" d’une vingtaine de partenaires et d’un "dispositif d’animation/inspiration". C’est dans ce cadre que s’inscrivait la rencontre du 1er septembre. L’enjeu : "Coconstruire, coopérer et se mettre en mouvement ensemble pour l’avenir des territoires de montagne", souligne l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), qui pilote le programme aux côtés de la Banque des Territoires. Cet accompagnement spécifique des élus a été confié à La Fabrique des Transitions en lien avec Transitions des Territoires de Montagne (2TM), association à l’origine des Etat généraux de la transition du tourisme de montagne l’an dernier. Ces deux organismes ont déjà beaucoup de recul sur l’adaptation des territoires au changement climatique. La Fabrique des transitions est en effet un groupement d’élus, de chefs d’entreprises, de chercheurs et autres, animés par "la conviction que les territoires sont des acteurs majeurs de la transition vers des sociétés durables"… Et par l’idée que le partage d’expériences est le meilleur moteur du changement. Elle est présidée par Jean-François Caron, maire de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais), lui-même ayant une longue expérience d’élu dans le domaine de la "résilience territoriale". Son message : il n’y a pas de solutions toutes faites, c’est à chaque territoire de trouver son chemin. "Nous mettrons tout en œuvre pour répondre à vos questions et à vos enjeux, et chercher à vos côtés des solutions cousues main", a ainsi déclaré à cette occasion Dominique Faure, reprenant l’antienne de l’ancienne ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault. La spécificité des territoires de montagne sera une des priorités de son mandat, a-t-elle assuré.
"On n'est pas dans l’invective"
Après une présentation "très sévère" (dixit un participant) des perspectives des ressources énergétiques de ces territoires, les élus ont pu échanger et participer à des ateliers. Point de départ d’un "parcours de formation" qui pourra être complété chez 10 territoires volontaires par un accompagnement de terrain. On retrouve l’idée de former un "club" d’élus, sur le modèle d’autres programmes de revitalisation, comme Petites villes de demain ou Action coeur de ville. "L'intérêt est qu’on n’est pas dans l’invective. Il est nécessaire de prendre en compte les territoires de montagne face au changement climatique, mais sans pointer du doigt tel ou tel acteur. Il faut au contraire écouter les arguments de chacun", insiste Eric Guilpart, expert montagne et tourisme à la Banque des Territoires. "S’agissant des stations de ski, on s’oppose souvent à des dénis de la part des acteurs économiques de la neige. Le processus d’acceptation que le modèle va changer n’est pas évident. Métabief, dans le Jura, a été l’une des premières. Dans d’autres, les élus commencent à comprendre." Mais ensuite, il faut savoir qui fait quoi et qui paye. D’où l’enjeu de la "coconstruction".